Ma #citationdujeudi est extraite du premier roman d'Anthony PASSERON : "Les Enfants endormis" aux éditions Globe.
Je vous en dis quelques mots :
Il y a cette famille d’artisans bouchers, de pères en fils, des gens connus de tout le village, des gens qui se tuent au travail. Alors, quand le fils aîné, Désiré, se destine à des études, un nouvel élan souffle sur la lignée. C’est le fils cadet qui, lui, sera soumis à la relève, lui n’aura pas le choix de son avenir professionnel. Mais avec les études, Désiré découvre la vie en ville. Il côtoie des jeunes qui n’ont que faire du modèle ancestral. Ce qu’ils veulent, eux, c’est vivre. Dès lors, ils repoussent les limites, bravent tous les dangers. Désiré lâche l’école. Direction Amsterdam. Quand il en reviendra, plus rien ne sera pareil. La drogue fait partie de sa vie, la drogue dure, l’héroïne. Il se pique, lui et ses amis de l’époque. Ils partagent les mêmes seringues, celles-là mêmes qui véhiculent le VIH. Mais le virus est à cette époque loin d’être maîtrisé. Ce ne sont que les balbutiements de la recherche médicale dans le domaine, le début d’un des plus grands combats scientifiques du XXème siècle.
Ce roman résonne profondément avec l'actualité. Peut-être avez-vous entendu parler du décès de Daniel DEFERT... cet homme ne vous dit peut-être rien. C'est pourtant lui qui est à l'origine de la création de l'association Aides.
Si nous avons beaucoup parlé d'un virus ces trois dernières années, il en était un autre dans les années 1980 qui décimait les 4 H. Il en faisait aussi des parias.
J'ai énormément appris avec ce roman parfaitement construit.
"Les Enfants endormis", c'est aussi une autre époque. L'auteur décrit la vie dans un village de campagne orchestré par les notables, les artisans faisaient partie des rouages du système. Alors, quand un fils tombe malade, sa femme et leur fille aussi, tout ce qui a été construit à mains nues s'écroule.
Ce roman, il est militant.
Il assure la mémoire de celles et ceux qui ont succombé. Ils étaient des hommes et des femmes, comme nous, et pourtant, ils sont décédés d'un virus pendant que les instituts de recherche menaient une autre guerre, celle de la notoriété, de l'argent. C'est abject. Plus jamais ça !
Il honore aussi Willy ROZENBAUM, infectiologue, qui a fait preuve d’une incroyable ténacité. S'il est passé à côté du Prix Nobel de Médecine en 2008, il trouve là un hommage vibrant qui vient couronner son combat.

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