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2022-12-29T07:00:00+01:00

En Compagnie des Indes de Catherine MALARD

Publié par Tlivres
En Compagnie des Indes de Catherine MALARD

Éditions du Petit Pavé

Ce roman, je l'avais dans ma bibliothèque depuis le 12 janvier 2022, cette soirée où Catherine MALARD changea de rôle, elle qui habituellement questionne les auteurs avec la complicité de Christine pour animer les soirées des Bouillons, là, elle était interrogée sur ses propres livres.

Vous comprendrez que je ne pouvais décemment pas laisser retentir le gong de la fin de l'année sans lui consacrer quelques heures et j'ai sacrément bien fait !

"En Compagnie des Indes" est son cinquième ouvrage.

La narratrice s'apprête à repartir en Inde. Il y a 40 ans, elle y réalisa un premier séjour, contre l'avis de son père, lui qui lisait à qui voulait l'entendre les récits de grands explorateurs sans avoir jamais quitté son garage de la banlieue nantaise. Elle s'envola avec Koweït Airways et le soutien de sa mère. Après une escale à Abou Dabi, direction Bombay, puis quelques mois plus tard, Poona. Elle se souvient avoir flâné dans les ruelles de la capitale, s'étonnant de tout ce qu'elle découvrait. Il y avait ces parfums qui saisissaient ses narines et puis, cette couleur jaune, celle du curcuma, qui s'imprégnait dans les ridules de ses doigts pour y laisser son empreinte à jamais.

Nous sommes en 2014 quand la narratrice reprend l'avion. Mais ce séjour dont elle nous livre un carnet de voyage éminemment sensoriel date en réalité des années 1970. Ce roman, c'est un condensé d'émotions aux saveurs subtiles, qu'il s'agisse des parfums des fleurs des jardins comme des épices et de la cuisine, je m'en suis délectée. 

Outre les parfums, ce sont aussi les couleurs qui sont partout présentes dans les descriptions de Cather MALARD. Et puis, cerise sur le gâteau, cette confrontation avec une langue nouvelle dès lors que vous posez le pied en terre étrangère. L'écrivaine se plaît à parsemer sa prose de mots indiens, histoire de faire résonner à nos oreilles leur musicalité si singulière.

Par la voix d'un personnage fictif, Sajiv, un Indien avec qui la narratrice va entretenir une relation amoureuse, l'écrivaine nous fait découvrir l'organisation de la société indienne, la hiérarchie des castes. Nulle part ailleurs le déterminisme social n'a été aussi fort.


J'imaginais Mrs Pawar extirpant d'une énorme caisse un dieu immense aux membres démontables, dont le bras droit, selon les lois imparables de la verticalité, orchestrait tranquillement la naissance heureuse d'un corps social. Un corps social fort bien pourvu et doté de rôles non réversibles. On nageait dans un monde idéal où chacun, sans barguigner, ne pouvait que se sentir à sa place. Mais au moins on vit en paix. C'est très simple. P. 73

Je reconnais bien là son trait d'humour !

Et pour lier les deux époques, rien de tel que la résurgence des souvenirs enfouis dans la mémoire qu'un parfum suffirait à débusquer...


L'hôtesse m'apporte un verre d'eau ; je ferme les yeux, aspire ce parfum de jasmin qu'elle traîne derrière elle. Il éveille en moi des fragrances entêtantes qui s'exhalaient du jardin de Sarasbagh sur lequel ma chambre ouvrait à Poona : alors, les contours flous de visages familiers se réveillent ; voici que s'animent ces gens croisés dans les villages, les marchés, sur les trottoirs des villes, sur les ghâts, là où de longs métrages de tissus sèchent au soleil brûlant. P. 16-17

Avec "En Compagnie des Indes", jeu de mots s'il vous plaît pour donner à son roman le cachet historique qui ne saurait lui manquer, je découvre la beauté de la plume de Catherine MALARD, des phrases un brin grandiloquentes mais tellement charmantes.

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