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2022-09-24T07:23:44+02:00

Entretien avec une artiste, Claude JUSTAMON

Publié par Tlivres
Le passager, création de Claude JUSTAMON

Le passager, création de Claude JUSTAMON

Il y a des rencontres qui s'imposent à vous.

Comme pour Jean-Luc MANIOULOUX, tout a commencé avec une promenade rue des Lices et la découverte d'une sculpture, "Plénitude", exposée à la Galerie In Arte Veritas, pour que, de fil en aiguille, j'ai l'envie d'échanger avec l'artiste, Claude JUSTAMON, qui a accepté de répondre à mes questions. 

 

Dans le panel des créations exposées, il en est une qui a retenu toute mon attention, c'est "Plénitude". Pouvez-vous nous dire ce qui a inspiré cette réalisation ?
Ma démarche consiste à exprimer un ou des états d’âme par une gestuelle, des formes, des lignes, des volumes. Comme son nom l’indique Plénitude exprime un état intérieur. Le but était donc de rendre visible, matériel, un sentiment qui ne l’est pas. Son enveloppe corporelle me semblait devoir être douce, toute en rondeurs dans une posture bien ancrée. C’est pour le moment la seule à avoir ces caractéristiques morphologiques.

Effectivement, à bien y regarder, cette sculpture "Plénitude" se distingue de vos autres oeuvres avec des corps plutôt androgynes. Pouvez-vous nous dire pourquoi vous appréciez de traiter le corps de cette manière ?

A vrai dire, mon but n’est pas d’exprimer, de représenter ou d’explorer les multiples caractéristiques de la féminité ou de la virilité. Ce qui m’importe, bien plus que les différences, ce sont les similitudes, ce qui pourrait être humainement universel au-delà des cultures, au-delà des genres, au-delà des différentes caractéristiques raciales ou religieuses à plus forte raison. Mes personnages sont androgynes mais leur physionomie rassemble aussi une pluralité de caractères qui brouille et efface leur provenance géographique. Peu d’éléments nous renseignent sur leur individualité.

Les personnages sculptés m'inspirent une certaine sérénité, les yeux fermés, les visages apaisés. Ils me font penser à des postures de méditation, est-ce que je me trompe ?

Disons que leur regard est souvent tourné vers l’intérieur sans qu’ils soient déconnectés du monde qui les entoure. Tous n’ont pas les yeux fermés mais c’est vrai que c’est souvent le cas. Pour moi, ils portent avec recul une réflexion sur le comportement humain, la possibilité d’une autre forme de pensée, une autre forme de cohabitation avec ce qui nous entoure, d’autres possibles . L’un de mes premiers bronzes s’appelait d’ailleurs L’Univers des possibles.

Vos sculptures sont toutes, je crois, en bronze patiné. Pouvez-vous nous expliquer la relation que vous entretenez spécifiquement au matériau et comment vous avez l'habitude de le travailler ?

En réalité, mon matériau est la terre. C’est celui que je modèle. Les pièces originales de mes bronzes sont en terre cuite. Le bronze est une reproduction noble et pérenne des originaux. Chaque exemplaire est numéroté et un certificat d’origine de la fonderie l’accompagne.

Je confie mes pièces originales à la Fonderie Barthélémy pour l’édition des bronzes réalisés avec la technique de la cire perdue. C’est un long processus . J’interviens à la fonderie au niveau des retouches sur les cires et les finitions sur le métal avant la patine. C’est une collaboration très enrichissante, un univers tout particulier, des compétences ajoutées.

Deux couleurs ressortent de la collection exposée, le gris (très majoritaire) et le bleu (pour lequel j'avoue avoir un petit faible), pourquoi ?

Le clair pour la douceur, à base de cuivre qui va se patiner, évoluer dans le temps en fonction des conditions dans lesquelles il sera exposé, personnalisant ainsi chaque exemplaire. Je trouve que cette patine donne une bonne lecture des expressions du visage

Le bleu pour plus de force, plus stable aussi dans le temps et en extérieur.

Parlez-nous de ce bleu... il est unique, non ?

Ce bleu est réalisé à base de cobalt et plus ou moins intense. Il est la couleur de la mer et du ciel, de l’infini...

Vos sculptures révèlent des personnages en entier. Est-ce caractéristique de votre production ?

Pas totalement car je réalise aussi des visages. Mais je pense que le corps révèle certaines choses que le visage seul ne suffit pas à exprimer.

Quand on danse, chaque parcelle de notre corps est porteur d’une émotion que la gestuelle procure ou illustre, de la tête aux pieds.

Il s'agit aussi de sculptures autour desquelles le visiteur peut tourner. J'imagine qu'il s'agit de créations exigeantes, toutes les faces devant être soignées avec la même qualité. Est-ce là aussi caractéristique de votre travail ?

Oui, bien sûr. Le travail en 3 dimensions est le propre de la sculpture. Le tout doit être cohérent. Mais c’est un parti pris et chacun est libre de représenter ce qu’il ressent comme il l’entend. Cela pourrait aussi bien être parfaitement déstructuré. Ce n’est pas mon propos.

Vous créez dans un atelier qui vous est propre ou bien que vous partagez avec d'autres artistes ?
Je travaille dans mon atelier, chez moi. J’ai participé par le passé à des ateliers collectifs. C’était très agréable mais la démarche n’est pas la même.  

Parlez-nous un peu de votre itinéraire... Quand avez-vous commencé à sculpter ? Quelle formation avez-vous suivi ?

J’ai commencé le modelage de la terre par la céramique Raku qui est une technique ancestrale japonaise liée à la philosophie zen, faisant appel aux principes du Wabi Sabi. J’ai gardé ces principes que j’ai appliqué à mon travail de sculpture ce qui explique le dénuement, la simplicité dans laquelle se trouvent mes personnages.

 

Merci infiniment, Claude JUSTAMON, de m'avoir consacré de votre temps précieux. Je crois que vous êtes peu présente sur les réseaux sociaux et internet en général. Ce cadeau m'est d'autant plus cher. J'espère qu'il permettra à d'autres que moi de découvrir votre registre artistique empreint d'un profond humanisme. MERCI.

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