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2022-03-04T07:10:42+01:00

La fille de la grêle de Delphine SAUBABER

Publié par Tlivres
La fille de la grêle de Delphine SAUBABER

Vous savez comme j’aime lire des premiers romans, parfois guidée par les 68 Premières fois, parfois seule à sortir des sentiers battus, à tendre vers l’inconnu. C’est ainsi que j’ai découvert la plume de Delphine SAUBABER. Je me suis délectée de « La fille de la grêle » publié chez Lattès.

 

Marie a 80 ans. C’est décidé. Pour elle, il n’y aura pas une année de plus. Elle est une vieille femme et n’a d’autre espoir que de partir pour renaître. Avant de tout quitter, elle écrit à fille, Adèle, elle-même mère d’un petit Raphaël. Elle lui dévoile son enfance à la ferme des Glycines, élevée par des paysans dont le seul dessein de toute une vie reposait dans le labeur, acharnés qu’ils étaient à se confronter chaque jour aux aléas de Dame Nature. Et puis, il y a eu un frère, Jean, né deux ans après elle, un enfant différent, un enfant sourd, diagnostiqué tard. Avec elle qui perdait son temps à lire des livres et lui qui ne comprenait rien, Joseph et Madeleine n’étaient pas aidés ! 

 

Ce premier roman, c’est une lecture coup de poing, un livre qui résonne d’une puissante justesse avec la vie d’agriculteurs qui pourraient avoir 80 ans aujourd’hui.

 

Il y a ce rapport au travail, jour et nuit, ils ne font qu’un avec leur vie professionnelle. Leur maison même est nichée au cœur des bâtiments de la ferme, impossible de ne pas se lever le matin sans s’y consacrer. Cette vie-là a ses codes, ses références, son univers, ses exigences, dont les loisirs et les vacances sont exclus, à moins que ça ne soit les hommes !

 


Mes parents n’avaient pas le même rapport au désir - ce mot de toute façon imprononçable, ou alors à voix basse. P. 91/92

Ils se nourrissent des fruits de leur terre, d’un bouillon de légumes qu’ils égaient de quelques vermicelles ! Il y a ces flashs tellement vrais, tellement humains. Delphine SAUBABER honore le monde paysan, pauvre et précaire, dans une société où la rupture entre les CSP est fracassante. 


Avec quelle liberté, quelle légèreté les riches parlaient, vivaient, devisaient sur l’état du monde, se moquaient, étaient ce qu’ils étaient ! P. 91

Et puis, il y a le rapport au handicap, un enfant né dans un monde qui n’a pas de temps à lui consacrer, des gens qui sont éloignés et ignorent les services de santé, une mère désarmée quand un père laisse sa colère s’exprimer. Là, la force de la fratrie m’a bouleversée, l’immense amour qu’offre cette sœur à son frère est profondément émouvante.

 

Dans le registre des émotions, il y a aussi le parcours de Marie, devenue grande, devenue mère. Là, c’est une longue confession. Au fil des mots, elle délivre ce qu’elle avait caché, les secrets d’une vie, les sacrifices, les erreurs aussi, et demande à sa fille de lui pardonner.


Alors la seule chose que je demande est que l’on respecte, que tu respectes, mon dernier acte de liberté. Qui sera sans doute le seul de toute ma vie. P. 177

J’ai été touchée par ce qui pourrait être, un jour, légalisé en France, le suicide assisté pour les personnes âgées, celles dont la vie a été longue et qui redoutent l’année de trop qui leur fera perdre la raison. Ce premier roman aide à avancer dans ses réflexions personnelles sur le sujet. 

 

A méditer aussi pour notre rapport à la nature. Là, elle est décrite dans son éblouissante beauté, mais aussi ses grandes colères. Si nous avions cru, nous les hommes modernes, pouvoir un jour la maîtriser, il n’en est rien !

 

La plume de Delphine SAUBABER oscille entre la poésie d’une formidable lettre d’amour d’une mère à sa fille et la justesse d’un foudroyant manifeste.

 

Ce premier roman, ce ne sont que quelques 200 pages, et pourtant il m’en reste encore tant à dire !

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