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2021-11-16T07:00:00+01:00

S'adapter de Clara DUPONT-MONOD

Publié par Tlivres
S'adapter de Clara DUPONT-MONOD

Stock éditions

La plume de Clara DUPONT-MONOD, je l'ai découverte très récemment avec un roman historique, "Le roi disait que j'étais diable" qui relate une partie de la vie d'Aliénor d'Aquitaine.

Là, changement de registre, son tout dernier roman couronné des Prix Landerneau et Fémina 2021, est autobiographique.

Il était une fois... c'est avec cette formule que commencent habituellement les contes de fées. Si la phrase n'est jamais prononcée dans le roman de Clara DUPONT-MONOD, c'est pourtant bien dans ce registre littéraire que l'autrice va nous plonger le temps d'une lecture.

Prêtant sa voix à des pierres cévenoles, l'occasion de personnifier Dame Nature qui occupe là une très grande place, Clara DUPONT-MONOD nous livre l'histoire d'une famille qui, après l'aîné et la cadette, voit naître un enfant différent, un enfant condamné à rester allongé et dont l'espérance de vie est comptée. Dans un cocon familial protégé, sous le regard attendri d'un grand frère attentionné et à distance d'une grande soeur révoltée, il se laisse porter. 

Cette fratrie, elle se bat avec ses armes. Dans une narration en trois parties, chacune dédiée à l'un des autres enfants de la famille, il y a cette manière d'aborder le handicap, de le vivre au quotidien, de "S'adapter" toujours, tous les jours. Clara DUPONT-MONOD nous offre un regard croisé.

J'ai beaucoup aimé ce roman pour l'éveil des sens. Il y a de magnifiques passages sur la fusion de l'aîné avec son frère handicapé, tout accaparé à le faire vibrer...


« Il ouvrait doucement les petites mains toujours fermées pour les poser sur une matière. Du collège, il rapporta de la feutrine. De la montagne, des petites branches de chêne vert. » P. 33

Tout est en réalité affaire de communication. Il y a celle des hommes avec la nature, la fusion avec les éléments, tout particulièrement en montagne. Il y a celle établie entre les enfants, il y a celle des religieuses de la structure qui accueillent l’enfant différent…


Des années plus tard, il comprendrait que ces femmes, elles aussi, étaient arrivées à un niveau inouï d’infralangage, capables d’échanger sans mots ni gestes. P. 51

Mais là où la littérature fait son oeuvre, c'est quand elle magnifie la relation du petit dernier avec un être, un brin fantomatique. Je ne vous en dis pas plus, juste que cette partie est écrite tout en beauté et montre le talent de l'écrivaine.

Au fil de ma lecture, je me suis interrogée sur l'usage de noms communs pour désigner les personnages du livre. Il y a l'aîné, la cadette, le dernier. Cette question me taraude d'autant plus que je sors de la lecture du roman de Jean-Baptiste DEL AMO "Le fils de l'homme", salué par le Prix Fnac 2021, qui lui aussi emprunte ce vocabulaire pour désigner les membres de la famille, un peu comme si leur statut les enfermait dans un rôle singulier.

Pour ce roman qui relève d'une promesse faite par Clara DUPONT-MONOD, je me prends à penser qu'il s'agit là d'un moyen offert par le jeu de l'écriture pour se détacher d'une certaine forme de réalité trop lourde à porter, l'opportunité d'un pas de côté pour mieux... se « réparer ». Engagement tenu, qu'elle en soit félicitée.

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