Cette publication a une saveur toute particulière. Nous sommes le 21 novembre, et aujourd'hui, celle qui se reconnaîtra a 30 ans. C'est elle qui m'a mise sur la voie de ce livre, tout un symbole quand on sait qu'il a été publié en février 1992, un peu plus de 2 mois après sa naissance.
Et puis, parce qu'il n'y a pas de hasard dans la vie, je publie mon 2 000ème post sur Instagram, autant dire que j'ai mis du coeur à le soigner.
Alors, j'ai choisi "La cause des femmes" de Gisèle HALIMI chez Folio.
Nous sommes en avril 1971, Gisèle HALIMI signe le Manifeste des 343, rédigé par Simone DE BEAUVOIR et publié dans Le Nouvel Observateur. 343 femmes publiques déclarent avoir avorté. Elles s'exposent, à l'époque, à des poursuites pénales, voire à des peines d'emprisonnement.
Le Manifeste est une première étape, une façon d'engager le combat en faveur de l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG).
Quelques mois après, Gisèle HALIMI, avocate à la Cour d'Appel de Paris, et Simone DE BEAUVOIR, créent le mouvement "Choisir la cause des femmes", un mouvement féministe qui va organiser les manifestations.
Il faudra toutefois attendre le procès de Marie-Claire en 1972 pour que l'opinion publique adhère à la cause.
Dès lors, les revendications s'amplifient jusqu'à l'adoption, quatre ans plus tard, de la loi Veil, dépénalisant l'avortement en France.
Que la faiblesse devient force quand naît la conscience. P. 3
Mais Gisèle HALIMI ne saurait se contenter de cette première liberté accordée aux femmes de disposer de leur corps.
Dans le domaine de l'égalité femmes/hommes, tout reste à construire.
Les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent exactement une idéologie, une mentalité, un état d’esprit. Laisser passer un mot c’est le tolérer. P. 65
Si elle puise dans son éducation l'inspiration d'un mouvement plus large en faveur du droit des femmes, elle ne cache pas la révolte qui l'anime et qui représente un véritable trait de caractère, une certaine forme de personnalité. Elle est née en 1927 en Tunisie. Elle ne cache pas que son itinéraire a été marqué dès sa plus tendre enfance par la revendication d'une place dans la fratrie et au sein de sa famille, un formidable tremplin pour les combats qu'elle mènera ensuite.
Ce récit de vie est publié en février 1992, il va bientôt voir 30 ans.
Vous pourriez imaginer qu'il est dépassé, il n'en est rien. Il revient sur les fondamentaux :
Être soi-même, c’est rejeter le stéréotype, c’est refuser la relativité à l’image « mâle », celle que la société nous renvoie. P. 215
Vous pourriez penser que le féminisme d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celui de cette période, Gisèle HALIMI vous convaincrait peut-être de l'opposé :
Je crois au contraire que les acquis ne l'étant jamais définitivement (surtout ceux des femmes), les batailles continuent, s'entremêlent et se prolongent l'une l'autre. Que le devoir de vigilance des femmes pour le passé fait la courte échelle aux espaces nouveaux à conquérir, demain. P. XXXIII
à moins que ça ne soit les études sociologiques réalisées en 2020 lors du confinement prouvant le retour de nombreuses femmes aux seules tâches domestiques, comme si leur condition y était inlassablement liée,
ou bien encore la journée internationale du 25 novembre pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes...
Si Gisèle HALIMI avait choisi cette citation de Simone DE BEAUVOIR pour commencer son récit : "On ne naît pas femme, on le devient...", je retiendrai personnellement celle-ci pour l'achever : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant."
Ce récit est éclairant sur l'Histoire. Il est aussi inspirant pour l'avenir. Quel plus beau cadeau pour tes 30 ans !
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