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2021-06-29T06:00:00+02:00

Baisers de collection de Annabelle COMBES

Publié par Tlivres
Baisers de collection de Annabelle COMBES

Les éditions Editions Héloïse d’Ormesson me fascinent, elles me font vibrer et j'adore ça !

Jean, le narrateur, est auteur de polars. Après 11 romans, il vit la panne d’inspiration. Sullivan, son éditeur, le sollicite mais il est stérile, un peu à l’image de sa femme, Tosca, dans un autre registre. Tosca vient de le quitter après 10 ans de mariage. Artiste aussi, elle est photographe. Depuis plusieurs années, les tentatives d’avoir un enfant se sont soldées par une fausse couche. Jade, Philémon et Cassandre s’en sont allés. Tosca n’en peut plus de ce couple. Elle a besoin de prendre le large. Elle s’envole pour Catane, elle voulait le sud, il restait des places. C’est dans l’avion qu’elle rencontre Ferdinand, un vieux monsieur qui lui propose une destination improbable, Modica Bassa en Sicile. Jean, lui, aussi fait ses valises. Il a une idée. Il pourrait écrire sur les baisers, les collectionner. Pour se mettre en condition, il repart à Saint-Lunaire, là où il a embrassé la première fille de sa vie. Il avait 17 ans. Il était serveur aux Deux Sardines. Elle s’appelait Livia. Nul sait où ces destinations mèneront Jean et Tosca. Peut-être y trouveront ils la voie d’une re-naissance…

Dans les romans, j’aime vivre un instant de rupture, le moment où le champ des possibles s’ouvre. Avec Annabelle COMBES, vous n’attendrez pas très longtemps pour découvrir la séparation de deux êtres qui s’aiment mais qui semblent au bout de quelque chose. Ils ont besoin d’un nouveau départ, d’un rebond. Chacun va trouver, non pas un mentor mais plutôt un guide, Tosca dans la personne de Ferdinand et Jean dans celle d’Ezéchias. Il y a quelque chose de très beau dans les relations nourries, de la tendresse, de la délicatesse, de l’attention.

Et puis, il y a pour tous les deux l’art comme un tremplin vers des émotions. Annabelle COMBES écrit des pages sublimes sur la puissance de l’art sur les êtres, cette capacité à permettre à chacun d’aller toujours plus loin, toujours plus haut...


Et en chacun, il y avait ce besoin identique de cohérence, de structuration dans l’acte créatif : s’appuyer sur l’art pour évacuer des peurs, ses failles, les utiliser, les articuler, les faire disparaître, les retrouver à nouveau à don corps défendant, les extirper par la traque d’une démesure : tenir sa ligne d’exploration, n’offrir que ce qui était abouti et transcendant. P. 179

Pour Jean c’est l’écriture et ce projet, un roman inspiré des baisers. 


On pourrait discourir sur tous les types de baisers. En vain. Le baiser est un art à lui tout seul. Savoir le donner, savoir le recevoir, savoir l’oublier, l’imposer, savoir l’inventer, le détester, l’amplifier, le graver, le détruire. P. 347

Annabelle COMBES va ponctuer les réflexions de Jean par l'insertion d'oeuvres d'artistes inspirées du baiser :

Idylle de PICABIA 1927
Le baiser de Néfertiti à sa fille
Le Baiser - Un homme et son enfant dd Honoré DAUMIER
Psyché ranimée par le baiser de l’Amour de Antonio CANOVA
La tempête (ou La Fiancée du vent) de Oskar KOKOSCHKA
L’Anniversaire de CHAGALL

Il y a différents disciplines artistiques, des toiles et une sculpture, différentes époques, l’une date de 3000 ans quand d’autres s’égrènent au fil des 300 dernières années, différentes nationalités aussi, française, italienne, russe, autrichienne… il souffle comme un brin d’universalité sur le sujet !

Pour Tosca, c'est la photographie. Avec elle, Annabelle COMBES nous invite à naviguer entre ombre et lumière. Le travail artistique de Tosca est largement inspiré des créations de Lucien CLERGUE.

Avec les deux personnages, Jean et Tosca, l'écrivaine décrit la puissance de l'enfantement créatif, sans oublier la beauté des sentiments. Si chacun vit dans la bulle de sa discipline, il n'en demeure pas moins que les personnages sont empreints d'humanité et de sensibilité. J'en frissonne rien que de les évoquer.


Je dis seulement qu’un des remèdes pour alléger la désolation dans une existence où les paillettes se débinent, c’est d’aller les chercher là où elles sont, tout en haut ! P. 172-173

Ce livre est original à plus d'un titre.
 
Annabelle COMBES, à l’image de Jean, son personnage de fiction, fait un pas de côté pour s’affranchir du cadre habituel. De là à dire que Héloïse d’Ormesson pourrait être Sullivan, il n’y a qu’un pas que je ne m’autoriserai pas à franchir… quoique !!!
 
Les mots sont orchestrés dans une partition plurielle, tantôt dans des paragraphes encadrés de marges régulières, un texte « justifié » pour la trame du roman, tantôt dans des phrases courtes composant des courbes comme autant de mouvements de l’âmes, là sont les poèmes, sublimant la prose, en version longue ou bien en haïkus. J’aurais pu en citer beaucoup, je choisis de partager celui-là :
 
"Sur le chevalet,
La lune en éteignoir
éclaire mes derniers mots."
 
Le tout est ponctué de respirations facilement repérables avec leur police de caractères singulière pour citer les œuvres d’art comme autant de preuves de ce qu’inspire un baiser. 
 
Ce roman, c’est un jubilé d’infinis servi par une plume d'une grâce prodigieuse. Je ne connaissais pas encore le talent d'Annabelle COMBES, merci aux Editions Héloïse d’Ormesson de m'avoir mise sur sa voie !
 
A bien y regarder, « T Livres ? T Arts ? » aussi collectionne les baisers, l’occasion d’un petit clin d’oeil à des artistes contemporains qui s’en sont inspirés :
 
 
Et le tout dernier découvert il y a un mois, offert à mon amoureux...
 
 
Mais la boucle ne serait pas bouclée sans quelques notes de musique, Alain SOUCHON aussi chante « Le baiser ». C’est tellement bon !

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