Depuis le #GrandPrixdesLectricesElle 2019, j'ai pris régulièrement l'habitude de lire des romans policiers et j'avoue que ce registre me plaît beaucoup. C'est d'autant plus vrai quand ils me permettent de découvrir des maisons d'éditions, à commencer par Slatkine et Cie.
Vous vous souvenez peut-être de mon premier coup de coeur de l'année, "Le Stradivarius de Goebbels" de Yoan IACONO. C'était un roman de cette maison. Je poursuis donc aujourd'hui avec "Vert samba" de Charles AUBERT, l'occasion de découvrir aussi l'auteur.
Niels Hogan, le narrateur, a quitté son job de directeur commercial à Paris pour se lancer dans la fabrication de leurres pour la pêche dans le sud de la France. Il découvre les plaisirs d'une cabane implantée au bord d'une lagune, l'étang de Thau. C'est là qu'il s'offre quelques petits plaisirs, comme la préparation du thé dans les règles de l'art. C'est là aussi qu'il redécouvre les plaisirs de l'amour. Il a rencontré Lizzie, journaliste d'investigation et associée avec Vincent dans le cadre du Cormoran Inquirer, une femme qui l'émerveille. Mais depuis quelques temps, les choses ne tournent plus tout à fait rond. Son père montre quelques fragilités, le laissant à penser à la maladie d'Alzheimer. Niels est inquiet. Et puis, il y a la découverte du cadavre d'un ostréiculteur, la mort de cet homme dans des conditions mystérieuses trouble les relations avec Nora, la Directrice d'un établissement pour travailleurs handicapés. En tirant le fil, Lizzie embarque Niels dans son enquête, menée parallèlement à celle de la police, pilotée par Malkovitch, et c'est bientôt toute la pelote qui vient, mais là, danger !
Ce roman policier est une réussite.
D'abord, parce que l'intrigue est parfaitement menée. Jusqu'à la fin du livre, je suis restée suspendue aux indices savamment distribués par Charles AUBERT.
Et puis, il y a les personnages, des êtres que l'on a tout de suite envie d'aimer, des hommes et des femmes, bons, semble-t-il, des êtres attachants, quoi !
Mais encore, ce roman est un véritable jeu de dominos, à chaque pièce son décor, son histoire, ses secrets.
Il y a le monde des gitans, excusez moi, des manouches. Si une allusion est faite au proverbe "N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures", souvenez-vous, Paola PIGANI en a fait un livre. Là, Charles AUBERT en profite pour concourir à la mémoire d'un boxeur, Johann RUKELI TROLLMAN dont le combat gagné en 1933 en Allemagne a dû être rejoué au motif qu'il exerçait une pratique sportive de dégénéré. L'homme s'était présenté, fariné de blanc un pied de nez aux critères de la race aryenne. Sur le ring, il s'était collé les bras au corps et avait encaissé les coups jusqu'au K.O., un acte incroyable de résistance au régime nazi qui malheureusement, aura raison de lui quelques années plus tard.
Il y a celui de l'ESAT (Etablissement et Service d'Aide par le Travail) avec un être tout à fait EXTRAordinaire. Il porte le prénom de Tao et un fardeau lourd sur ses tendres épaules. Il souffre de prosopagnosie, cette pathologie qui vous empêche de reconnaître les visages. Il y a des passages d'une profonde tendresse.
Le tout servi par une plume haletante, empreinte d'une formidable douceur.
Si j'ai aimé la découverte de la cérémonie du thé, j'ai aussi beaucoup apprécié de m'initier à l'art japonais du Kintsugi, cette façon de réparer la porcelaine en soulignant d'or les fêlures et les ébréchures, original, non ?
Et puis, en guise d'introduction pour chacun des chapitres, un haïku. Ils sont tous très beaux mais j'avoue que j'ai un faible pour celui-ci :
"Que mon visage
Qui a vu les fleurs de cerisier
Soit frappé par l'obscurité"
de Fura MAEDA
Que c'est délicat !
Vert samba est un excellent roman policier. Je vous le conseille absolument.

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