Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2021-03-13T10:38:25+01:00

Les orageuses de Marcia BURNIER

Publié par Tlivres
Les orageuses de Marcia BURNIER

Place à la 7ème danse de l'édition 2021 du bal des 68 Premières fois.

Après trois morceaux de hard rock, changement de tempo. Attention à toutefois ne pas baisser la garde. Le #premierroman de Marcia BURNIER chez Cambourakis éditions : "Les orageuses", est violent !

Il était une fois... on pourrait croire au conte de fées mais vous allez voir que l’on en est bien loin, à moins que la vengeance et la réparation ne soient un brin fabuleuses. 
 
Il était une fois, donc, un gang de filles, toutes des meufs violées, des filles dont les corps n'en font qu'à leur tête. Comment être bien dans sa peau quand vous avez été contraintes, souillées, pénétrées par des membres abjects ? Mia, Lucie, Leo, Lila, Inès... sont autant de femmes que la colère anime. Pourquoi la violence serait l’apanage des hommes ? Franchement, quelle question !  Ces femmes qui se ressemblent, donc, décident de faire communauté avec un objectif : se faire justice soi-même puisqu'elles ne peuvent compter sur les institutions pour leur rendre leur du. Et si elles réglaient d'abord leurs comptes avec leurs assaillants, leurs prédateurs ?
 
Vous l’aurez compris, le ton est ironique, un brin sarcastique.
 
Les violences faites aux femmes font l’actualité, dans les médias comme en littérature, au risque de banaliser un phénomène dont la gravité est sans bornes. Peut-être vous dites-vous d'ailleurs que ce roman est de trop et pourtant, il mérite que l’on s’y attarde, je vous assure.
 
Ce livre se structure autour d’un scénario burlesque, une manière de tourner en dérision tout ce qui agresse les femmes. Il m'a fait penser à "Une joie féroce" de Sorg CHALANDON. Marcia BURNIER a ce talent de vous surprendre, vous faire emprunter une voie que vous n'aviez pas imaginée.
 
Ce roman écrit par la co-fondatrice du zine littéraire féministe It’s Been Lovely but I have to scream Now est un propos militant, une manière de dénoncer la société dans tout ce qu’elle a de plus pervers.
 
J’ai été profondément touchée par la résonance du viol dans la chair et l’esprit de toutes ces femmes. L’approche du corps est d’une incroyable sensibilité.


À nouveau, elle avait pensé que son corps se dérobait. Elle avait mal quand elle se levait, elle avait l’impression d’être constamment recouverte de mille coupures à peine cicatrisées. P. 39

Il ne faut pas plus de cent quarante deux pages pour Marcia BURNIER pour vous embarquer. Je me suis surprise à rêver de descendre dans la rue, moi aussi, pour manifester, voire plus, regarder la face béate de ces hommes surpris du pouvoir des femmes. Tiens, ils ne l'avaient pas imaginé dans cette forme, les femmes n'ont plus d'ailleurs. Peut-être une affaire d'éducation...


Personne n’apprend aux filles le bonheur de la revanche, la joie des représailles bien faites, personne ne leur dit que rendre les coups peut faire fourmiller le cœur, qu’on ne tend pas l’autre joue aux violeurs, que le pardon n’a rien à voir avec la guérison. P. 101

Il y a des passages magnifiques sur l'art du tatouage et ce pourquoi certaines femmes s'y adonnent jusqu'à couvrir des pans entiers de leur corps, une certaine forme de rédemption.

Personnellement, je ne l'avais jamais abordé de cette manière, le propos est éclairant. Plus jamais je ne porterai le même regard sur les peintures réalisées sur le corps !


L’encre, c’était un peu comme des vêtements qui restaient, une armure, une mise à distance des autres. Au lieu de regarder le corps, les autres regardaient les tatouages, et Lucie avait arrêté de rentrer le ventre. P. 130

Quant au harcèlement de rue qui pourrait paraître bagatelle à certains, je crois que je ne pourrais plus le supporter. Il suffit de voir décrite la peur des femmes pour s'en convaincre...


Elle peste contre cette angoisse qui débarque quand la nuit tombe, quand elle recouvre tout, qu’elle rend les coins plus sombres et ses pas plus bruyants, les hommes menaçants et ses cris inaudibles. P. 12

La plume est belle, l’objet dérangeant.
 
La première de couverture est une œuvre d’art, vraiment. C'est la création de Marianne ACQUA, je vous invite à aller visiter son compte Instagram.
 
C’est avec des romans comme ceux-là que la société changera, j'en suis certaine. Marcia BURNIER donne la parole à des invisibles, elle se fait le relais des "sorcières", ces personnages des contes de fées réhabilités par les féministes dans les années 1970, tiens, le conte de fée, on n'en était pas si éloigné.e.s finalement, et puis avec les 68, tout peut arriver, non ? 
 
Souvenez-vous des autres romans de cette sélection 2021 :

"Ce qu'il faut de nuit" de Laurent PETITMANGIN

"Nos corps étrangers" de Carine JOAQUIM

"Avant elleJohanna KRAWCZYK

"Le premier Homme" de Raphaël ALIX

"Tant qu'il reste des îles" de Martin DUMONT

"Les coeurs inquiets" de Lucie PAYE

Maintenant, musique !

Voir les commentaires

commentaires

Girl Gift Template by Ipietoon Blogger Template | Gift Idea - Hébergé par Overblog