Nous sommes aujourd'hui le 4 février, c'est l'anniversaire de la naissance de Jacques PREVERT, cet artiste éclectique du XXème siècle.
J'ai profité du cycle de "La Compagnie des Oeuvres" diffusé en ce début d'année sur France Culture pour revisiter sa vie et son oeuvre.
Jacques PREVERT est né en 1900. Il aime profondément sa mère et visite les pauvres avec son père. C'est peut-être de cette expérience que l'artiste, toute sa vie durant, restera attentionné aux petites gens, les gens de la rue, les gens ordinaires. Il les préfère aux intellectuels imbus de leur personne, ceux qui brillent dans les salons. Il fréquente un temps les surréalistes mais s'en sépare quand ils adhèrent au parti communiste. Lui, est homme de liberté. Pour rien au monde, il n'accepte d'être encarté. Et s'il prête sa plume au groupe Octobre, ce théâtre de rue d'agit-prop qui donne de la voie aux opprimés, on se souvient des ouvriers de Citroën en grève en 1933 auquel le poète apportera son soutien, Jacques PREVERT souhaite rester indépendant.
Il n'en est pas moins engagé. Pendant la seconde guerre mondiale, il cache des amis artistes. Il disait lui-même avoir échappé au train de DESNOS alors que tout l'y conduisait.
Les textes de Jacques PREVERT sont diffusés sur des tracts, ils le sont aussi dans des recueils comme "Paroles", ils sont encore interprétés par ses amis, à la guitare d'abord par Henri CROLLA, et puis en chanson par Yves MONTAND, Juliette GRECO ou encore les Frères Jacques.
Jacques PREVERT a une imagination débordante. Son ami Picasso dit de lui : "Tu ne sais pas peindre mais tu es peintre". Il se met au collage et associe des images qui selon lui, n'attendais que d'être assemblées, à l'image de ce métro parisien dans lequel il glisse des personnages de la renaissance comme voyageurs.
L'artiste avait des amis de longue date, ceux-là mêmes qui portèrent son cercueil en avril 1977 sans recourir aux services funéraires. Jacques PREVERT était anticlérical.
Parmi les nombreux textes que j'aurais pu retenir aujourd'hui, j'ai choisi "Le cancre", je le trouve beau (souvenez-vous, Jacques PREVERT écrivait des contes pour les enfants PAS sages !) :
Il dit non avec la tête
mais il dit oui avec le coeur
il dit oui à ce qu'il aime
il dit non au professeur
il est debout
on le questionne
et tous les problèmes sont posés
soudain le fou rire le prend
et il efface tout
les chiffres et les mots
les dates et les noms
les phrases et les pièges
et malgré les menaces du maître
sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur
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