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2021-02-23T07:00:00+01:00

Babylift de Marie BARDET

Publié par Tlivres
Babylift de Marie BARDET

Éditions Emmanuelle COLLAS

Parce que la littérature a ce pouvoir de nous faire voyager, je vous propose de vous envoler pour Saigon, aujourd’hui appelée Hô Chi Minh Ville.

Nous sommes le 4 avril 1975. Nous venons de prendre le vol du Galaxy C-5A avec, à bord, des Bénévoles de l’agence Friends For All Children et plus de 200 enfants, des orphelins amérasiens, des bébés de soldats américains et de femmes vietnamiennes. C’est le premier vol d’un pont aérien à l’initiative des Etats-Unis, Gérald FORD est alors Président. Dès l’envol, quelque chose d’étrange se produit. La porte de soute a été arrachée. L’avion fait demi-tour. Il s’écrase. Sean et May sont des rescapés. Ils sont adaptés par Nona et Decima, deux femmes dévouées. Direction Paris. Une sombre affaire expose Sean devenu adulte. Il est soupçonné d’avoir assassinée Elodie, une jeune femme retrouvée nue et morte, écrasée « après une chute d’un point haut ». L’aurait-il poussée ? Pourquoi ?

Ce roman nous plonge au coeur de la grande Histoire, celle de la guerre du Vietnam. Il assure la mémoire d’une opération qui ne faisait que commencer le 4 avril 1974. En un mois, ce sont 3000 enfants qui seront évacués et adoptés à travers les Etats-Unis, le Canada, l’Australie et la France. Personnellement, je ne connaissais pas cette opération qui une nouvelle fois pose la question des femmes en temps de guerre. Si certains bébés sont le fruit d’une relation amoureuse entre des soldats et des Vietnamiennes, d’autres ont démarré plus difficilement dans la vie, les femmes qu’ils étaient censés protéger étaient en réalité violées. Quant aux bébés, si certains étaient effectivement orphelins, d’autres étaient confiés par leurs mères comme le dernier espoir de leur survie. Dans la réalité, seule une bénévole survivra dans ce vol, une française, Elise DESFONTAINES.

Ce roman par de plus loin encore. En 1954, lors de la chute de Dien Bien Phû, tout est fait pour éradiquer toute forme de singularité alors même que la Convention de Genève de 1949 prévoit de nourrir la mémoire des origines :


« Trancher le lien biologique n’était manifestement pas suffisant. Il fallait que toute trace de l’ancienne culture soit tuée dans l’oeuf pour qu’un individu plus blanc que blanc en sortit. P . 112

Marie BARDET remonte le fil de la vie de May, devenue mère du petit Luan, l’occasion de rappeler ô combien la maternité peut révéler l’abîme de l’absence d’une mère :


L’amour qu’elle éprouve pour son fils rend plus cruel encore l’absence de lien avec sa propre mère. P. 163

Marie BARDET livre un roman vibrant, d’une profonde sensibilité, dans lequel elle offre un juste équilibre entre la froideur de la justice et la chaleur des relations humaines.

Fascinée par ce que peut offrir la littérature en termes historique, j’ai beaucoup apprécié « Babylift » pour ce devoir de mémoire que nous devons tous nourrir, pour les générations d’aujourd’hui et les suivantes.

Je me suis laissée porter par des destins EXTRAordinaires. Si Sean et May sont des personnages de fiction, ils représentent à eux seuls le déracinement de la petite enfance et cette difficulté à se construire loin des leurs et de la terre qui les a vus naître. Les métis qui sont nés au début des années 1970 et qui ont fait l’objet de ce pont aérien abordent la cinquantaine aujourd’hui. Je suppose que nombre des 3000 enfants adoptés à ce moment-là sont en quête de leurs familles. Impossible de ne pas s'identifier.

Un roman bouleversant.

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