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2021-01-19T18:00:00+01:00

Pour quand tu seras grande de Véronique GALLO

Publié par Tlivres
Pour quand tu seras grande de Véronique GALLO
 
Après quelques découvertes de la rentrée littéraire de janvier 2021 :
 
petit pas de côté avec l'actualité, je vous propose de revenir sur un roman sorti en octobre dernier. C'est mon #Mardiconseil.
 
Marie est une jeune femme. Elle partage sa vie avec Antoine. C'est la mère de Tom, Jean et Léna de 4 mois. Elle enseigne en collège. Leur couple vit une période difficile depuis le début de cette troisième grossesse. Antoine est distant, il est moins attentionné, rentre de plus en plus tard le soir, s’endort dans la foulée. Les griefs vont aussi bon train quand le matin, il doit assurer la prise en charge de Léna, culpabilisant Marie de tâches domestiques non réalisées. Marie est dépassée par les événements. Elle doit en plus subir les remarques indélicates de sa mère qui lui renvoie qu’à son époque à elle, ça ne serait pas passé comme ça. Marie est la fille de Jacques, médecin à la retraite, qui vient de se suicider. Il s’est pendu sans laisser de mot pour expliquer son geste. Marie est rongée par le mystère qui entoure ce suicide, par des personnes inconnues et très peinées le jour des obsèques. Et puis, un jour, tout bascule.
 
Ce roman, c’est d’abord un rythme ahurissant. Marie vit sa vie à mille à l’heure dans un stress effroyable. C’est un peu comme si chaque minute pouvait être la dernière. Elle se jette à corps perdu dans toutes les épreuves, qu’elles relèvent de sa vie privée comme de sa vie professionnelle. Il y a un côté universel dans ce que l’autrice relate d’une vie de femme tiraillée entre ses rôles de mère et de professeure, culpabilisant chaque fois que quelque chose va de travers. C’est un peu l’histoire des femmes actives occidentales de la fin du XXème siècle. En ce sens, il prend la dimension de roman social dans ce qu’il témoigne des conditions de vie d’une époque.
 
Et puis, il y a l’approche du deuil. Marie est meurtrie par cette disparition aussi subite qu’inexpliquée. Son père, c’était celui qui la comprenait. Ses mots doux pansaient ses plaies. Avec son décès, c’est son château de cartes qui s’écroule. Et puis, elle s’en veut de ne rien avoir vu venir.
 
Le personnage de Marie est attachant dans ce qu’il présente de pluriel. Cette femme est traversée par tout un tas d’émotions, le chagrin, la colère, l’indignation... tantôt abattue par l’état de désolation de son existence, tantôt électrisée par un sentiment d’urgence. Et puis... il y a un sursaut, des secrets de famille qui se dévoilent, une personnalité apprivoisée :


C’est touchant d’entendre ces histoires qu’elle ignorait, chaque anecdote est un coup de pinceau supplémentaire sur le portrait inachevé de son père. 167

J’aurais pu parler de résilience, j’aurais été loin de la démarche de l’autrice. Non, il s’agit là d’une « transfiguration » ! Je ne vous en dis pas plus.
 
Avec ce roman, j’ai fait connaissance avec la plume de Véronique GALLO, les mots sont bruts, tranchants, percutants, pour témoigner de l’effroi. Ils sont prononcés à demi, sans présumer d’aucune assurance de réussite pour évoquer le chemin à parcourir. Le propos est sensible et violent, à la hauteur des accidents de la vie qu’a à affronter le personnage principal, Madame tout le monde, il est poétique aussi


Son corps est traversé par un accablement intense, mais son cœur semble se délester de la couche de givre épais qui le recouvrait. P. 154

Ce roman est troublant et le scénario parfaitement maîtrisé, chapeau.

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