Aujourd’hui sort en librairie le tout nouveau roman d’Alexandra KOSZELYK. Après "A crier dans les ruines", un premier roman largement remarqué, un énorme coup de coeur de 2019, l’écrivaine nous revient avec un roman tout en beauté, "La dixième muse".
Toujours Aux Forges de Vulcain (l'occasion de saluer David MEULEMANS), « La dixième muse » est parée d’une séduisante première de couverture, une composition qui fait un petit pas de côté avec la charte graphique de la Maison d'Edition. Ces roses trémières tout en couleurs, en premier plan d’une grille entrouverte, sont autant d’invitations à ouvrir ce nouvel opus.
Florent est un jeune homme, amoureux de Louise. Il est appelé par son ami Philippe à l’accompagner dans une mission... un peu spéciale ! Ils arrivent au cimetière du Père Lachaise. Pour Florent, c’est la déferlante de souvenirs douloureux. Son père est décédé il y a six mois. Il se retrouve, un instant, devant la tombe de Guillaume APOLLINAIRE. Il n’en faudra pas plus pour qu’il fasse le lien avec ses études. Il sort d'une Agrégation d’allemand et consacre sa vie à une nouvelle année de formation. Il choisit donc d'explorer la vie du poète, Guillaume APOLLINAIRE, cet écrivain du 20ème siècle, né d'une mère expatriée de Pologne, sans famille, sans argent, contrainte de vendre son corps pour survivre. Cet enfant dont elle ne connaît pas le père lui pose plus de problème qu'il ne lui apporte de plaisir. Guillaume est élevé dans l'absence totale d'amour maternel. Devenu grand, il fréquente des femmes, artistes. On se souvient de Marie LAURENCIN avec qui il partage sa vie cinq années durant. Il vivra aussi quelques années avec son frère, Albert, à Stavelot. Il mourut aux côtés de son dernier amour, Jacqueline Kolb, sa dixième muse. Florent, au fur et à mesure de ses études, s'approprie la vie de l'artiste, l'apprivoise lentement mais sûrement, au point de la faire sienne. Bercé par un souffle d'illusions, il navigue bientôt entre rêve et réalité, c'est une nouvelle page de sa vie, personnelle celle-là, qu'il est en train d'écrire.
Comme j'ai aimé retrouver la plume d'Alexandra KOSZELYK. Elle confirme sa capacité à nous embarquer. Quant à sombrer en eaux troubles, autant vous le dire, j'ai adoré.
Ce roman fut l'opportunité pour moi de repartir sur les traces du Poète. Ce dont je me souvenais, en fait, c'était des pages si joliment écrites par Claire et Anne BEREST dans Gabriële où de nombreux moments de complicité étaient relatés. Du collège, je suis désolée, je crois que j'ai tout oublié, à moins qu'à mon époque, il n’ait été au programme !!! Là, je ne prendrai pas de pari, je ne voudrais pas me froisser avec l'Education Nationale. Comme j'ai aimé découvrir sa vie.
Mais le plus intéressant, sincèrement, c'est la construction narrative et l’imbroglio savamment construit par l’écrivaine.
Ce roman, c’est en réalité deux histoires liées l’une à l’autre par le jeu de l’écriture, celle de Florent, celle de Guillaume.
Et puis, c’est une alternance entre deux époques, l’une présente, l’autre passée.
Enfin, cerise sur le gâteau, ce roman c’est un voyage entre rêve et réalité. J’avoue que j’ai lâché prise et me suis laissée porter par le doux effet de balancier et la démarche engagée de l’écrivaine...
Les scientifiques, comme les poètes, explorent les confins du monde et repoussent les limites du réel. P. 279
Le concept est audacieux. Alexandra KOSZELYK s'en sort haut la main avec une nouvelle place royale accordée à Dame Nature à qui l’autrice consacre les toutes premières pages de son livre, une végétation d’un développement luxuriant, éblouissante dans ce qu’elle représente de vivant, un joli pendant avec le côté éminemment poétique de la plume...
Les sillons me faisaient penser aux cicatrices de Louise, une sorte d’almanach perpétuel d’une vie. P. 150
Le livre refermé, je me sens déjà orpheline de la plume d'Alexandra KOSZELYK...
Personne n’est jamais prêt à quitter l’euphorie, ces instants bénis où l’éphémère côtoie l’éternité. P. 215
Comment vivrais-je demain ?
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