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2021-01-06T07:00:00+01:00

Ces orages-là de Sandrine COLLETTE

Publié par Tlivres
Ces orages-là de Sandrine COLLETTE

Éditions Lattès

Nous sommes le mercredi 6 janvier 2021. Aujourd’hui, sort en librairie le tout nouveau roman de Sandrine COLLETTE.

Après « Et toujours les Forêts », le roman lauréat du Grand Prix RTL Lire, Prix du livre France Bleue Page des Libraires et Prix de la Closerie des Lilas, l’écrivaine nous revient en faisant un pas de côté. Après le champ environnemental, elle part à la conquête de l’intime, des profondeurs de l’âme.

Clémence travaille dans une boulangerie. Avec Flo, elle fabrique du pain. Le réveil sonne tôt le matin. Par tous les temps, elle enfourche son vélo et trouve refuge dans un lieu chaleureux où l’odeur du bon pain ferait craquer n’importe quel gourmand. La boulangerie, c’est le seul lieu dans lequel Clémence se sent exister et en sécurité. Sa toute nouvelle maison est petite et moche, à l’image de sa vie, en réalité. Elle est née quand ses parents avaient atteint la cinquantaine. Clémence se souviendra toujours d’une scène de ménage, une scène de violence à laquelle le couple ne résistera pas. Elle avait 11 ans à l’époque et elle, Clémence, n’a finalement pas mieux réussi dans le domaine. Elle vient de fuir le foyer conjugal après trois années de vie commune, trois années d’un martyr sans nom, trois années qui auront permis au prédateur de tisser lentement sa toile autour d’une proie, presque parfaite.

Vous l’aurez compris, Sandrine COLLETTE embrasse le champ des violences conjugales et nous propose une entrée en matière tout à fait effroyable. Imaginez, une scène de chasse, en forêt, en pleine nuit, avec une femme, pratiquement nue, invitée à se sauver, mais pour aller où ?

Si les premières pages du roman décrivant une femme traquée sont tout à fait saisissantes, ce qui suit l’est encore plus !

Ce n’est pas tant le chemin de la résilience que Sandrine COLLETTE s’attache à explorer mais plutôt la période de décompression juste après l’effroi, les jours suivant la fuite, dans les ombres de la paranoïa. S’il a fallu beaucoup de courage pour Clémence pour quitter son mari, un manipulateur, il lui en faudra encore beaucoup plus pour sortir la tête de l’eau et espérer échapper à son emprise. 


C’est idiot de dire qu’une fois au creux de la vague, on ne peut que remonter, tellement idiot parce qu’il faut de l’élan pour cela, il faut du courant, et souvent, quand on est au creux de la vague, on se noie. A vrai dire, une fois en bas, il y a beaucoup plus de risques de couler pour de bon que de chances de remonter à la surface. P. 150

L’angle d’approche du sujet est singulier dans la temporalité. Il l’est également dans la force des émotions.

Avec « Ces orages-là », Sandrine COLLETTE explore les effets d’un stress post-traumatique sur le corps. L’expression « avoir la peur au ventre » n’a jamais été aussi bien illustrée qu’avec le personnage de Clémence. Il n’y a pas de place ici pour la raison, non, tout se joue ailleurs, au niveau du ventre, des tripes, quoi !


Dedans, il n’y a plus rien. C’est un paysage après l’éruption d’un volcan, le monde après la fin du monde. C’est gris, c’est tout nu, tout lisse, on ne peut pas s’accrocher, cela brûle et on ne peut pas marcher. P. 82

Dans les pas du psychiatre américain, Bessel VAN DER KOLK, auteur du livre « Le corps n’oublie rien », l’écrivaine donne à voir ce que les neurones peuvent mémoriser d’un traumatisme psychique et du développement d’un sentiment de frayeur à la simple résurgence d’une image du lieu, de l’objet ou du contexte.

J’ai été happée par l’itinéraire semé d’embuches de Clémence. J’ai frissonné, j’ai senti les poils de mes bras se hérisser, ma gorge se nouer, mon pouls s’accélérer. Mon corps tout entier a expérimenté la terreur d’une femme épouvantée, guidée par le seul instinct de survie, celui-là même qui relève de l’ordre animal.

La chute est d’une profonde émotion.

Sandrine COLLETTE nous propose une nouvelle fois une lecture tout à fait fascinante dans une narration suspendue au-dessus du vide, chaque seconde a son importance.

Coup de maître, tout simplement, pour ce thriller psychologique d'une écrivaine dont je suis devenue une inconditionnelle. Sa plume est juste... addictive !

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commentaires

K
Elle change de registre, là, non ? Je connais peu cette auteure, je n'ai lu que Et toujours les forêts que j'ai beaucoup aimé.
Répondre
T
Tu as raison Krol, on quitte le registre de l’environnement pour aborder un autre sujet, celui de l’intime d’une femme fuyant un prédateur... Je crois qu’elle pourrait écrire dans n’importe quel registre en réalité tellement elle a cette capacité à mettre une pression incommensurable sur son lecteur... et on en redemande !
M
Un auteur que j'aime beaucoup mais je le reconnais j'ai pris beaucoup de retard dans la lecture de ses derniers romans. Belle journée
Répondre
T
Tu sais Manou, il n’y a pas de retard avec les livres, ce ne sont pas des denrées périssables !

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