Traduit du japonais par Annick LAURENT et Maiko FUJIMOTO
Une fois n’est pas coutume, je vous propose aujourd’hui un polar. Nous partons pour le Japon, près de Fukushima. Nous sommes en 1995.
Chiaki Hirakawa part se recueillir sur le lieu de la mort de Kazushi qu’elle devait épouser 6 mois après un mystérieux accident qui lui coûta la vie dans la montagne d'Okutowa. Elle est accueillie par le Chef de Kazushi, Yoshimitsu, le seul à avoir accepté de recevoir la veuve au barrage. La retenue d'eau de quelques six-cents-millions de mètres cubes est sous haute surveillance. Pourtant, alors qu'ils sont dans la camionnette en chemin vers le site protégé, Yoshimitsu est interpellé par une chaîne coupée. Elle est censée interdire le passage à tout véhicule dans cette zone. Il relaie l’information au poste de contrôle et poursuit sa conduite. Peu après, dans un tunnel, ils découvrent un 4X4 stationné là. Yoshimitsu s'arrête, il va à la rencontre de l’occupant qui l'abat d'une arme à feu. Deux hommes montent alors dans la camionnette de Chiaki, elle devient l’otage de terroristes qui menacent de faire sauter le barrage. Ils demandent sous 24 heures le versement de cinq millions de yens en billets aux numéros d’ordre irréguliers. Teruo Togashi, qui n'avait rien pu faire pour sauver son collègue Kazushi lors de la mortelle expédition, réussit à échapper aux terroristes de la Lune Rouge. Nous voilà embarqués dans une incroyable course contre la montre en pleine tempête de neige, de quoi vous donner quelques sueurs froides.
Je ne vais bien évidemment pas vous raconter l'histoire de ce roman tout à fait haletant de près de 500 pages, juste vous dire toutefois que la neige y occupe un rôle particulier. Sous la plume de Yuichi SHIMPO, elle devient un personnage à part entière. Vous l'avez compris, nous sommes en milieu hostile.
Parallèlement, grâce à ce roman, vous allez entrer dans les salles des machines, celles qui sont en souterrain d'une installation hydroélectrique tout à fait fascinante. Si je ne suis pas une adepte du génie civil, je me suis toutefois laissée porter par la course effrénée de Togashi à travers ses méandres.
Ce qui m'a captivée plus que tout dans ce polar, ce sont ces sursauts de vie que les hommes, comme les femmes, peuvent éprouver alors même que la mort semble imminente. Dans un contexte d'urgence, chaque instant semble devenir une éternité.
Un homme qui n’a plus de volonté n’est plus un homme. P. 257
Avec ce roman, j'ai découvert l'écrivain Yuichi SHIMPO dont c'est le cinquième roman pour lequel je salue la qualité de la traduction assurée par Annick LAURENT et Maiko FUJIMOTO.
J'ai aussi découvert une maison, les éditions d'Est en Ouest qui assurent la publication exclusive d'oeuvres japonaises contemporaines, l'occasion de s'initier à cette littérature d'un nouveau genre.
Ce roman, j'ai choisi de l'accompagner de l'ouvrage de Marion LE PENNEC et Patrick GILLET, "Arbres". J'y ai choisi une encre et un haïku qui me paraissent tout à fait à propos !
Face à la montagne
La silhouette lointaine
D'un homme debout
Enfin, pour que tout soit dit, ce roman a été porté au cinéma et lauréat du Prix Eiji Yoshikawa en 1996.
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