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2020-09-19T07:00:00+02:00

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

Publié par Tlivres
Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

Récemment, j’ai eu l’immense chance de rencontrer Nathalie-Audrey DUBOIS, une artiste dont j’ai découvert le talent il y a deux ans environ.

Dans la salle d’attente de mon kiné, un journal un peu particulier a attiré mon attention, c’était en réalité la restitution des créations de la résidence d’artiste de Nathalie au CHU d’Angers, un travail de six mois de résidence In situ au cours de laquelle Nathalie a utilisé en partie du matériel médical pour le détourner dans ses créations. 

Depuis, nous nous suivons respectivement sur Instagram.

Alors, assez naturellement, après Adie BERNIERNicolas BOISBOUVIER et Alix de BOURMONT, j'ai proposé à Nathalie de m'ouvrir les portes de son atelier de l'Arboretum d'Angers. Elle a aimablement accepté.

Alors, Nathalie, raconte-nous ton parcours.

Je suis diplômée de l’école des Beaux-Arts de Marseille Méditerranée et de l’école du Paysage de Versailles. A la marge, j’ai fait deux ans de botanique au service du Service des Espaces Verts de la Ville de Nantes.

Parle-nous de ton rapport aux plantes.

Je me suis toujours intéressée au végétal. Quelle nature représenter ? Que raconte-t-elle de la relation de l'Homme à son environnement ? Je revisite ce genre qui n'a eu de cesse de se réinventer à travers les siècles.

Depuis mes premiers travaux, je privilégie les installations, les décors à traverser ou expérimenter. Les grands dessins de végétaux forment le seuil d'une forêt, une canopée qui  constitue la voûte de cet environnement qui peut, tour à tour, sembler oppressant, mystérieux, labyrinthique, comme les bois imaginaires de nos contes d'enfants ou les jungles des origines de l'humanité. Ces installations se traversent ainsi, telle une fable sur le temps.

Mes premiers travaux étaient en noir et blanc. J’aime cette apparente simplicité. Cela évoque pour moi l’ombre, celle qui oblige à regarder pour apercevoir, cela demande de l’attention. Je pense à « Louange de l’ombre » de Junichirô TANIZAKI, l’ombre est décrite comme étant plus subtile que la blancheur, que l’éclairage direct, vulgaire. Les Maîtres Flamands utilisent à leur manière le noir pour révéler la lumière, le reflet des peaux ou des fleurs.  

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

La nature, c’est vraiment mon sujet de prédilection. Cet atelier dans un parc, au milieu du vert, est juste incroyable. J’ai l’impression d’être chez moi. Je suis ravie. Je m’y plais.

Je représente beaucoup de fleurs, comme les iris, les tulipes, des fleurs charnues. J’aime les fleurs pour leur délicatesse, leur beauté éphémère, leur croissance lente pour grandir, tout ça me fascine. 

Et le papier ?

J’aime travailler le papier, il y a un rapport à la matière qui me plaît beaucoup, je les choisis parfois lisses, d'autres fois tissés. Je travaille aussi sur du papier calque indéchirable, du papier de fleuriste. Là, par exemple, j’obtiens des noirs avec des reflets. 

J’ai fait des tirages de planches botaniques du 16ème siècle, puis j’ai redessiné avec des crayons de couleur. Le résultat est un dialogue entre la représentation codifiée de la botanique et un dessin au crayon. 

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

On est plutôt sur des grands formats, non ?

Oui, j’aime le grand format.

Les grands formats se déploient et offrent une surface importante. La relation n’est pas la même, je dessine à même le sol ou sur les murs, cela dépend. Le geste prend alors une toute autre dimension, l’outil lui-même ne fait pas le même travail  Dans les grands formats, j’oscille entre rapidité, vibration de la touche picturale et précision du trait de crayon. Dans les dessins, aucun paysage ne vient donner une échelle, un cadre, une stabilité, un enracinement... les végétaux, libres, jouent de leur asymétrie. L’entremêlement des lignes, leur superposition et les variations colorées lient désordre, harmonie, tensions, chutes. Cette nature, coupée de sa terre, s'offre dans sa beauté et son énergie. 

Quand je commence une création, en grand format, les études au préalables constituent une armature importante, mais au fil du dessin cela peut évoluer. 

Avec quels matériaux travailles-tu ?

Tous les matériaux ont leur spécificité, l’huile reste très agréable, l’encre de chine aussi. Les crayons de couleurs ont, selon moi, un aspect plus doux

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

Parlons des couleurs justement...

Quand tu as un bleu de Prusse, tu voudrais bien aussi un bleu un peu violet, mais tu n’as pas de violet ! Les verts sont pour moi des bonnes bases. Toutes sont séduisantes, je reviens souvent à la même palette. Je crée aussi mes couleurs. J’aime jouer avec les transparences des couleurs, les superpositions qui contribuent à donner de la profondeur au dessin. 

Visite d'atelier, bienvenue chez Nathalie-Audrey DUBOIS

Comment tout ça s’organise alors ?

Je fonctionne par série et puis, je passe à autre chose, c’est un peu une conversation.

Comme tous les artistes, la création ne peut se faire désincarnée de l’histoire, nos pères.  Je suis touchée, en ce moment, à nouveau, par l’œuvre de Pierre SOULAGES. Je me nourris bien évidemment de l’histoire des explorations réalisées par d’autres. J’aime le noir, l’impression de traverser, de plonger dans l’insondable. J’ai vu récemment le très beau travail de Joaquin SOROLLA, une autre lumière, celle de l'Espagne, "sa touche libre et brillante, exalte la lumière et la couleur. La question de la curiosité  est constamment présente."

Au fil des années, il y a comme une signature qui se dessine...

C'est dans ces oppositions, ces antagonismes que je creuse le sillon d'une œuvre qui se déploie avec une grande cohérence depuis plus de vingt ans.

Dans un incessant aller/retour intérieur/extérieur, je m'interroge sur ce que, en tant qu'être humain aux parcours singuliers, nous partageons. Cet espace commun, mais hors du commun, de nos existences.

En mode participatif, lors de vos résidences d'artiste aussi, n'est-ce pas ?

Il y a eu le CHU effectivement. Il y a eu aussi le projet "Les Voisins".

C'était une commande d'un établissement d'hébergement pour personnes âgées et désorientées (EHPAD) avec une volonté d'impliquer les résidents. Une transformation de La Résidence d’Orée était programmée avec l’union de deux maisons d’accueil : La Résidence de Saint-Laurent-des-Autels (49) et La Résidence de Landemont (49), deux communes voisines.

Le déménagement, prévu en fin d’année 2019, allait bouleverser les habitudes, les pratiques et l’histoire de chacun. L’équipe m'a fait appel pour accompagner ce changement et susciter une appropriation des différents espaces du nouveau lieu.

Il y a eu des moments très émouvants, comme les rencontres peuvent les susciter.

Quand on veut voir tes œuvres, où va-t-on alors ?

A l’Artothèque d’Angers, il y a un papier à l’acrylique, Monstera Deliciosa qui est une plante tropicale pouvant devenir monstrueusement grande d’où son nom. 

Je suis présente dans des collections publiques, FNAC, Musée de Sérignan, Frac Paca, Artothèque d’Angers.

Est-ce qu’il y a des événements à venir ?

En fait, avec la crise sanitaire, des choses sont engagées mais ne sont pas confirmées.


Promis Nathalie, alors, on suivra ton actualité sur les réseaux sociaux.
Merci infiniment pour ton accueil, ta sympathie, ce fut un réel bonheur que cette « Visite d’atelier ».

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