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2020-07-04T06:00:00+02:00

Botero Pop à la Galerie In Arte Veritas

Publié par Tlivres
Botero Pop à la Galerie In Arte Veritas

Botero Pop, bonjour, merci de m'accorder un peu de ton temps précieux en pleine exposition à la Galerie In Arte Veritas d'Angers.

Botero Pop, c'est bien ton nom, n'est-ce pas ?
 
C'est tout à fait ça. Pendant les cours, au lycée, je m'ennuyais, un peu, comme beaucoup, je dessinais dans les marges de mes cahiers. J'avais inventé un petit personnage comme celui-là mais dont le chapeau ressemblait plus à un sombrero, le corps était un poncho, il avait un côté très sud-américain. J'aimais par ailleurs beaucoup Fernando Botero, et donc, je l'avais nommé "Botero". Il avait des bras et des jambes tout fins, il se distinguait donc très nettement des personnages du grand Fernando Botero. 20 ans après, quand j'ai repris le dessin, j'ai gardé "Botero" et j'ai ajouté "Pop", un univers culturel qui me passionne de longue date. 
 
Et tes personnages, comment s'appellent-ils ? 
 
Des "Botero Pop" ! Même si je me rends compte, à l'usage, que les gens les appellent "Botero".
Botero Pop à la Galerie In Arte Veritas
Alors, depuis vos années de lycée, que s'est-il passé ?
 
Quand les études sont devenues un peu plus complexes, je m'embêtais moins. J'ai abandonné mes dessins, je n'avais plus le temps de m'y consacrer. Et puis, un soir, lors d'une discussion avec une amie, on évoque nos dessins respectifs. Je prends un crayon et je me remets à en dessiner un. Cette copine le trouve très rigolo et très intéressant. Elle a l'idée d'en faire une bande dessinée. Pourquoi pas ? Je commence à le redessiner plusieurs fois mais je me rends compte qu'il est très statique. Pour l'animer dans une BD, ça relevait de l'impossible. Je me force un peu, parce que je suis un peu entêté ! Je lui mets un foulard rouge sur les yeux (enfin, là où habituellement sont les yeux !), et là, il ressemble à Raphaël des Tortues Ninja. Je me dis, tiens, c'est rigolo. J'en reprends un deuxième et je lui fais l'éclair de Ziggy Stardust. Je me rends compte que, quand je lui rajoute un accessoire, on devine tout de suite qui c'est. J'en enchaîne une dizaine. J'ouvre un compte Instagram, le 21 janvier 2019, pour me marrer, j'ai des "Like". Je trouve ça drôle. Je continue pour voir si c'est le fait du hasard. Je prends la décision, bienheureuse au final, d'en publier un par jour. J'en avais 10 sous le coude, je me suis dit, ça va être facile mais, derrière l'apparente simplicité, Botero Pop est pétri de contraintes. Il n'a pas de visage, pas de vêtement, pas d'expression, il est statique ou avec très peu de mouvement. Trouver ce qui fait sens pour deviner qui il est, ça devient très compliqué. La solution, c'est de me mettre dans l'idée que je vais à une soirée déguisée mais que je ne veux pas qu'on me reproche de ne pas m'être déguisé. Si tu mets une cape rouge, tu ressembles tout de suite à Superman. Il faut donc trouver l'accessoire qui permet d'identifier le personnage mais attention, sans identifier une autre personne d'autre non plus ! Résultat, le terrain de jeu pourrait paraître immense, il est en réalité très restreint.
Botero Pop à la Galerie In Arte Veritas
 
Alors, Botero Pop, en dehors de ton compte Instagram, de la Galerie In Arte Veritas jusqu'au 25 juillet, où pouvons-nous découvrir des Botero Pop ?
 
Dans la rue ! 
 
Pour rigoler, un jour, j'en ai découpé un, l'idée était d'aller le coller en ville. Je m'en souviens très bien, c'était Saillor Moon et je voulais la coller sur la gouttière d'Azu Manga rue de la Roë. Je devais y aller le samedi mais je n'y arrivais pas. J'ai quasiment passé une nuit blanche et puis, le dimanche matin, à 6h pour qu'il n'y ait personne, je suis allé collé mon Botero Pop de 10 cm. Il n'y avait personne à 200 mètres à la ronde et pourtant, j'avais le palpitant à 15 000. J'ai réussi ! J'ai commencé comme ça et puis, assez rapidement, il y a eu des remontées sur Instagram avec des publications de gens qui l'avaient vu. J'ai trouvé ça drôle et j'ai continué.
 
A Angers, mais pas que ?
 
C'est vrai. Il y en a à Tours. Le 4 mai pour la fête internationale de Star Wars, pour le Star Tours, j'ai collé une cinquantaine de Botero Pop. Il y en a aussi à Paris, Montpellier, Nantes, et ça va continuer. 
 
Et tu as tes Ambassadeurs maintenant ?
 
ça aussi c'est drôle.Tout est parti de la blagounette d'en coller à Aix-en-Provence, deux sont sur La Patrouille de France. Des copains m'en demandent pour les coller là où ils vont. Il y en a à Miami par exemple dans le quartier des arts de rue. J'ai réalisé 5-6 carreaux. Il y a des copains, mais pas que. Je suis sollicité par des gens qui trouvent les personnages sympas et ont envie de les partager. A chaque fois, je travaille sur la destination. Par exemple, à Miami, c'est "Deux flics à Miami", il y a les Dolphins parce que c'est l'équipe de foot, il ya Fidel Castro, Dexter...  Bientôt, des Botero Pop devraient investir Bruxelles, Rennes... Certains Botero Pop sont en modèle unique. Ils ne seront, au départ, visibles qu'une fois dans une seule ville. Après, ils seront peut-être diffusés sur Instagram par des gens qui les posteront mais moi, je ne le ferai pas. Ce qui est sympa aussi, c'est que les gens sont très contents d'avoir jouer au rebelle et d'avoir collé eux-mêmes, des Botero Pop. C'est une sorte de mouvement, une communauté. La diffusion est participative.
 
Mais il me semble que la création peut aussi être participative, non ?
 
Oui, c'est vrai, dans le cadre du confinement, j'ai lancé un concours. Tout a commencé avec des enfants qui, sur des murs, à la craie, pendant leur heure d'autorisation de sortie, ont commencé à dessiner un Botero Pop. Super drôle. L'idée est venue de lancer un appel à Botero Pop. Il y a eu une centaine de participations, d'enfants, d'adultes. Il y a eu des créations avec tout un tas de matériaux, un l'a fait à la soudure, un autre avec une imprimante 3D, d'autres encore avec des concombres, des chaussettes. Les gens ne se sont pas mis de barrière, ils ne se sont pas freinés dans la démarche artistique. Quand c'est un dessin, certains sont faits au bic, d'autres au crayon de couleur ou encore avec Photoshop. Bref, il y a une grande diversité de réalisations et puis, avec certains, il y a des messages, parfois forts ou poétiques. Finalement, chacun peut le faire évoluer de tout un tas de façons différentes. Pendant le confinement, ce que j'ai trouvé de génial c'était d'avoir permis de cogiter le Botero Pop parfois toute une journée, de retrouver le sourire... de dire "je ne suis pas dessinateur, je ne le trouve pas beau" mais d'avoir trouvé le courage de le diffuser. Se rendre compte que la forme est moins importante que le fonds, c'est l'essentiel.  
 
Côté message, tu n'es pas mal non plus ?
 
En fait, en tant que personne, j'ai plein de choses à dire sur la société. Je profite donc des Botero Pop aussi pour dire ce que j'ai à dire à l'image de ce que l'on a fait sur le féminicide avec le collage de "Nous toutes". C'est Hera qui est représentée, la femme de Zeus, cocufiée, martyrisée un nombre incalculable de fois. 
 
Botero Pop à la Galerie In Arte Veritas
Parfois, il  y a un message, parfois pas, à l'image des Super-héros pendant le confinement. C'est alors aux gens de comprendre.
 
Pour revenir à ton public, les enfants sont particulièrement friands de Botero Pop, n'est-ce pas ?
 
C'est vrai. Il m'est arrivé de travailler avec des enfants dans le cadre d'accueils de loisirs. J'ai commencé avec les Dieux. J'ai dessiné un Botero avec 3 éclairs dans la main, ils ont tout de suite identifié Zeus. Avec eux, je me suis rendu compte que les accessoires des Dieux sont très "boterisables" en fait. Un simple accessoire peut réussir à les définir. 
 
J'ai animé des ateliers avec des enfants tout petits. Je commence toujours par un blind test dans un univers culturel qui leur convient. Ils ont une créativité folle et une capacité à les découvrir à une vitesse déconcertante. Ensuite, je fais un atelier dessin. Les enfants choisissent l'accessoire et réalisent leur Botero Pop. A la fin, on les assemble pour faire une fresque. J'en sors toujours émerveillé.  
 
Parfois, les choses se passent sans moi. Des enseignants me disent avoir organisé des ateliers Botero Pop, je trouve ça génial. Pour moi, ce qui est important c'est de voir les enfants s'approprier l'art. L'avantage, c'est qu'ils ne se posent pas de question. Ils n'ont pas besoin de voir un visage, et tout ce qui caractérise habituellement un personnage. Un seul accessoire suffit !  Et puis, on n'a pas besoin d'avoir toute une éducation pour le comprendre. On n'a pas besoin d'avoir une connaissance des codes de l'art contemporain pour se l'approprier et l'apprécier. Dans le cadre de l'exposition à la Galerie In Arte Veritas, les premières réactions des parents c'est de dire que c'est très bien parce que c'est la première visite en galerie sans que les enfants s'embêtent. On peut faire de l'art facilement, on peut s'y mettre, on peut l'apprécier, c'est plutôt un bon combat je trouve !
 
Pendant les Arts au Couvent, ils étaient particulièrement présents, les enfants ?
 
Oui, et puis, il y a eu un autre public aussi, leurs grands-parents ! Avec eux, j'ai partagé ma culture Pop, l'un de mes autres combats. Beaucoup de grands-parents disaient ne pas avoir de culture Pop, qu'ils confondaient d'ailleurs avec culture Geek. A l'exemple du Petit Prince...
 
Les grands-parents le connaissent généralement bien. S'ils le regardent, ils ne le comprennent pas. Par contre, si je leur dis qu'il a une écharpe jaune, un renard, une rose, une étoile et une petite lune, là, ils tiltent. Une fois qu'ils ont compris le concept, ils en trouvent plein, dans la musique, le cinéma... En ville, ça fait la même chose. Dans la rue, ils sont collés pour avoir du sens. Mickaël Jordan est collé près de Foot locker, le punk anglais est collé sur La Bibliothèque Anglophone, Saint-Pierre est rue Chaussée Saint-Pierre, Robin des Bois est chez les Frères Toque. Quand ils comprennent, ça devient tout de suite vachement plus rigolo ! Ma plus belle récompense, c'est quand des gens me disent "J'en ai vu un dans la rue et il m'a fait rire", ou bien "Je ne le connaissais pas et je suis allé chercher qui il était". La culture Pop est bien plus intelligente qu'elle veut le faire croire. Tous les grands textes classiques ont leur pendant en culture Pop, avec un côté un peu plus funky, plus abordable.
 
Que dit Botero Pop de notre rapport à la société ?
 
Ce que j'aime dans ce personnage, c'est surtout qu'on ne voit pas sa tête, en gros, on ne sait pas si c'est un homme ou une femme. En prenant les accessoires, on choisit les attributs et une femme peut devenir Superman. On s'en fout. Il n'est pas lié non plus à une couleur. Ses vêtements sont noirs et blancs, on ne sait pas qui est derrière. Botero Pop, ça peut être toi, moi, n'importe qui. Il est on ne peut plus universel. Ensuite, selon l'accessoire, il devient n'importe quel Super-héros. Pas de catégorie, il devient ce que moi je décide d'être. Tout le monde et n'importe qui ! J'aime bien le concept. Tintin, par exemple, j'ai eu beaucoup de mal à le représenter parce que je ne pouvais pas faire la houppette, son pull et son pantalon de golf. Et puis un jour, j'ai croisé quelqu'un avec un chien de la race de Milou. J'ai dessiné le chien et là, il se passe quelque chose d'assez merveilleux dans le cerveau, on voit un chien qui ressemble à Milou, visuellement, dans notre tête on voit Tintin alors qu'il n'est pas dessiné. Si on arrive à se détacher de la représentation, on accède à un autre niveau de lecture !
 
 
Quelles sont tes sources d'inspiration ?
 
J'ai un cerveau qui ne s'arrête jamais... j'accumule tout. Dès que je me promène dans la rue, je trouve des idées. Sur mon smartphone, je fais des listes, des listes, des listes... je note tout. Parfois, j'en dessine un par jour, d'autres fois c'est une grosse série, je fais une nuit blanche. Pour Games of throne, par exemple, j'en ai fait 25 et je les ai diffusés heure par heure comme un décompte. Pour les sacrifiés, pendant le confinement, je les ai tous fait les uns après les autres jusqu'à épuisement. J'en ai toujours quelques uns d'avance au cas où. C'est une logistique intellectuelle un peu permanente. Le défi de la publication d'un par jour, c'est fini, et honnêtement, ça me fait du bien de me poser un peu. J'ai envie de garder le plaisir de diffuser quand j'en ai envie. J'ai une grosse série qui va arriver, elle sera peut-être publiée en une seule fois...
 
Comment te qualifies-tu ?
 
Certains m'appellent artiste, je ne sais pas ce que ça veut dire. Je préfère "créatif". Parfois, je fais du collage... je dessine sur de la faïence, j'ai aussi fait de la bombe. Street artiste, oui, parce que j'investie un peu la rue. Quand l'occasion se présente de faire une mosaïque, je veux me laisser cette liberté de faire une mosaïque. En galerie, je ne suis pas du tout street. Je suis plutôt polymorphe de mes envies !
 
Quels sont les événements à venir ?
 
Je donne rendez-vous au Château d'Angers à partir du 14 juillet. Je dessine des Botero Pop pour expliquer la tapisserie de l'Apocalypse... Je travaille à partir de la tapisserie bien sûr, mais aussi des scènes de film. L'ensemble est très "boterisable" ! Je vais continuer à faire mes "bêtises"...
 
Pour notre plus grand plaisir, Botero Pop. Merci pour cet entretien.
 
En attendant le 14 juillet, allez, tous à la Galerie In Arte Veritas ! Le 18 juin dernier, sa publication "Love" sonnait comme un appel. Il rêvait alors...


Si on pouvait avoir une pandémie mondiale, ça serrait bien.

Si vous avez envie, vous aussi, de tomber malade... Botero Pop met à notre disposition plus de 400 virus, en culture ! Alors, précipitez-vous, du mardi au samedi, de 11h30 à 19h, rendez-vous 16 rue des Lices !

 

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