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2020-04-28T10:34:32+02:00

Sankhara de Frédérique DEGHELT

Publié par Tlivres
Sankhara de Frédérique DEGHELT
 
Il y a des romans qui trouvent dans cette période de confinement une résonance toute particulière, à l’image du dernier roman de Frédérique DEGHELT, cette écrivaine dont j’aime tant la plume.
 
« Sankhara », c’est l’histoire d’un couple qui se déchire à coup d’incompréhension, de confusion, l’amour aurait-il déserté ? C’est la question que se pose assurément Hélène qui, un jour de septembre 2001, part... pour 10 jours de méditation. Elle laisse homme et enfants, leurs jumeaux sont en grande section de maternelle, ils s’apprêtent à faire leur rentrée scolaire. Ses enfants, elle leur laisse une lettre pour expliquer qu’elle reviendra et qu’ils recevront, chaque jour, un nouveau courrier d’elle. Sébastien, lui aussi, se pose des questions sur son couple, son avenir avec Hélène. Mais, lui, journaliste, va subir ce départ d’Hélène. À son attention, sa femme ne laissera aucun mot. Chacun, terriblement déstabilisé par la nouveauté des événements mais aussi profondément conditionné par son environnement social, familial, urbain, professionnel, géopolitique... du moment va puiser dans ce qu’il a de plus intime pour analyser la situation et l’affronter... ou pas !
 
Frédérique DEGHELT explore la situation d’un couple en mal d’amour, à moins que la raison de sa déliquescence soit à chercher ailleurs.
 
Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce livre, c’est d’accompagner Hélène, une femme, dans son initiative. Elle aurait pu choisir de partir en voyage au bout du monde, de partir peindre ou jardiner, je crois que je l’aurais suivie sans condition, d’abord, parce qu’elle décide de prendre son destin en main, qu’elle est active et choisit de prendre de la distance pour mieux voir où ils en sont, elle et Sébastien de leur union, et mieux regarder les choses en face. Et puis, imaginer une retraite, un refuge... à quelque chose de séduisant. 
 
C’est une femme, c’est une mère aussi. Loin d’elle l’idée d’abandonner ses enfants et j’ai trouvé l’idée de ce lien maintenu, coûte que coûte, d’une profonde émotion


Sa réalité de mère est une histoire d’impermanence à l’intérieur même de sa chair. P. 200

Mais, et c’est là où le talent de Frédérique DEGHELT prend toute sa dimension, l’écrivaine va nous faire découvrir deux univers tout à fait singuliers.
 
Il y a celui de la méditation d’abord. Si aujourd’hui, le terme est régulièrement utilisé, et sans que l’écrivaine ait la prétention de nous faire devenir des experts dans le domaine, Frédérique DEGHELT nous fait toucher du doigt l’un des principes, le recentrage sur soi, et plus encore sur son corps, dans un silence absolu. J’ai savouré ces moments d’apprentissage aux côtés d’Hélène, cette (re)conquête de soi et de l'évolution induite dans son rapport au du bien-être, à la douleur...
 
L’écrivaine fait l'éloge du silence dont le pouvoir est plus grand que celui des mots 


Tenter de ramener ce qu’on ressent à des mots est vain tant il est difficile d’identifier ce qu’on vit, ce qu’on en attend, ou ce qu’on traverse. P. 155

Et puis, dans le même ordre d’idée, il y a le journalisme. Il ne vous aura pas échappé que nous sommes en septembre 2001, c’est-à-dire à la période des attentats des tours du World Trade Center. Ce que j’aime profondément chez Frédérique DEGHELT, c’est qu’elle nous apprend à regarder par nous-même, à prendre de la distance pour, personnellement, juger de ce que peut, ou de ce que doit, dire un journaliste. Bien sûr, le registre est sous haute protection, le risque de manipulation n’en est que plus grand. D’ailleurs, lisez bien ce texte :


La guerre était déjà là, sur toutes les chaînes d’information, à grands coups de breaking news et de news alert qui contribuaient à instaurer un climat de peur, à justifier le déclin des libertés et l’incursion des services de surveillance et d’écoute dans la vie de tous les citoyens, par mesure de sécurité. P. 369

N’est-ce pas ce qui se déroule, là, aujourd’hui, sous nos yeux ?
 
Après cette petite leçon de libre arbitre, réflexion personnelle, ne venez pas dire que Frédérique DEGHELT ne vous aura pas prévenus !
 
Enfin, parce que je ne peux pas ne pas parler de la qualité de la plume... j’ai une nouvelle fois noté tout un tas de citations, des phrases d’une infinie sensibilité, j’ai aussi découvert de nouveaux mots de vocabulaire qui prennent vraiment tout leur sens, à l’image d’engrammer..


Ce sont ces sankharas, perceptions physiques inconscientes, qui sont engrammés dans le corps et nous rendent heureux ou malheureux. Ce sont eux qui remontent à la surface du corps lors des méditations. P. 157

Quant à la construction du roman, vous pouvez compter sur l’écrivaine pour que la répartition des chapitres soit scrupuleusement égale pour Madame comme pour Monsieur !

Mais quelle jolie manière elle a d’introduire chaque chapitre qui correspond à chacun des dix jours d’absence d’Hélène, tantôt avec une citation d’Albert Camus, tantôt avec l’une de Mahatma GANDHI, tout un programme, à MÉDITER sans modération.

Vous voulez savoir si la chute est de qualité ? Elle est magistrale.

Ce roman, vous l'aurez compris, est un très grand crû !

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commentaires

T
Un bon choix Manou !
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M
Je ne l'ai pas lu mais j'ai aimé ce que j'ai lu de cet auteur. Je le note suite à ta présentation enthousiaste. Merci
Répondre

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