L'univers littéraire de Sandrine COLLETTE est reconnaissable entre tous. J'ai, de mon côté, lu "Juste après la vague", "Six fourmis blanches" et "Un vent de cendres", et tout récemment "Et toujours les Forêts".
Corentin est né d'une mère séquestrée, une mère qui était condamnée à porter l'enfant de la honte. Elle ne sera libérée au grand jour que lorsque son bébé sera prêt à naître. Mais ce bébé, Marie n'en voulait pas. Alors, après sa naissance, elle a pris l'habitude de le confier à d'autres, et puis un jour, elle l'abandonne dans la forêt, à deux pas de la maison d'Augustine. C'est elle qui va l'élever. Les études supérieures le guident vers la ville. Dans la cité urbaine, il va se lier d'amitié avec des étudiants de son âge qui fréquentent les galeries souterraines. Un jour, la "catastrophe" se produit. Lorsqu'il sort de la galerie, le monde est dévasté. Là commence une nouvelle histoire, à la vie, à la mort.
Comme pour "Juste après la vague", Sandrine COLLETTE puise son inspiration dans l'actualité environnementale, le réchauffement climatique. Elle nous livre un scénario apocalyptique. Les couleurs ont disparu, les sons aussi, il ne reste plus qu'une nature dévastée, noire, brûlée, avec seulement quelques survivants, condamnés à l'isolement.
Arracher au sol de quoi survivre chaque jour leur prenait tout leur temps, toute leur énergie. Pour l’avenir, pour les rêves, il n’y avait plus de force. P. 37
Comme dans chaque roman, l'écrivaine se focalise sur un petit noyau d'individus dont elle va explorer les tréfonds jusqu'à faire émerger la sauvagerie. Réduits à satisfaire leurs besoins vitaux, les hommes, affamés, perdent la raison ! La psychologie de Corentin, Augustine et les autres, est sondée, scrutée, fouillée à l'envi. Sous la plume de Sandrine COLLETTE, ils deviennent effroyables devant des choix qui ne le sont pas moins.
Les hommes étaient intrinsèquement des meurtriers. Ils puaient la mort. P. 169
Dans ce roman, comme dans beaucoup d'autres de Sandrine COLLETTE, il est question de survie. Elle démontre ô combien nous ne sommes pas tous égaux dans la façon, instinctive, de fixer nos priorités. L'écrivaine illumine par le jeu de l'écriture la philosophie de chacun, le petit brin d'espoir qui donne à l'un, à l'autre, la force de faire un nouveau pas. Elle cerne les contours de la maternité, la relation du père aux enfants aussi. À chacun sa manière de RÉSISTER devant une nature impitoyable pour l’Homme qui s’est acharné à la détruire et de croire en un éventuel renouveau. Assurément, c'est une lecture coup de poing !
Si d'aventure vous pensiez que Sandrine COLLETTE risque, avec le temps, de manquer d'imagination pour renouveler son genre, il n'en est absolument rien, je tiens à vous en convaincre.
Si personnellement, je suis progressivement devenue une lectrice inconditionnelle de ses histoires, j'avoue être toujours totalement scotchée par l'intrigue, que dis-je, les intrigues. Parce que, lorsqu'on a le talent de Sandrine COLLETTE, on ne recule devant rien. L'écrivaine livre une histoire rythmée par les pièges qu'elle ne manque pas de tendre à ses personnages. A peine l'un évité qu'un nouveau apparaît, donnant ainsi au roman une cadence infernale.
Quant à la chute, elle est magistrale, bien sûr !
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