Roulement de tambour s’il vous plaît pour la sortie aujourd’hui en librairie du tout dernier roman de Valérie TONG CUONG !
Après son roman historique « Par amour », elle retrouve le registre du thriller psychologique dans lequel, avouons-le, elle excelle.
Après vous en avoir livré les premières lignes, place aujourd’hui à la chronique dans son intégralité !
Pax est comédien. Il va tourner le film de sa vie. Parallèlement, il intervient avec Elisabeth chez Théa et Cie et propose du coaching en entreprise par le théâtre. C’est dans ce cadre qu’il croise le destin d’Emi Shimizu chez Demeson, une société de déménagement qui déplore un deuxième accident de sortie de route en 6 mois, certainement un suicide. Elle souhaite mener une action de prévention des risques auprès des salariés. Emi, d’origine japonaise, traverse à titre personnel une situation de crise, son fils Alexis en classe prépa a été agressé dans son appartement et laissé pour mort. Lors du premier rendez-vous de Pax et Emi, les regards font mouche, le coup de foudre ! Vous voyez les choses venir : « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants »... et bien, vous vous trompez. Il faut dire que Pax s’est autorisé récemment quelques arrangements lors de l’enquête menée par les services de police dans son immeuble suite à une agression. Et s’il s’agissait d’Alexis ? Et si les étranges bruits sourds entendus lorsqu’il se préparait pour le rendez-vous de sa carrière avec son réalisateur de cinéma étaient ceux du corps de l’adolescent en proie à la violence d’un forcené ?
C’est ainsi qu’un roman intitulé « Les guerres intérieures » commence ! Vous pouvez imaginer que Valérie TONG CUONG, une fois le lecteur pris à la gorge, ne desserrera la pression que dans les toutes dernières pages.
Je ne vous donnerai pas beaucoup plus de détails sur l’intrigue sauf qu’il s’agit, une nouvelle fois, d’une prouesse littéraire. Valérie TONG CUONG est désormais une habituée du genre. Après « L’ardoise magique », « Pardonnable, impardonnable », elle poursuit son bout de chemin dans l’écriture en diffusant juste assez d’indices pour tenir le lecteur en haleine. Tous les ingrédients d’un bon thriller sont réunis.
Quant à la psychologie des personnages, elle est, vous pouvez me croire, ciselée à l'envie. Parce que l'être humain est tout en nuance, j'ai choisi, le temps d'une chronique, de lier "Les guerres intérieures" de Valérie TONG CUONG à l'oeuvre de Nicolas BOISBOUVIER, une illustration qui s'est imposée à moi comme une évidence.
Comme le disait Friedrich NIETZSCHE : "Le diable est dans les détails", le scénario monté de toutes pièces par l'écrivaine nous en convainc. Elle construit le jeu des personnages autour d'un sentiment déjà largement exploré par le passé, celui de la culpabilité. Et dans ce cadre, il faut dire que Pax présente tous les critères d’éligibilité, il est au sommet de sa gloire, il ne peut que plonger !
Croire que rien n’est définitif, que toute faute peut être corrigée est indispensable à sa survie. P. 170
Et parce que Valérie TONG CUONG pense que "Personne n’est innocent. Nous avons tous nos moments de faiblesse, cela fait partie de la donne, pour tout être humain", l'écrivaine met les projecteurs sur Emi qui, elle aussi, a quelques secrets bien gardés, enfin, elle croît ! Voilà de quoi donner en effet un caractère universel au sentiment et de quoi vous offrir quelques heures de méditation sur votre cas personnel ! Peut-être ne dormirez-vous pas aussi bien après cette lecture...
J’ai personnellement beaucoup aimé l’approche de l’exil par l’auteure et de ses conséquences sur l’individu. Emi est originaire du Japon, elle ne s’est jamais vraiment sentie à sa place en France.
Il y a longtemps qu’elle a analysé la logique inexorable qui a pesé sur sa famille et engendré ce sentiment épuisant d’un monde disharmonique. P. 40
Si l’immigration est souvent traitée à travers le filtre de la couleur de peau, là il n’en est rien et pourtant, Emi mesure à quel point sa culture diffère de celle de son pays d’adoption, un exemple qui contribue une nouvelle fois à nous faire avancer sur le chemin de la différence.
Elle a accepté d’être pour toujours une half, ou hafu, ce terme entendu lors de son deuxième voyage au Japon, à vingt ans, qui lui a enseigné qu’elle demeurerait une étrangère, où qu’elle vive. P. 43
Ce roman est une nouvelle fois très réussi.
La plume de Valérie TONG CUONG, on voudrait ne jamais avoir à la quitter. D’une profonde sensibilité, délicate et raffinée, elle sait nous happer avec force et nous maintenir sous son emprise le temps de la lecture. Pour tout vous dire, je crains déjà le sevrage !
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