Gallmeister
Traduit de l’américain par Josette CHICHEPORTICHE
Depuis que je me suis lancée dans l’aventure du #GrandPrixdesLectricesElle2019 je renoue avec les auteurs américains et leur capacité à vous faire vivre des aventures éminemment romanesques.
Quelques mots de l’histoire :
Nous sommes dans le Connecticut. Tommy va accueillir Nicholas Greene, l’acteur qui jouera le personnage de Mort Lear, cet auteur-illustrateur de livres jeunesse, auprès duquel elle vivait depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle était en quelque sorte sa gouvernante, elle assurait la logistique, partageait son quotidien, vivait sous le même toit et était devenue sa confidente. Elle est en plein désarroi, lui vient de mourir. Surprenant, il lui a légué l’intégralité de son œuvre pour la vendre aux enchères afin de financer l’ouverture d’un centre d’hébergement pour des jeunes garçons sans-abri. Ce rebondissement testamentaire mystérieux, intervenu un mois avant son décès, n’est pas sans indigner Meredith Galarza, Conservatrice en chef du Musée du Livre contemporain, qui entretenait une relation étroite avec l’écrivain et comptait sur son engagement verbal de lui réserver des dessins en vue d’une exposition dans l’équipement en réhabilitation et extension. Coup de tonerre ! Pour qui ? Pourquoi ?
Le décor est planté. Julia GLASS nous propose de remonter le temps et visiter la mémoire des différents personnages au cœur de ce livre foisonnant. L’écrivaine fait d’hommes et de femmes des personnages romanesques à l’envi. Leur enfance les a marqués d’une empreinte indélébile qui ne va pas manquer de se révéler dans leur vie d’adultes. Sous le vernis se cachent des parcours de vie parfois énigmatiques, de quoi nourrir des histoires qu’elle nous conte à merveille.
Avec l’alternance de deux temporalités, Julia GLASS cadence un roman entre l’actualité du moment, déclinée en journées, et les flashbacks du passé, en années. Sa prose est composée de mille et une anecdotes comme les pièces d’un puzzle que le lecteur va voir sous ses yeux lentement s’assembler.
La plume est généreuse, alanguie, elle nourrit aussi des questions on ne peut plus philosophiques. Connaissons-nous vraiment nos proches, ceux avec qui nous partageons notre vie ? Où les auteurs puisent-ils leur inspiration ? Quelle est la vocation du cinéma ? Entre réalité et fiction, un film biographique doit-il s’en tenir à l’authenticité des faits ou bien imaginer une certaine vérité ? Quel est le sens de l’interprétation de l’acteur dans le rôle qu’il a à jouer ? Jusqu’où doit (ou peut) aller son incarnation ? Un sujet qui n’est pas sans me rappeler la lecture très récente du dernier roman de Maylis de KERANGAL « Un monde à portée de main » en quête de la signification de la copie, de la reproduction. Il semble bien qu’il n’y ait pas que l’écaille de tortue qui rassemble ses deux écrivaines !
Le rythme est lent, on se prend à inviter dans notre quotidien les personnages du roman, à les côtoyer pendant quelques jours et à se surprendre d’avoir hâte de les retrouver la nuit tombée, un peu comme s’ils faisaient partie de la famille.
A peine ce livre refermé, je crains déjà de me sentir abandonnée…

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