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2019-01-25T07:00:00+01:00

Quand une éditrice se livre... Portrait de Caroline LAURENT

Publié par Tlivres

 

Immense joie d’engager un nouveau partenariat avec Page des Libraires. Place cette année aux interviews d’éditeurs et libraires.

C’est avec un plaisir non dissimulé que je vous propose de faire plus ample connaissance avec Caroline LAURENT.

Quand une éditrice se livre... Portrait de Caroline LAURENT

Comment êtes-vous devenue éditrice ?

En lisant votre question, un souvenir marquant m’est revenu. Je devais avoir onze ou douze ans et faisais alors de la danse à un rythme très soutenu. Un jour, mon professeur s’est approchée de moi et m’a demandé, d’un air faussement dégagé, dans quel domaine je voulais travailler plus tard. Je lui ai répondu : « Soit dans la danse, soit dans les livres. » Le tourbillon des études littéraires m’a ensuite happée ; j’apprenais, je travaillais, sans véritablement me poser de questions. Jusqu’au jour où, après une incroyable année en Italie, il a bien fallu réfléchir à la suite. J’ai découvert qu’il existait un master d’édition à la Sorbonne – je ne savais rien du métier et encore moins du milieu. Mais l’idée de faire des stages me plaisait. Je voulais voir à quoi ressemblait la vie active. Mon premier stage aux éditions Lattès a été déterminant. J’ai découvert l’accompagnement des auteurs, les échanges sur le texte, la chaîne du livre, l’excitation au moment des parutions… J’étais éblouie. Cependant, je ne pensais pas encore à candidater ou envoyer des CV pour être embauchée… Et c’est Karina HOCINE (des éditions Lattès) qui m’a appelée durant mon année d’agrégation, alors que je courais entre deux couloirs de l’université : elle cherchait quelqu’un, et si je voulais, le poste était pour moi. Je suis donc devenue éditrice parce que j’ai renoncé à une carrière de danseuse, que je suis partie en Italie, que j’ai fait des stages et que quelques personnes ont cru en moi quand j’avais 20 ans.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ? (Racontez-nous aussi une petite anecdote)

J’ai un mot fétiche : la joie. Ce qui me plaît, et ce que je cherche, dans ce métier, c’est très exactement cela : la joie. 

Copyright Emmanuel DELBERGUE

Copyright Emmanuel DELBERGUE

C’est un sentiment profond, qui vous met en phase avec vous-même. La beauté des textes ; la naissance d’un écrivain ; le travail sur la maquette, le choix du papier ; la complicité qui se crée avec les auteurs ; l’amitié parfois, souvent ; les échanges avec les lecteurs ; les moments en librairie ; l’émotion que provoque un livre. Voilà, c’est simple, mais essentiel. Lorsque je lis pour la première fois un manuscrit et que mon cœur s’affole, que je ressens de l’amour pour le texte, j’ai l’impression d’être invincible. Méfiance, tout de même. Il m’est arrivé de foncer tête la première dans un mur, au sens propre : souvenir d’une course en chaussettes dans le couloir de mon appartement pour écrire à un auteur dont le texte m’avait subjuguée. Une glissade mémorable…

Aux éditions Stock, comment choisissez-vous les manuscrits que vous éditez ?

J’ai la chance d’avoir une grande souplesse dans mon travail. Mais la sélection, qu’il s’agisse de littérature blanche, de polars ou de documents, repose sur les mêmes principes : la qualité du texte, sa portée, ce qu’il provoque en moi. Je suis mon instinct.

 

Que se passe-t-il entre le moment où un manuscrit arrive chez vous et celui où il est publié ?

Si le manuscrit est accepté, commence alors le travail avec l’auteur. Ces échanges peuvent durer des mois, parfois un an. Une fois le texte abouti, on l’envoie en fabrication pour créer des épreuves qu’on relit, qu’on corrige encore, jusqu’à donner le bon à tirer final. En parallèle, nous présentons l’œuvre aux équipes commerciales, à la presse, aux blogueurs. Et vient un jour où l’on trouve le livre en librairie, sur une table ou en vitrine…

Vous avez lancé en janvier 2019 une nouvelle collection de fiction : « Arpège ». Pourquoi ?

Pour répondre aux nouveaux défis du marché et incarner, chez Stock, un autre visage de la littérature française et francophone contemporaine. C’était un désir de Manuel CARCASSONNE, le P.D.G. de la maison, et c’est devenu un projet collectif, porté par toute l’équipe. L’objectif est de surprendre, emporter et émouvoir les lecteurs !

Parlez-nous de votre catalogue de la rentrée littéraire de janvier 2019 !

Deux titres sont à l’honneur pour le lancement d’Arpège. D’abord "Les Heures solaires" de Caroline CAUGANT, un très beau roman familial qui met en scène trois femmes unies par les secrets d’une rivière. On suit le fil de l’eau pour remonter le cours du temps, on se laisse happer par les atmosphères sensorielles, la mémoire impossible des héroïnes, le phrasé mélodieux de l’auteure. L’autre roman est signé Théodore BOURDEAU et s’intitule "Les Petits Garçons". Ce bijou de tendresse et d’humour retrace l’amitié de deux petits garçons, de l’enfance à l’âge adulte, en passant par la crise de l’adolescence, qui tâchent malgré la violence du monde de rester fidèles à eux-mêmes.

Quel rapport établissez-vous avec les premiers romans ?

Je crois que l’ensemble du monde littéraire est sensible aux premiers romans. Les éditeurs, les libraires, les lecteurs… Et bien sûr les auteurs, qui y mettent tant d’énergie et de liberté. La grâce des premières fois est sacrée (sacralisée, peut-être). Découvrir un écrivain, c’est devenir aventurier et explorateur. L’ivresse est totale !

Quel est votre dernier coup de coeur ?

Justement… Un premier roman que je publierai à la rentrée littéraire 2019. Je l’ai adoré ! Un roman virtuose, vivant, tourbillonnant même, d’une maîtrise remarquable. Il y est question d’amour blessé, de jeunesse, d’Italie, d’écriture et de traduction… Une merveille. Son auteure est une jeune femme dont je vous invite à retenir le nom : Romane LAFORE.

Quel livre lisez-vous en ce moment ?

"Vigile", de Hyam ZAYTOUN.

Qu’est-ce que vous apporte la revue PAGE ?

Vous avez pris votre journée ?... Je pourrais parler de PAGE pendant des heures. Grâce à PAGE, j’ai rencontré des libraires d’exception et des personnes de grande valeur – certains sont devenus des amis, ils se reconnaîtront. Grâce à PAGE, j’ai découvert des auteurs, mais plus encore, j’ai découvert un esprit. Ouverture, écoute, rigueur professionnelle, enthousiasme, sensibilité, partage… C’est la vie du livre telle qu’elle devrait toujours être. Enfin, grâce à PAGE, j’ai vécu l’un de mes plus beaux moments, en présentant sur la scène de la BNF le roman "Et soudain, la liberté", co-écrit avec ma chère et regrettée Évelyne PISIER.

 

L'occasion de faire un petit clin d'oeil aux 68 Premières fois, votre roman faisait effectivement partie de la sélection 2017 ! Il est aussi le lauréat du

Prix Première Plume

et du 

Prix Marguerite Duras.

Nous avons hâte de découvrir votre deuxième roman mais vous reviendrez nous en parler bien sûr !

Avant de se quitter, petite visite guidée de votre bureau...

Sur la bord de la fenêtre, les chouchous de la rentrée littéraire de janvier... les premiers que l'on espère d'une longue série !

 

Et puis, là, trône de toute sa splendeur, un dessin original de Simone VEIL offert par Pascal BRESSON, auteur du roman graphique paru chez MARAbulles : "Simone VEIL, l'immortelle" avec cette maxime qui vous touche énormément :

"Celui qui combat peut perdre. Mais celui qui ne combat pas a déjà perdu."

 

Quelle plus belle icône pour accompagner votre parcours !

Merci infiniment, chère Caroline, d'avoir accepté de répondre à mes questions.

Le bal de la rentrée littéraire de janvier est lancé, la merveilleuse farandole de la collection Arpège engagée,

"Et bien, DANSEZ maintenant !"

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commentaires

K
Intéressant ! Même si je n'ai pas beaucoup lu de livres de cet éditeur et que je lis de moins en moins d'auteurs français, j'apprécie de découvrir une éditrice pleine de vie et passionnée par son travail.
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