La plume de Anne PLANTAGENET, je l'aime beaucoup. Il y a eu "Nation Pigalle", "Appelez-moi Lorca Horowitz", et puis "Trois jours à Oran".
Le titre du tout dernier roman de l'écrivaine annonce le sujet. Une nouvelle fois, nous allons partir à la découverte de ses origines, celles-là sont maternelles.
C'est en 1923 que la famille Moreselli du Frioul-Vénétie julienne à une cinquantaine de kilomètres de Trieste franchit les Alpes. Son grand-père, Alfredo Placido, n'a alors que 12 ans quand ses parents décident de quitter leur terre pour s'établir en France comme beaucoup d'autres compatriotes. Les Italiens sont nombreux à tenter l'aventure. Très vite, les procédures administratives sont engagées, quatre ans plus tard, ils obtiennent la naturalisation. Avec elle, de nouveaux prénoms, une nouvelle identité, une nouvelle vie aussi !
J'avais été profondément touchée par le voyage de l'auteure avec son père comme un retour aux sources dans son Algérie natale. L'Histoire de ce territoire, comme celle des hommes, me fascine, une Histoire pourtant largement méconnue alors qu'elle est une partie de notre propre Histoire à nous aussi, une Histoire que beaucoup aimeraient oublier mais qui nécessite d'être transmise aux jeunes générations pour savoir d'où elles viennent.
Là, la migration est organisée dans un tout autre contexte, économique celui-là. Anne PLANTAGENET le précise dès les premières pages, elle ne laissera pas les mêmes traces dans les esprits des descendants.
J'ai été profondément attendrie par les relations qui l'unissent à sa mère. Une grande partie du roman est dédiée à cette femme, largement occupée par les tâches ménagères, un moyen peut-être de fuir la réalité. Laver les légumes, cuisiner... permet de tourner le dos à sa propre fille si curieuse de connaître son passé.
Mais cette femme, qu'on le veuille ou non, est impactée par l'histoire familiale, un cocon exilé, déraciné, qui a fait sienne la culture française. Les Italiens, à leur arrivée, avaient tous décidé d'apprendre la langue, reniant de fait la leur, tirant un trait sur l'italien maternel, une volonté affichée jusque dans leurs prénoms francisés.
La France les aspire, les absorbe, les avale. P. 51
Ce roman est aussi l'occasion de parler des souvenirs, ceux-là mêmes qui s'inscrivent dans notre mémoire, formatés par un inconscient qui travaille à leur redimensionnement.
Les lieux qu'on a connus enfant semblent toujours sacrément rétrécis le jour où, des années plus tard, on décide de les revoir. P. 179
Une nouvelle fois, je suis tombée sous le charme de la plume de Anne PLANTAGENET, empreinte de tendresse, de bienveillance et d'amour à l'égard de ses parents. Elle sait mettre les mots sur une relation qui malheureusement s'éteindra avec leur génération et qui rend précieux chaque instant partagé.
Sa voix résonne en moi. J'éprouve toujours une profonde sensibilité à lire l'histoire de sa famille et découvrir la sienne comme autant de parenthèses qui donnent au propos un caractère universel. C'est mon #mardiconseil.
Je participe au
orchestrée de jolie manière par notre amie Joëlle, retrouvez mes lectures
La mer monte de Aude LE CORFF
Les miroirs de Suzanne de Sophie LEMP
Edmonde de Dominique DE SAINT PERN
D'origine italienne de Anne PLANTAGENET
Anatomie d'un scandale de Sarah VAUGHAN
Vigile de Haym ZAYTOUN
Nous aurons été vivants de Laurence TARDIEU
Médée chérie de Yasmine CHAMI
Personne n'a peur des gens qui sourient de Véronique OVALDE
Le rituel des dunes de Jean Marie BLAS DE ROBLES
Celle qui marche la nuit de Delphine BERTHOLON
La nuit se lève d'Elisabeth QUIN
Ce qui nous revient de Corinne ROYER
Les heures solaires de Caroline CAUGANT Coup de coeur
Etat de nature de Jean-Baptiste de FROMENT
Piano ostinato de Ségolène DARGNIES
et plein d'autres encore !
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