Je suis une fidèle maintenant de cette maison d'édition, pour mon plus grand plaisir il faut bien l'avouer, tous les romans y sont remarquables.
Il y a la collection à la charte graphique si singulière. Je me souviens de ces lectures : "Le poids de la neige" de Christian GUAY-POLIQUIN, "Juste une orangeade" de Caroline PASCAL, "Les déraisons" d'Odile d'OULTREMONT (énorme coup de coeur), "Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien SPITZER (nouveau coup de coeur découvert avec les 68 Premières fois). Justement, restons un instant avec Sébastien SPITZER, cet auteur qui donnerait tout pour promouvoir sa maison d'édition et n'hésite pas à montrer ses premières de couverture, toutes aussi séduisantes.
C'était à Senlis au Salon du livre le 2 juin dernier : "Sous les pavés les livres", un moment inoubliable.
Et puis, il y a ma dernière lecture, celle d'un roman noir signé Denis LEPEE, une découverte pour moi même s'il a écrit bien d'autres romans. Faute avouée à demi pardonnée n'est-ce pas ?
Et même si ce roman se distingue par sa première de couverture, il s'inscrit dans la ligne éditoriale de la maison et évoque un certain rapport au monde.
Je vous dis quelques mots de l'histoire :
Tommaso Mac Donnell, le narrateur, est un archéologue des fonds marins. Nous sommes en mai 2017, il s'envole pour Helsinki. Hanté par les fantômes de sa femme et sa fille disparues l'année dernière, il n'a pas hésité bien longtemps à l'appel d'un de ses amis de jeunesse, Mika, aujourd'hui maire de Kotska portant un projet d'éoliennes offshore, Illatar. Il faut dire qu'un lien tout particulier unit les deux hommes. Dès son arrivée dans la petite bourgade au bord du Golfe de Finlande, il est interpellé par un mouvement écologiste opposé au projet. Et puis, quelques jours après, un article sur lui est diffusé dans la presse. Il semble bien que sa venue pour auditer le projet soit des plus sensibles. Son intervention saurait-elle faire émerger un passé que certains pensaient englouti à jamais ?
Ce roman est un page-turner, une pépite.
Quand Lisa LIAUTAUD parle avec gourmandise de ses livres qui donne à voir une certaine histoire du monde contemporain, peut-être pense-t-elle tout particulièrement à celui-là.
Il faut dire qu'il sait explorer un domaine qui suscite beaucoup de convoitises aujourd'hui. Les terres n'offrant plus assez d'espaces sur Dame planète pour permettre l'installation de nouveaux équipements de production énergétique, l'Homme s'intéresse tout naturellement aux mers et autres océans. Pourquoi ne pas aller conquérir ses territoires marins, là où personne ne vit, enfin presque ?
Denis LEPEE aborde ainsi un sujet sociétal. Passionnée par le développement durable, je dois bien dire que je m'y suis plongée avec curiosité.
Mais ce n'est pas tout, non, l'écrivain a choisi comme terrain de jeu le Golfe de Finlande, celui-là même qui fait office de frontière avec la Russie, un voisin des plus intéressés par cette porte ouverte sur le monde. Le roman prend une dimension géopolitique extrêmement intéressante et montre à quel point les intérêts sont stratégiques et les puissants prêts à tout pour arriver à leur fin. Et ce n'est pas d'hier !
Ce roman, il est aussi, historique. C'est dans le Golfe de Finlande que s'est déroulée la Bataille de Svenskund opposant alors Suédois et Russes. Nous étions en juillet 1790. Plus de 300 navires s'y sont opposés, une centaine a coulé, offrant un véritable cimetière marin sous le coup de mesures de protection. La plongée y est interdite mais c'est sans compter sur la volonté du Maire de Kotska de mener à bien son projet coûte que coûte.
Voilà rapidement brossé le tableau d'un roman dont je ne voudrais pas vous en dire plus, à moins de déflorer l'intrigue. Je peux toutefois vous dire qu'il réunit toutes les composantes du roman noir qui ne va pas manquer de vous plonger dans un livre glauque et mystérieux à l'image du climat qui règne dans cette partie du monde et qui devient à lui seul un véritable personnage.
Le vent était tombé, mais une pluie fine et glaciale recouvrait à présent la ville, effaçant la limite entre le ciel et l'eau, et plongeant toute la côte dans une bulle fantomatique. P. 99
Denis LEPEE décrit à merveille cette histoire ponctuée de rebondissements. Le suspense y est entier et haletant. L'écriture y est fluide, saisissante, dramatique aussi. Bref, c'est un roman à découvrir absolument.
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