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2018-03-30T06:00:00+02:00

Une mère modèle de Pierre LINHART

Publié par Tlivres

Editions Anne Carrière


Après "Eparse" de Lisa BALAVOINE lu récemment, je renoue avec un roman familial, et là, c'est Version Femina qui m'en donne l'opportunité, qu'elle en soit remerciée !


Cette lecture s'inscrit donc dans le "Coup de coeur des lectrices" du mois d'avril.
 



Je vous dis quelques mots de l'histoire :


Florence est maître de chant à l'Opéra Bastille de Paris. Elle est mariée depuis 17 ans avec William, d'origine nigériane, qui part régulièrement en sessions auprès de la New York University. Ensemble, ils ont eu un fils, Joachim, 10 ans. Les relations mère-fils sont tendues, le père absent ne peut assurer la régulation et arrive un nouveau personnage, Moussa, d'origine sénégalaise, un copain de Joachim. Ils ont le même âge, un soir Joachim demande à sa mère si Moussa peut rentrer de l'école avec lui. Très vite, l'habitude est prise et Moussa prend toute sa place dans le foyer. Quand William rentre des Etats-Unis, il voudrait pouvoir profiter de son fils, occupé avec Moussa, et de sa femme, particulièrement attentionnée à ce nouvel enfant. Moussa devient la source des conflits familiaux. Là, se joue un tout nouveau scénario ! 


Dans ce premier roman, Pierre LINHART dresse le portrait d'une famille chahutée, comme beaucoup d'autres, par l'éloignement professionnel. Qui ne connaît pas des hommes et des femmes se répartissant, bon an mal an, la garde des enfants, non pas en version alternée dans les familles séparées mais en version obligée par le travail qui amène l'un des parents à quitter le foyer sur des périodes plus ou moins longues et des périodicités plus ou moins régulières ? Ce que vivent Florence et William est une réalité sociale contemporaine qui ne manque pas de rebattre les cartes en matière d'autorité parentale. Les nouvelles technologies ont beau être là, Skype ne remplacera jamais la présence du parent absent au quotidien.

 

Il dénonce aussi cette course effrénée que mène à égalité parfois, père et mère, ayant accédé à des postes à responsabilité. Ainsi, alors que l'un ou l'autre il y a 20, 30 ou 40 ans, sacrifiait sa vie professionnelle au profit de sa vie familiale et acceptait de suivre l'époux.se là où il.elle déménageait. Aujourd'hui, l'égalité homme/femme crée de nouveaux rapports dans les couples et il n'y a plus de raison, notamment économique, que l'un ou l'autre renonce à son propre parcours professionnel. Florence et William nous en livre une représentation sarcastique. 


Mais, avouons-le, comme la situation est relativement récente dans notre société, et bien, nous avons sous nos yeux une femme sans cesse sur le fil du rasoir, torturée par la culpabilité de négliger son enfant au profit de son métier, hantée par le faux-pas lors de ses interventions professionnelles. Le nouveau modèle qui s'offre aux femmes aujourd'hui, aux mères de surcroît, engendre des doutes, des hésitations, des tâtonnements, et puis, des prises de risques, conscientes ou irraisonnées. Florence s'offre quelques parenthèses qui lui reviennent en pleine figure, comme un boomerang, sous le regard de son mari, avec le risque que la pression, un jour, soit trop forte :


Elle était à la lisière de la folie et elle sait que ce n’est pas si différent d’un état normal. Juste une exacerbation des sens, une accélération des pensées, une déformation du jugement. P. 192

Ce roman évoque aussi le deuil avec la disparition, pendant l'enfance, d'un frère, d'une soeur. Florence et Moussa partagent ce point commun qui les lie et leur offre une complicité aux dimensions singulières, illisibles pour celles et ceux qui n'ont pas vécu un tel traumatisme. Il y a, dans l'enfant qui reste, un besoin irrépressible de ressembler à celui qui est décédé :
 


Dire qu’il faut rester soi, retrouver le soi d’avant, alors qu’on aspire à devenir l’autre, mieux que l’autre, pour combler la perte et réparer les cœurs meurtris. P. 137

Un nouveau caillou s'est glissé dans la chaussure de Florence !


La narration à la 3ème personne du singulier met le.a lecteur.rice dans la position d'observateur.rice et l'interroge sur ses propres repères, sa philosphie d'une vie à deux, son approche personnelle de l'éducation des enfants. Il questionne sur "Une mère modèle" aujourd'hui. Je vous l'accorde, la question est récurrente, mais elle permet, par effet de miroir, de nous interroger sur le père modèle, qu'en est-il ? C'est là, me semble-t-il, que réside l'originalité de ce roman, une bien belle opportunité de replacer le débat au juste niveau. 


La plume de Pierre LINHART est fluide, tendre et délicate. Elle se prête parfaitement au propos descriptif auquel l'écrivain, par ailleurs, scénariste et réalisateur, se livre. Je referme le roman avec une multitude d'images, nul doute qu'il pourrait être adapté au cinéma.
 

Ce roman concourt au Challenge de la Rentrée Littéraire organisé par le blog "Aux bouquins garnis" :

comme :

- Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK

- Une vie minuscule de Philippe KRHAJAC

- Une longue impatience de Gaëlle JOSSE Coup de coeur

- Tristan de Clarence BOULAY

- Un funambule d'Alexandre SEURAT

- Juste une orangeade de Caroline PASCAL

- Les déraisons d'Odile d'OULTREMONT

- Pays provisoire de Fanny TONNELIER

- Une verrière sous le ciel de Lenka HORNAKOVA CIVADE

- Le cas singulier de Benjamin T. de Catherine ROLLAND

- L'Attrape-souci. de Catherine FAYE

- Bénédict.de Cécile LADJALI

- L'atelier des souvenirs.d'Anne IDOUX-THIVET

- La nuit je vole de Michèle ASTRUD

- La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose de Diane DUCRET

- L'homme de Grand Soleil de Jacques GAUBIL

- Les rêveurs d'Isabelle Carré

- Eparse de Lisa Balavoine

- Un regard de sang de Lina Meruane

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commentaires

U
J'adore les histoires de famille ! Et un de plus dans la PAL ! Ton blog est une mine :)
Répondre
T
Super

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