Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

2018-03-23T08:09:28+01:00

Le voyage d’Octavio de Miguel BONNEFOY

Publié par Tlivres

 

Rivages

Après « Sucre noir » découvert dans le cadre de la rentrée littéraire de septembre 2017, je renoue avec l’écriture de Miguel BONNEFOY et son univers grâce à Philippe des 68 Premières fois que je remercie tout particulièrement.
 
Tout commence avec l’accostage sur les rives vénézuéliennes d’un navire en provenance de la Trinidad. Nous sommes en 1908. La peste contamine les populations. Un seigneur qui dispose dans son jardin d’un citronnier soigne les malades avec les fruits de son arbre. Dans le cadre du développement de la ville, la maison du créole est rasée, l’arbre abattu, et à la place est construite une église dans laquelle Octavio, un homme simple, illettré, colosse et célibataire, oeuvre à la rénovation d’objets volés par une confrérie de brigands. Le jour où Octavio est désigné pour remplacer un voleur et s’incruster dans la propriété de l’actrice Venezuela qui lui apprend à lire et à aimer, sa vie bascule, peut-être pour le meilleur...
 
Miguel BONNEFOY relate le parcours initiatique de cet homme à travers son pays, un parcours ponctué de rencontres toutes plus enrichissantes les unes que les autres. Entre mythe et réalité, entre rêves et légendes, entre contes et récits... mon coeur balance. J’ai retrouvé avec plaisir l’atmosphère, les paysages, les mystères aussi de « La nonne et le brigand » de Frédérique DEGHELT, un livre lu il y a quelques années mais qui m’a marquée de son empreinte.
 
J’ai adoré tout simplement les passages sur l’apprentissage de la lecture. Tout juste sortie de celle du roman « Illettré » de Cécile LADJALI, j’ai replongé immédiatement et savouré d’accompagner Octavio dans sa découverte des mots. Je me suis laissée littéralement porter par son ivresse de lire.
 
Il faut dire qu’Octavio avait bien conscience de son handicap à ne pas maîtriser la langue écrite et qu’il avait choisi de n’en dire mot.
 


Personne n’apprend à dire qu’il ne sait ni lire ni écrire. Cela se tient dans une profondeur qui n’a pas de structure, pas de jour. C’est une religion qui n’exige pas d’aveu. P. 21

Avec cet apprentissage aux côtés de Venezuela, il a appris à s’en émanciper, à se libérer de cette chape de plomb qui le condamnait au silence.
 
Il y a aussi de très beaux passages sur l’approche des gens pauvres et la surenchère, aggravante, liée à cette impossibilité de poser les mots sur la situation.


Ce n’est pas de vivre dans la misère qui rend misérable, mais de ne pas pouvoir la décrire. P. 23

Octavio s’est inscrit sur la voie de la sagesse au gré des rencontres réalisées lors de ses périples. J’ai profondément aimé de le voir choisir, enfin, sa destinée. Il disparaîtra en homme LIBRE, n’est-ce pas là le projet de chacun ?

La fin est absolument magistrale. Ce premier roman est à lire absolument, une révélation de l'immense talent de Miguel BONNEFOY. A sa publication, les 68 Premières fois n’existaient pas encore mais nul doute que les fées lui auraient réservé une place de choix dans leur sélection.
 

Voir les commentaires

commentaires

M
Tres tentant
Répondre
T
Dans le même registre que "Sucre Noir". Tu l'as lu ? Assurément, une belle parenthèse entre des lectures "coup de poing" !

Girl Gift Template by Ipietoon Blogger Template | Gift Idea - Hébergé par Overblog