Editions aux Forges de Vulcain
Cette maison d'édition, vous la connaissez, n'est-ce pas ? Il s'agit de l'éditeur de Gilles MARCHAND : "Une bouche sans personne" et plus récemment "Un funambule sur le sable". Il y a eu aussi "#Martyrsfrançais" d'Alexis DAVID-MARIE
Son offre est éclectique, surprise assurée à chaque nouveau roman. Celui de Michèle ASTRUD n'est pas pour me contredire.
Michèle, architecte, partage sa vie avec Guillaume, entrepreneur. Ils s'offrent quelques jours de vacances, en montagne. Là se passe quelque chose d'extraordinaire, Michèle est retrouvée au sommet d'une falaise de calcaire. Dans son sommeil, elle s'est envolée, a franchi des sommets. Deux secouristes arrivés en hélicoptère la prennent en charge. Et puis, une autre fois, c'est au sommet de la basilique de la ville qu'elle se retrouve. Guillaume est pris d'inquiétude pour sa femme. Il ne comprend pas ce qui se passe. Il regarde avec suspicion son épouse. Elle, non plus, ne comprend pas. Petite fille, elle était somnambule, mais rien de plus. Bientôt Michèle devient la star de la presse locale qui s'intéresse à ses pouvoirs surnaturels. Et puis, il y a cette proposition, celle d'apprendre à maîtriser ce don. Une toute autre vie commence alors.
Dès les premières lignes du roman, vous êtes transporté(e)s, au sens propre comme au figuré. Qui n'a pas rêvé un jour de voler ? C'est le don qui est donné à Michèle, mais elle ne l'a pas souhaité. Toute la première partie ressemble à un thriller psychologique, de ceux qui vous happent, vous prennent à la gorge et vous tiennent solidement jusqu'au dénouement.
Alors que ce couple vivait de façon fusionnelle, une faille s'immisce dans leur intimité.
La même volonté, les mêmes besoins et ambitions, inséparables, depuis notre rencontre et jusqu'à présent. Et brusquement, une déchirure. P. 19
La vie de ce couple est chahutée par les événements nocturnes que vit Michèle. La spirale infernale s'emballe.
Ce roman, c'est un conte onirique. L'espace d'une lecture, vous voilà replongé(e)s dans les brumes de l'enfance, porté(e)s par la magie féerique. C'est un voyage fantastique que nous offre Michèle ASTRUD avec ces escapades nocturnes qui permettent, comme par enchantement, de se retrouver dans des sites totalement inaccessibles. Naturels ou urbains, ils fascinent. Michèle, elle, peut les atteindre, sans heurt, sans blessure, portée par les éléments.
Bien sûr, ce roman ne manque pas de nous interpeller sur les pouvoirs de l'être humain. Relèvent-ils de la simple capacité physique, ou bien, de l'âme ? Et là, nous entrons dans le champ du mystère, voire peut-être de l'ésotérisme. Plus rien n'est rationnel, plus rien n'est scientifique.
Ce roman original allie parfaitement le monde de la réalité et celui de l'imaginaire. Il y a tantôt cette vie, organisée, à la limite de la routine, et tantôt celle composée d'envolées extatiques, de parenthèses parapsychiques. J'aime à penser qu'il s'agit d'une métaphore de l'homme moderne, partagé entre ce que la vie peut lui offrir de confort et d'aisance matérielle et cette aspiration à tout quitter, ce besoin d'émancipation pour ne garder que l'essentiel.
J'ai beaucoup aimé tous ces passages en souvenir du grand père, un homme épris de nature, sérénité et liberté. Petite fille, il l'enchantait. Avec lui, elle partageait des moments d'intense complicité :
Il riait, c'était si rare, ça ne se produisait que lorsque nous étions seuls tous les deux, jamais quand mes parents étaient là, et il le faisait toujours en silence, discrètement, les rides autour de ses yeux se creusaient, ses dents magnifiques à l'émail intact apparaissaient. P. 186
Avec ce roman, j'ai découvert la plume de Michèle ASTRUD, fluide, poétique, rythmée par des fulgurances, pleine de suspens. Sa singularité a sû me captiver, je crois que je vais rechuter !
Je voudrais dire un mot pour la première de couverture. Aux Forges de Vulcain, elles sont toujours pleines de fantaisie, celle-là peut-être un peu moins que les autres mais ô combien révélatrice de la légèreté de l'être.
Enfin, impossible de vous quitter sans évoquer une très jolie chanson, celle de Calogero dont le titre comporte un brin de ressemblance avec celui du roman de Michèle ASTRUD : "Voler de nuit". En réalité, les similitudes sont beaucoup plus grandes ! Ecoutez et laissez-vous porter par la magie de l'instant !
Ce roman concourt au Challenge de la Rentrée Littéraire organisé par le blog "Aux bouquins garnis" :

comme :
- Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK
- Une vie minuscule de Philippe KRHAJAC
- Une longue impatience de Gaëlle JOSSE Coup de coeur
- Tristan de Clarence BOULAY
- Un funambule d'Alexandre SEURAT
- Juste une orangeade de Caroline PASCAL
- Les déraisons d'Odile d'OULTREMONT
- Pays provisoire de Fanny TONNELIER
- Une verrière sous le ciel de Lenka HORNAKOVA CIVADE
- Le cas singulier de Benjamin T. de Catherine ROLLAND
- L'Attrape-souci. de Catherine FAYE
- L'atelier des souvenirs.d'Anne IDOUX-THIVET
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