Editions Dupuis, collection Aire libre
Trouver une BD dans une bibliothèque est toujours un exercice difficile pour moi, allez savoir pourquoi ?
Impossible de trouver un(e) auteur(e), un titre. Alors, maintenant, j'ai trouvé la solution, ne pas avoir de références en tête, déambuler dans les rayonnages et se laisser happer par une BD qui dépasse, une qui est rangée différemment, une qui s'offre à moi tout simplement.
Et samedi, la magie a opéré ! J'ai découvert la BD "Prévert, inventeur" dessinée par Christian CAILLEAUX et dont le scénario a été monté par Hervé BOURHIS. Une pépite !
Consacrer une BD à Jacques PREVERT, avouons que l'objet est de prédilection. Il s'agit du tome 1, qui retrace la vie du poète de 1921 à 1930.
Tout commence à Constantinople, en 1921. Il n'a alors que 21 ans. Il réalise en Turquie son service militaire.
A son retour sur Paris, il fréquente la librairie d'Adrienne Monnier. Tiens, tiens, celle-là même que fréquentait Edmond Charlot. Vous vous souvenez ? Kaouther ADMINI lui consacre son roman : "Nos richesses", Prix Renaudot et Prix du Style 2017.
Il côtoie André BRETON, Louis ARAGON, Robert DESNOS, tous ces intellectuels aux discussions animées et soirées enivrées. Nous sommes en pleine période du surréalisme.
Le café de Flore y accueille tous ces passionnés de cinéma, théâtre, littérature. Ils partagent un esprit "indéfinissable" !
Jacques PREVERT, comme les autres artistes, créent, expérimentent... c'est ainsi qu'ils inventent le cadavre exquis !
On le quitte quand il publie "Dîner de têtes" dans la revue "Commerce" de Gallimard. Nous sommes alors en 1931. Jacques PREVERT se revendique cinéaste.
Cette BD est splendide.
Outre le fait qu'elle dresse la biographie d'un personnage hors du commun dans une période où le vent de l'avant-garde donne un nouveau souffle à des hommes qui imaginent un monde différent, elle est particulièrement séduisante à regarder.
Le graphisme est élégant, coloré, il évoque une époque où le raffinement flirte avec l'excentricité, où la fête et les soirées mondaines sont le quotidien des artistes.
Elle révèle un univers parisien à la pointe du changement dans un scénario qui m'a largement rappelé, dans un autre registre, le roman de Gaëlle NOHANT "Légende d'un dormeur éveillé". J'ai pris plaisir à retrouver la trace de Robert DESNOS.
J'ai déjà hâte de lire le 2ème tome. J'ose espérer pouvoir le trouver dans les méandres de ma bibliothèque préférée !
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