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2018-01-02T07:54:53+01:00

Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK

Publié par Tlivres
Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK

Editions Stock



Ce roman de Colombe SCHNECK ouvre le bal de cette rentrée littéaire de janvier 2018 !


L'écrivaine se livre à un exercice littéraire un peu particulier, je vous explique :


Colombe SCHNECK tire le fil de l'existence de sa famille, ses grands-parents, ses parents. Elle part à la recherche de tous les témoins encore vivants qui lui livreront leurs souvenirs pour reconstituer le puzzle de leur vie, ses origines à elle, ses racines. Elle découvre la migration de ses grands-parents paternels, Majer et Paula, devenus Max et paulette, dont les pays n'existent plus. Les territoires de la Transylvanie hongroise, la Galicie polonaise et la Bessarabie russe ont aujourd'hui disparu en tant que tels. Elle relate l'histoire de ses parents aussi, la vie de son père en particulier, Gilbert qui aimait tant sa fille, la première guerre à laquelle il fut confronté, celle de 39-45, la chasse faite aux Juifs, ses études de médecine puis les années en Algérie où il intervenait au moment des "événements".


Ce roman a un petit goût de réparation. La famille a été profondément blessée par ce qui a pû être dit, écrit, publié, diffusé au grand public.  Colombe SCHNECK porte elle-même les traces de cet itinéraire. Elle tient avec ce livre à rendre justice à ses ascendants :  
 


J'ai alors rédigé une lettre un peu grandiloquente et prétentieuse sur la nécessité littéraire d'être au plus juste des faits, de réparer avec mes mots les blessures faites à mon père, à ma famille. P. 104

Colombe SCHNECK admirait son père, comme lui admirait les autres. Il a transmis à sa  fille le besoin de se faire plaisir et de créer des souvenirs, à l'image de ceux que lui-même s'offrira en 1949 lors de sa visite de la Cathédrale de Chartres, émerveillé qu'il est devant la beauté architecturale du site et le bleu des vitraux. Un très beau passage !


L'écrivaine prend de la distance par rapport à son noyau familial pour donner une dimension collective, celle d'une nation, la France. Elle évoque ainsi la grande Histoire à travers deux périodes marquées par de nombreuses victimes. Il y a eu la seconde Guerre Mondiale bien sûr, mais aussi la guerre d'Algérie, celle dont aujourd'hui le passé  est lentement reconstitué par les écrivain(e)s à l'image de Kaouther ADIMI avec "Nos richesses", Valérie ZENATTI avec "Jacob, Jacob"...


Elle rend un formidable hommage à celles et ceux qui ont contribué à sauver des vies juives. Gilbert SCHNECK était un petit garçon de 11 ans quand il a été caché par une famille française et, sauvé.
 


Mon père admirait. Il avait rencontré des héros, il savait que certains ont davantage de courage, de liberté de pensée que d'autres, que nous ne sommes pas tous égaux pour affronter la guerre. P. 61

Elle évoque la guerre d'Algérie comme les Français la connaissent peu. 
 


Gilbert a beaucoup lu sur l'Algérie, avant de débarquer, son opinion est faite, il est pour l'indépendance. Il a été horrifié par la répression des manifestations de nationalistes algériens le 8 mai 1945 à Sétif. P. 119

Gilbert, tout jeune médecin, réalise son service militaire à Sétif. Nous sommes en 1959. Il y reste 30 mois. Il participe aux campagnes de vaccination et d'hygiène dans la Cité Bizard, là où la mortalité y est précoce. Il y déplore le manque de soins.


Mais l'écriture de ce roman ne saurait cacher une autre guerre, celle de l'intime. Colombe SCHNECK a mis 25 ans à accepter la mort de son père, à se dire qu'il ne reviendra pas et à s'autoriser, à son tour, à être de nouveau aimée. Ce  roman est une très belle preuve d'amour faite à son père, un homme qu'elle vénérait et avec qui, depuis sa plus tendre enfance, elle a partagé un très grand amour. L'auteure a profondément souffert de son absence, de ce manque et par la voie de l'écriture, c'est le chemin de la résilience qui s'offre enfin à elle. Cet exercice littéraire a la saveur de la libération, même s'il lui réserve quelques surprises...


J'étais, alors, innocente, je pensais que connaître la vérité serait bien pour ma grand-mère, ma famille, la mémoire de mon père, et que tout le monde serait d'accord avec moi, m'encouragerait, m'applaudirait même. P. 102

Ce roman ressemble, à bien y regarder, à celui de Marie BARRAUD "Nous, les passeurs". C'est vrai mais chaque famille est unique. Toutefois, ces livres nous éclairent encore une fois sur la relation qui peut lier un père à sa fille !

Je tiens à remercier la maison d'édition et Netgalley pour cette mise à disposition d'un roman qui marquera ma mémoire.

 

Ce roman concourt au Challenge de la Rentrée Littéraire de janvier 2018 organisé par le blog "Aux bouquins garnis"

 

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commentaires

U
Auto-fiction? c'est un genre dont je ne raffole pas, mais depuis longtemps Colombe Schnek m'intrigue, alors pourquoi pas ! Merci de ta participation !
Répondre
T
Moi non plus, pour tout te dire, mais là, c'est très bien construit, et puis, il y a certes les guerres de son père, mais il y a aussi la sienne !

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