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2018-01-09T07:00:00+01:00

Juste une orangeade de Caroline PASCAL

Publié par Tlivres
Juste une orangeade de Caroline PASCAL

Editions de l'Observatoire
 


Caroline PASCAL n'en est pas à son premier roman et pourtant, j'étais passée à côté de cette plume. Avec "Juste une orangeade", je viens de repérer le talent d'une écrivaine dont je vais suivre l'actualité de très près, je puis vous l'assurer.


Raphaëlle , la narratrice, est mariée. Avec Marc, elle a eu deux enfants, devenus grands aujourd'hui. Pauline est étudiante, tout comme Charles qui est en train de s'installer à Singapour pour une année de césure. Son père est avec lui. C'est à ce moment que là que la mère de Raphaëlle disparaît. Plus de nouvelle. Aucune. Bien sûr, elle a sa vie, mais quand même. Elle aurait dû quitter sa résidence secondaire pour rentrer à Paris mais elle demeure introuvable, tant en Normandie que dans la capitale. Raphaëlle, qu'un rien déstabilise, prend peur. Et si... Elle met son entourage sens dessus-dessous. Son mari reste tente de dédramatiser la situation mais il est loin. Raphaëlle va trouver du soutien ailleurs. Commence alors une course effrennée, une quête de la vérité, mais quelle vérité ?


Ce roman, autant vous le dire tout de suite, à peine les premières phrases lues, vous ne pourrez plus le lâcher. C'est un page-turner, de ceux qui vous happent, vous agrippent... jusqu'à la fin !
Très vite, vous êtes en empathie pour cette femme. L'absence de cette mère l'étreint, l'angoisse, la tourmente, tous ses sens sont en alerte. Cette disparition, qui n'en est pas encore une, mais qu'elle présume, lui occupe l'esprit, le corps. Elle ne vit plus que pour cette quête. Elle est en décalage complet avec son environnement qui, lui, poursuit sa vie. 


Chacun suivait le cours d'une vie sans surprise alors que la sienne était suspendue au-dessus du vide, envahie par l'absence. P. 45

Avec ce roman, et notamment les titres des chapitres, chacun sentira bien la pression du compte à rebours. Chaque minute est précieuse... Avec la minutie des services de police, le lieu, l'heure, les personnes concernées sont scrupuleusement déclarées. L'heure est grave, c'est certain. Impossible, vous me comprendrez, de ne pas adopter le rythme de Raphaëlle. Un peu comme dans les galeries de métro de la capitale, il est bien difficile de ne pas précipiter son allure pour caler ses pas sur ceux des Parisiens. Et bien là, vous allez vous retrouver piéger à vivre chaque minute comme si c'était la dernière !


Ce roman parle de l'absence. Avec le roman de Gaëlle JOSSE "Une longue impatience", c'est une mère déchirée par celle de son fils. Avec Caroline PASCAL, c'est la fille qui est rongée par celle de sa mère. Il est profondément troublant d'explorer cette dimension fille/mère dans ce sens-là. La littérature est particulièrement riche d'épreuves dans le sens descendant des générations mais là, toutes les cartes sont rebattues. Bienvenue dans le monde d'adultes, de deux générations autonomes, indépendantes, qui mènent leur vie, et qui pourtant, restent, à la vie à la mort, liées par la filiation. A laisser la liberté à chacun, les êtres sont devenus des inconnus les uns pour les autres :
 


A ne rien chercher à savoir, elle avait perdu le fil et errait aujourd'hui dans le dédale d'une existence impénétrable. P. 131

J'ai beaucoup aimé la définition donnée par Caroline PASCAL au statut de mère :
 


Pas certaine d'avoir jamais réussi à être vraiment une et indivisible, à la fois toujours multiple, pleine de ceux qu'elle aimait et incomplète, amputée de ceux qui manquaient. C'était peut-être ça, être mère, ne plus jamais être seule en soi, une sorte de schizophrénie inquiète. P. 223

Et puis, passionnée par l'urbanisme et ce que les logements peuvent dire de nous, j'avoue avoir été séduite par l'approche réalisée par l'auteure de ces lieux que l'on habite et qui en disent long sur nous, pendant, et après notre passage. 
 


En entrant, elle fut saisie par l'odeur de sa mère, un mélange de parfum, de poudre et de laque, comme si elle venait de se préparer pour sortir. [...] Elle avait l'habitude de ces appartements désertés par la vie qui en gardaient pourtant l'évocation la plus intime, l'exhalaison du passé. P. 53

La plume de Caroline PASCAL, je l'ai découverte avec ce roman. Elle est fluide, rythmée, il y a urgence, les phrases sont courtes, percutantes, énergiques... jusqu'aux dernières pages porteuses du dénouement. Une lecture "punchy" !
 

Ce roman concourt au Challenge de la Rentrée Littéraire organisé par le blog "Aux bouquins garnis" :

comme :

- Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK

- Une vie minuscule de Philippe KRHAJAC

- Une longue impatience de Gaëlle JOSSE Coup de coeur

- Tristan de Clarence BOULAY

- Un funambule d'Alexandre SEURAT

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commentaires

U
Une belle découverte, j’aime le thème de la disparition. As-tu lu «  Summer » de Monica Sabolo? Une adolescente disparaît ...c’est aussi un très bon livre.
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T
Summer, oh, il est dans ma PAL, ma fille me l'a confié, je ne vais bientôt plus pouvoir résister !!!

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