Tout commence au Maroc, Anne-Angèle, une jeune femme, française, y est infirmière. Alors qu’elle soigne un patient, elle apprend par télégramme que sa soeur, Mathilde, est dans le coma suite à un accident. Il profite de ce moment de désarroi pour la mordre. Il est malade de la syphilis, une maladie du sang. Mathilde décède. Marie-Angèle découvre à Paris les secrets de sa cadette, notamment un contrat passé pour l’accueil d’une enfant, Marie, de l'Assistance Publique. Elle décide de prendre la relève de sa soeur et de l’honorer, coûte que coûte. Elle abandonne son pays d’adoption et voue toute son attention à la petite, tout ça sur fond de seconde guerre mondiale. Alors que l’histoire aurait pu rester banale, elle devient une épopée romanesque pleine de rebondissements.
Ce roman est inspiré de l’histoire familiale de l’auteur, Philippe POLLET-VILLARD, il retrace la vie d'une enfant qui va devoir prendre son destin en main pour assurer sa survie et celle de sa mère adoptive. Dans l'impossibilité de vivre plus longtemps dans la capitale, elles quittent Paris pour la Champagne et s'installent dans le petit village de Courcy. Marie va devoir prendre très vite des responsabilités en temps normal dédiées aux adultes, elle va vivre de péripétie en aventure jusqu'à flirter avec le camp allemand. C'est un véritable page-turner.
Il évoque les expatriés en terre colonisée, le sort des hommes et des femmes vivant sous la pression Française, et puis, subitement, les camps sont inversés, la France est occupée et là, c'est au tour de l'occupant de fixer les règles du jeu.
Philippe POLLET-VILLARD fait la part belle aux femmes dans ce roman, des femmes qui n'ont eu qu'elles sur qui se reposer, des femmes éprises de liberté qui souhaitent choisir de leur sort, quitte à en payer le prix fort. Marie évolue entre une femme de principe et une "pute".
C'est ça, la liberté pour une femme, selon Toinette, de pouvoir dire oui ou non. P. 305
Quant aux hommes, ils jouent avec le pouvoir, c'est à celui qui sera le plus fort et en de conflit, paradoxalement, les risques sont plus élevés :
Elle se souvient des paroles de Toinette à propos du danger de fréquenter les hommes lorsque les guerres tirent à leur fin. Cette manie qu'ils ont de vouloir prendre une place héroïque, de rêver leurs initiales fondues dans du bronze, leurs vertèbres dans un coffret au Panthéon. P. 351
Je ne connaissais pas encore l’écriture de Philippe POLLET-VILLARD. Il nous livre un roman empreint d’humanité, fluide et dont j’ai tourné les pages avec avidité, j’avais très envie d’en connaître le dénouement. Il semble que la chronologie des événements historiques tels que rapportés soit chahutée, ce n'est dans tous les cas pas ce que je retiendrais. Nous sommes loin du roman de Valérie TONG CUONG "Par amour", à titre d'exemple, qui, lui, entre de plein fouet dans le registre des romans historiques.
Cette lecture
L'enfant-mouche de Philippe POLLET-VILLARD ****
s'inscrit dans le cadre du Challenge 1% Rentrée littéraire organisé par Délivrer des livres après :
Les huit montagnes de Paolo Cognetti *****
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Nos richesses de Kaouther Adimi ***** Coup de coeur
Et soudain, la liberté de Evelyne Pisier et Caroline Laurent *****
La petite danseuse de quatorze ans de Camille Laurens *****
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Les Peaux rouges de Emmanuel BRAULT ****
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