Il y a des romans dont on sait que l'histoire va nous transporter et/ou que la plume de l'auteur(e) va, une nouvelle fois, nous charmer, il y a ceux dont on ne connait rien mais qui promettent une belle aventure,
Il y a des BD dont on apprécie le graphisme, la couleur et/ou le monochrome, la sensibilité,
Il y a des essais qui vont nous permettre d'explorer un sujet, de le disséquer jusqu'à en conserver la substantifique moelle,
et puis, il a des livres qui relèvent presque de l'inclassable.
"Arbres" fait partie de ceux-là !
Avant même de l'ouvrir, sa présentation inspire du respect, une couverture en noir et blanc surélevée d'un liseré rouge, le raffinement à l'état pur. Et puis, il y a une image, la reproduction d'une encre qui a elle-seule nécessite qu'on s'y attarde, sublime.
Ce livre est assurément un très bel objet, de ceux que l'on aimerait encadrer !
Mais il ne faudrait pas en rester là, non. Il faut l'ouvrir aussi...
Et là, vous découvrez que ce livre entre dans le registre de la poésie, il est composé d'haïkus, ces petits poèmes courts d'origine japonaise, ces "sushis littéraires" ! Ils sont écrits par Patrick GILLET, lauréat de quelques prix dans le domaine comme le 1er prix Haikouest !
Enseignant en écologie, c'est assez naturellement qu'il s'est intéressé aux arbres pour les sublimer par de biens belles phrases. Courtes, elles sont à la fois concises et sources de réflexion. Un haïku, vous pouvez le lire quand vous avez quelques minutes à vous et vous laisser transporter par ce qu'il dégage.
La phrase d'introduction est déjà tout un roman, que dis-je, tout un poème.
Remonter à la racine du visible pour rencontrer l'invisible.
Ce recueil de haïkus est d'une sensibilité extraordinaire. Là, ce n'est pas un livre dont on tourne les pages avec frénésie pour connaître le fin mot de l'histoire, non, là, il s'agit de laisser le charme agir, de s'imprégner lentement de la beauté du propos.
Le chant des cigales
Et le bruissement des branches
Partagent le silence
Et ce n'est pas tout ! Patrick GILLET aime s'associer à d'autres artistes et à co-produire. Pour "Arbres", c'est Marion LE PENNEC, Artiste peintre, qui s'est lancée dans l'aventure et qui, pour chaque haïku, propose une illustration réalisée à l'encre s'il vous plaît.
Je parlais de la couverture tout à l'heure qui pouvait composer à elle-seule un tableau. Et bien, c'est aussi le pouvoir de chaque page que de vous séduire et de retenir votre regard, longtemps, longtemps. Le monochrome sait être puissant, et Marion LE PENNEC nous en donne une nouvelle preuve s'il en était encore nécessaire !
Et la cerise sur le gâteau, c'est la collaboration avec Hideko TROCHET qui a permis à ce recueil d'haïkus de boucler la boucle en offrant la traduction des poèmes en japonais. Les sinogrammes offrent une nouvelle expression graphique du texte, juste magnifique.
Ce recueil de poèmes, vous l'aurez compris, c'est un bijou, le raffinement à l'état pur. Je vous le conseille pour la beauté de l'objet et des sensations.
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