Depuis que j'ai découvert le petit village d'
Oudon située en bord de Loire, dans la région nantaise, je ne taris plus d'éloges... il faut dire que, outre le charme de cette bourgade ligérienne, la culture y est partout représentée avec des sculptures disséminées dans tous les espaces verts.
C'est tout naturel puisque l'association l'O'Cap organise chaque année un symposium de sculpture monumentale dont elle vient de fêter le 16ème anniversaire. C'est dire si des œuvres il y en a ! En métal comme celle de Bilal HASSAN "
Le saltimbanque", en bois avec les réalisations de Stéphane DUFRESNE "Valse à deux" ou Jean-Claude ESCOULIN "
Maternité", en pierre aussi comme "La course" de Vitali PANOK. Bref, si vous déambulez dans le village, vous ne manquerez pas de vous faire surprendre par une sculpture monumentale.
Mardi 15 août, c'était donc la clôture de cette édition 2017, un grand moment pour les 4 artistes ayant remporté l'appel à projets cette année.
Jonathan BERNARD passait les dernières couches de saturateur sur "Hybride", une œuvre qui reflète bien sa création. Il suffit, pour s'en convaincre, de consulter sa galerie et de voir à quel point il excelle dans la maîtrise du bois et la sculpture de ce qui pourrait être vu comme des racines, un élément récurrent dans ses oeuvres. Sa "Mangrove" des Jardins de Brocéliande offre quelques similitudes avec "Hybride".
étangsdArt2016 Jonathan BERNARD Pascal GLAIS
Chaque fois le même matériau mais aussi cette interprétation du mouvement, de la mutation. Autant dire que le thème du 16ème symposium d'Oudon : "L'an 2050" était fait pour lui !
Personnellement, je suis sensible à l'optimisme qu'elle insuffle. Avec ces 3 feuilles qui trônent au sommet de la sculpture, c'est l'image d'un renouveau, d'un développement, de la croissance du végétal qui est illustrée et qui peut, peut-être, être élargie à l'espèce humaine toute entière. Souhaitons qu'il en soit ainsi, 2050 c'est presque demain !.
Mais il ne faudrait pas réduire sa création à ces seules réalisations. Il suffit de faire une petite pause à la Gare d'Oudon qui accueille jusqu'au 27 août prochain une exposition.
Là, vous pourrez y découvrir des tableaux alliant de façon ingénieuse et talentueuse, deux matériaux, le bois et la pierre, plus précisément le pin brûlé et l'argile. Le résultat est tout simplement bluffant, le jeu des couleurs (le noir pour le bois, le marron pour la terre) et des matières a un effet éblouissant. Sobre, épuré, mais tellement fascinant.
Quant à l'homme, c'est encore une autre affaire. Que d'échanges autour du bois, le cèdre en l'occurrence, sculpté, poli, soigné, les nervures et les nœuds qui offrent une beauté exceptionnelle à la matière.
Je tiens à le remercier ici pour sa disponibilité. Ce fut une très belle rencontre avec un homme discret dont le propos est marqué par une certaine pudeur mais aussi empreint d'une profonde humanité.
Je ne peux que vous inviter à suivre son actualité et à croiser son chemin...
Un autre artiste français était toujours au travail : José BARBIER. Là, il s'agissait de pierre, de la sculpture d'un ours, le nanuk de 2050. Il donnait encore quelques coups de burin dans le socle de son animal et poursuivait le travail de polissage hier après-midi. Quelques mots échangés autour de l'évolution de notre planète, c'est un bien beau message qu'il nous envoie avec cet ours tout en chair. Souhaitons qu'il ait raison et que l'espèce survivra aux changements climatiques. Sa sculpture évoluera dans le temps, la pierre verdira légèrement mais il souhaite qu'elle ne soit pas rénovée, comme un témoignage du temps qui passe.
Les deux autres artistes, étrangers, ont quitté les lieux.
L'œuvre de Aktham ABDULHAMID est terminée. Tous ces visages avec des expressions variées ou le portrait interculturel de notre planète en 2050.
Enfin, celle de Li DONLIANG qui, elle, aura encore besoin de quelques heures de travail pour assurer son équilibre. Les modalités pratiques des symposiums en Chine sont un peu différentes et la réalisation de la sculpture est devenue incompatible avec les délais fixés à Oudon. Elle était hier sanglée pour tenir debout mais portait bien la signature de l'artiste, cette plume, magnifiquement sculptée
Et puis, outre les 4 artistes en création qui laisseront leurs œuvres à la commune, ça fait partie des règles du jeu, il y avait aussi deux ateliers pour petits et grands. Il était ainsi possible de s'initier à la forge avec Ludo et à la poterie aussi pendant ces quinze jours. Beaucoup d'échanges avec Ludo qui organise des ateliers participatifs sur Rezé pendant lesquels chacun peut s'initier aux lois de la physique en manipulant.
Pas de grands discours mais un accompagnement dans l'approche de la technique, des explications pour mieux comprendre les réactions du matériau. Là aussi, mais dans un tout autre genre, des valeurs humaines que l'on aimerait voir véhiculées plus largement, un homme qui parle des choses de la vie. Il use des mots comme du matériau, tout en beauté. Respect pour un homme qui aime transmettre, ça se sent, ça s'entend et ça se voit, à l'image de la création d'un jeune homme de 15 ans dont le Papy assurera le transport. Il faut dire qu'elle est légèrement encombrante cette sculpture mais quel joli cadeau en fin d'atelier que de pouvoir remmener chez soi le fruit de sa création.
Ici, il n'y a qu'à FER ! Non, je n'ai pas perdu tous mes repères, FER veut dire ici Forges Electroniques de Rezé, il s'agit en réalité de l'Association de Trentemoult dans laquelle œuvre Ludo. Le jeu de mots est astucieux, comme tous les enseignements du forgeron. Vous êtes peut-être un(e) néophyte dans le domaine, aucun souci, Ludo sait adapter le discours et montrer à chacun que tout est possible. Quelle foi en l'homme, époustouflant
Ouest France/Mercredi autour du feu avec Ludo le forgero_20/07/2016
Je vous ai parlé de l'exposition de la Gare d'Oudon. Et bien, là-bas, j'y ai aussi rencontré une jeune femme, passionnée elle aussi, par la matière. Ses créations sont magnifiques, toutes en élégance, légèreté, raffinement. Elles sont réalisées en verre mais pas avec la technique si souvent médiatisée, non, elle, elle souffle le verre au chalumeau, une technique très rare et hautement exigeante. Dans son atelier, Chloé LEBRETON travaille inlassablement la matière, tantôt teintée dans la masse, tantôt transparente. Et là où elle excelle, c'est dans l'assemblage, ses montages relèvent d'une vision, d'une projection de la création dans l'espace, vivant au gré de la lumière, de l'air... Là aussi, que d'échanges autour de l'artisanat d'art, de la création, mais aussi du métier d'artiste... peut-être une rencontre qui en appellera d'autres !
Ouest France/Chloé Lebreton file le parfait amour avec le verre_09/12/2015
Mais la boucle n'aurait pas été bouclée sans un passage au Château ! Là-bas, devinez quoi, une autre exposition vous y attend. Des sculptures monumentales, encore et toujours, avec d'autres artistes. J'ai été totalement séduite par la "Vénus de Villemoisan" de Bernard RYCKELYNCK. En cèdre, le corps de cette femme drapée est sublime.
Ce symposium aura été une véritable révélation : un village de bord de Loire magnifique, une initiative artistique hors du commun, des artistes disponibles pour échanger avec le badaud, des sculptures monumentales à profusion, bref, un moment inoubliable.
J'ai déjà hâte de connaître le thème retenu pour l'édition 2018 et les dates de l'événement !
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