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2017-08-04T11:00:00+02:00

Agatha de Frédérique DEGHELT

Publié par Tlivres
Agatha de Frédérique DEGHELT
Je suis une inconditionnelle de la plume  de Frédérique DEGHELT, pour celles et ceux qui me suivent, il ne s'agit pas d'un scoop ! Subjuguée par la qualité de l'écriture de "La grand-mère de Jade",  "La vie d'une autre", "La nonne et le brigand" ou bien encore "Les brumes de l'apparence", c'est donc avec un immense plaisir que je me suis plongée dans "Agatha", un roman qui s'inscrit dans la collection "Miroir" des éditions Plon (que je remercie vivement de ce cadeau) qui "a pour ambition de réinventer la vie de grandes figures de l'Histoire, qu'ils soient des artistes, des hommes politiques ou des héros de fiction." 
 
Frédérique DEGHELT a choisi de s'intéresser à un épisode resté mystérieux de la vie d'Agatha CHRISTIE, la reine du polar.
 
Agatha est en deuil, sa mère est décédée il y a quelques mois. Elle est dans la maison familiale au milieu de tous ces objets collectionnés par la personne âgée et dont elle doit se séparer. Le chagrin l'envahit et la peine l'assaille. Elle souhaite trouver du réconfort auprès de son mari Archie qu'elle a épousé il y a une douzaine d'année, le père de leur fille de 7 ans, Rosalind. Malheureusement, c'est à ce moment précis qu'il va décider de quitter sa femme pour vivre une aventure amoureuse avec une plus jeune femme. Agatha ne supporte pas la situation, elle veut reconquérir son mari qu'elle aime passionnément. Prise d'un coup de folie, elle laisse sa voiture sur le bas côté d'un chemin avec quelques effets personnels et disparaît, persuadé que son mari se lancera dans sa recherche à corps perdu et qu'il abandonnera cet amour qu'elle croît éphémère. Là commence alors une toute nouvelle histoire...
 
Autant vous le dire tout de suite, Frédérique DEGHELT se plie parfaitement à l'exercice d'écriture orchestré par Amanda STHERS dans le cadre de cette collection singulière des éditions Plon et nous livre une fiction totalement maîtrisée. L'absence d'éléments laissés par Agatha CHRISTIE elle-même sur les 10 jours qui suivront la nouvelle de la rupture a permis à Frédérique DEGHELT de se laisser porter par son imagination pour nous livrer ce qui pourrait être le récit d'une page de la vie de l'écrivaine.
 
Exilée dans le Yorkshire, recluse dans un hôtel luxueux, Agatha CHRISTIE déroule le fil de sa vie, se ressource dans l'isolement, revisite sa définition propre de l'amour.
 
Après "Les passants de Lisbonne" de Philippe BESSON qui explore le même sujet avec le personnage de Mathieu, j'ai particulièrement aimé partager seule à seule un moment d'intimité avec l'auteure à succès traversant un épisode douloureux de sa vie, sa manière de revisiter le sens de son existence et de vivre le poids de l'absence.


L'absence est une drogue. Elle clarifie le sentiment, elle fluidifie la relation, elle épaissit les profondeurs du désir. L'absence est un monstre qui se nourrit de nos manques et de notre abandon qu'elle modifie. Elle nous guette au détour de l'oubli, elle emporte nos certitudes, elle fait de nos doutes le puissant moteur d'une peur irraisonnée, mauvaise conseillère, elle ne sait pas se taire et transforme ce qui devrait souffrir en silence en un terrain bavard, conquérant, jaloux, inadapté. P. 184/185

Elle aborde aussi la condition des femmes. Nous sommes en 1926, à l'époque, elles vivaient encore dans l'ombre de leur mari, cet être si difficile à combler.


Il faut aux femmes une capacité d'adaptation hors du commun pour décider de s'attacher à un être dont les habitudes, le métier et les hobbies vont l'entraîner vers une vie qui n'est pas dans ses idées ni ses envies profondes. Et malgré cette faculté d'adaptation, il se peut encore que nous ne satisfassions pas l'autre. P. 178

J'ai beaucoup aimé aussi ses réflexions sur les voyages, leur intérêt, leurs bienfaits sur la culture de chacun, à la condition toutefois de s'en saisir...


Voyager avec tout ce que ça comporte de hasards, de rencontres, de récits qui poussent comme des fleurs, même dans le désert. Il suffit de se baisser pour les cueillir... P. 183

J'ai adoré, je dois bien le dire, retrouver la qualité de la plume de Frédérique DEGHELT, toute en pudeur, en sensibilité, poétique aussi parfois.


Mais mon coeur, lui, n'est pas un roc. On ne peut rien graver dessus. Mon coeur est friable. Et maintenant, il est en miettes. P. 79

Un très beau roman, assurément !

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