Cette lecture, je l'ai réalisée dans le cadre du Prix du Roman Version Femina, j'ai effectivement eu la chance d'être sélectionnée pour le "Coup de coeur des lectrices" du mois de mars, merci aux organisateur.rice.s de ce prix !
C'est un roman tout à fait en phase avec l'actualité nationale, entendez par-là en lien avec les élections présidentielles. La publication ne pouvait pas mieux tomber ! Nous sommes au soir d'un 2 mai, je vous laisse deviner l'année !
Viriginie ROELS explique en deux mots le contexte. Elle est journaliste, elle se retrouve sur le plateau de télévision lors d'un débat avec le Président de la République, elle lui décèle un regard singulier, elle tire le fil et découvre une affaire politique, une affaire d'Etat, qui va donner lieu à la rédaction de ce 1er roman.
Le décor est planté, il ne va plus lui rester qu'à mener l'enquête pour trouver l'origine du trouble du Président de la République. On se retrouve 6 mois avant, David Joli vient d'apprendre son recrutement comme chargé de mission auprès de Philippe Schummer, fraîchement nommé Ministre de l'Education Nationale. Une nouvelle aventure commence pour lui dans cet univers où les egos sont exacerbés. Parallèlement à sa toute nouvelle activité ministérielle, il poursuit ses interventions à l'université, c'est là qu'il va croiser un étudiant brillant, Julien Le Dantec, dont il va utiliser la plume (tiens donc, ne s'agirait-il pas du titre du livre ?), un peu malgré lui... mais là commence une toute autre histoire !
Virginie ROELS nous offre une plongée dans l'univers politique, celui qui est largement médiatisé aujourd'hui, et pour cause, les élections présidentielles de 2017 interviendront dans moins de 2 semaines maintenant... Elle nous fait entrer dans les méandres des ministères, nous dévoile les codes d'un microcosme sociétal narcissique à l'envi et les moyens d'y réussir en début de carrière :
Percer en politique implique de se construire un réseau, rien de tel que d'entamer la conversation autour d'un petit-four. P. 51
Elle met des mots sur cette guerre largement nourrie d'affaires qui opposent les hommes (terme générique) de pouvoir et les journalistes. Ces derniers sont tantôt traités "d'abrutis", tantôt de "chiens de journaleux". On entre avec pertes et fracas dans la lutte qui s'exerce entre deux univers en quête de pouvoir. Le scoop est l'affaire de tous, il peut vous porter aux nues ou bien vous offrir une chute vertigineuse. Tout va très vite... il suffit de lire le roman de Virginie ROELS pour se rendre compte à quel point chaque minute peut être décisive dans la carrière d'un politique, il faut être réactif pour gagner, bienvenue dans le domaine de la compétition où tous les coups sont permis.
Et pendant que les grands de ce monde passent leur temps dans des guerres personnelles, il en est d'autres qui se développent dans l'ombre mais qui revêtent, elles, des dimensions collectives. Il s'agit notamment du phénomène de radicalisation et de l'essor du mouvement djihadiste. Julien Le Dantec, aussi intelligent soit-il, va se laisser séduire par un discours, celui-là même qui sait résonner avec les aspirations de jeunes adultes en quête d'un sens à leur vie.
Cet homme avait trouvé les mots, cerné cette noirceur qui le cloue au sol, cette incapacité à se rêver un avenir tant il sait que les murs qui se dressent devant lui ne sont pas que de béton. P. 135
Virginie ROELS montre à quel point il est facile aujourd'hui de tomber dans le piège tendu par des organisations très bien rodées.
Il faut dire que la société est en souffrance et qu'il est parfois difficile d'imaginer un avenir à la hauteur de ses ambitions, en lien notamment avec les stéréotypes qui ne manquent pas de freiner une certaine jeunesse dans son élan. Il suffit d'une remarque du ministre pour s'en convaincre :
La banlieue, ça vous parle, non ? Pauvre con, qu'est-ce qu'il croit ? Qu'en sortant du ministère j'enfile un jogging pour aller faire du rap dans une cave ? [...] son ministre l'avait rabaissé d'un claquement de langue à un banlieusard lambda. Dégueulasse. P. 72-73
Cette phrase qui peut paraître anodine en réalité ne l'est pas. Elle renvoie l'individu dans sa condition d'origine, comme s'il en était gravé à jamais et dans l'incapacité de s'en émanciper.
David craint de passer pour un rustre, redoute de trahir ses origines modestes, comme si celles-ci pouvaient se révéler à chacun de ses gestes. P. 140
Malheureusement, ce sont des sujets largement traités aujourd'hui dans les médias, il suffit de lire la presse, d'écouter la radio ou de regarder la télévision pour remarquer leur récurrence et risquer de tomber toujours plus bas dans le manque de respect de la dignité humaine. S'il n'y avait eu que cela, je crois que j'aurais laisser tomber ce roman assez rapidement mais non, ce qui est intéressant c'est le traitement de l'affaire, du "vertige du mensonge, l'étendue de ses conséquences...". Il est très vite devenu un page-turner, très bien écrit, fluide, dans lequel le.a lecteur.rice trouve rapidement ses repères et se fond dans un monde où les limites sont à jamais repoussées.
Après l'avoir refermé, une question me taraude bien sûr : fiction ou réalité ? Vous, vous en pensez quoi ?
Nous, les passeurs de Marie Barraud *****
Principe de suspension de Vanessa Bamberger *****
Les parapluies d'Erik Satie de Stéphanie Kalfon ****
Presque ensemble de Marjorie Philibert ***
Ne parle pas aux inconnus de Sandra Reinflet *****
La téméraire de Marine Westphal *****
La sonate oubliée de Christiana Moreau ****
Cette lecture participe au Challenge de
la Rentrée Littéraire MicMelo de janvier 2017 !
Nous, les passeurs de Marie Barraud *****
Pour que rien ne s'efface de Catherine LOCANDRO *****
Principe de suspension de Vanessa BAMBERGER ****
Les parapluies d'Erik Satie de Stéphanie KALFON ****
Coeur-Naufrage de Delphine BERTHOLON ***** Coup de coeur
Presque ensemble de Marjorie PHILIBERT ***
La baleine thébaïde de Pierre RAUFAST ****
L'article 353 du code pénal de Tanguy VIEL ****
Ne parle pas aux inconnus de Sandra REINFLET ****
La téméraire de Marine WESTPHAL *****
Par amour de Valérie TONG CUONG ***** Coup de coeur
La société du mystère de Dominique FERNANDEZ ****
L'abandon des prétentions de Blandine RINKEL ****
La sonate oubliée de Christiana MOREAU ****
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