Terminer ses études et s'offrir un vent de liberté, quel.le adolescent.e n'a pas fait ce rêve ? Il y a ceux qui y pensent et ceux qui passent à l'acte. Richeville fait partie de ceux-là. Il a attendu d'être diplômé de l'ESSEC, une école de commerce, pour mettre les voiles. Son père est décédé dans un accident quand il n'avait que 2 ans. Elevé par une mère remariée avec un quinquagénaire fortuné avec qui elle a eu des jumeaux qui lui ont rapidement volé sa place, Richeville a essayé de construire sa vie comme il a pu. Livré à lui même, c'est sans crier gare qu'il a répondu à une annonce publiée par un laboratoire scientifique :
"Elle appelle dans un sempiternel silence. Baleinier recherche matelot pour expédition scientifique dans l'océan Pacifique nord. Débutant aimant thébaïde bienvenu."
Il a embarqué sur l'Hirundo avec 3 autres hommes. Une mission : repérer la baleine thébaïde dite également la baleine "52", lui placer un traceur sous-cutané pour avoir connaissance de son parcours. Direction l'Alaska !
Après m'être délectée avec la lecture du 1er roman de Catherine POULAIN en 2016 "Le grand marin", il me tardait de repartir naviguer. C'est donc avec plaisir que je me suis laissée embarquée à destination de l'Alaska avec ce roman d'aventure.
J'ai aimé accompagner ces hommes dans leur cohabitation dans un espace contraint il faut bien le dire, mais ce qui m'a le plus fascinée, c'est le parcours initiatique de ce jeune homme de 23 ans, un peu naïf, confronté à des "loups de mer". Ses compagnons de fortune ont vécu des expériences différentes. A leur contact, il va découvrir à quel point la nature humaine peut être machiavélique mais ça, c'est déjà une autre histoire.
Une nouvelle fois, un roman revient, s'il en était nécessaire, sur une jeunesse désabusée qui suit un parcours universitaire sans véritable motivation.
J'avais intégré cet établissement par le hasard des concours, après deux classes de préparatoires intenses. Ce n'était pas par vocation : j'ai autant la fibre commerciale qu'une sardine a la passion de l'alpinisme. P. 12
Pour autant, ce qui m'a paru intéressant dans ce roman c'est sa dimension optimiste. Pierre RAUFAST prend le parti d'une jeunesse qui mise sur sa capacité à prendre son destin en main dès lors qu'elle en mesure l'enjeu. Tout comme Camille dans le 1er roman de Sandra REINFLET "Ne parle pas aux inconnus", Richeville suit sa voie, celle qu'il s'est dessinée. Je trouve ce filon particulièrement précieux dans un monde contemporain plutôt morose.
Comme beaucoup de jeunes hommes idéalistes, je voulais donner du sens à mon travail et à ma vie. P. 18
C'est assez rassurant finalement de voir qu'un idéal donne encore suffisamment de force à des jeunes pour oser se mettre en danger. Et les voyages ont, en ce sens, une bien belle vocation :
Voyager, c'est aussi cela : constater que le monde est plein de mystères et que l'homme n'a pas réponse à tout. P. 38
J'ai été troublée par une enfance sacrifiée. Pierre RAUFAST donne à voir une réalité que vivent certainement de nombreux enfants aujourd'hui dans des familles recomposées où ils peinent à trouver leur place. Le sentiment d'isolement est assez terrifiant mais là encore, l'auteur décide de faire une force d'une fragilité.
Ma solitude diurne me condamnait à l'autonomie, ma solitude nocturne aux plus grandes frayeurs. P. 149
J'ai beaucoup aimé le ton de ce livre, un ton pluriel : humoristique, léger, sensible, grave... mis à la disposition d'un roman qui aurait aussi pu entrer dans la catégorie des nouvelles vu la chute, totalement inattendue et qui vient vous gifler en pleine euphorie.
Ce roman, c'est un véritable tour de force, bravo.
Cette lecture participe au Challenge de
la Rentrée Littéraire MicMelo de janvier 2017 !
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