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2016-10-20T12:14:26+02:00

Repose toi sur moi de Serge JONCOUR

Publié par Tlivres

Serge JONCOUR, c'est une longue histoire. Cet écrivain, je l'ai découvert avec "Vu" et "U.V.", j'avais alors été captivée par l'esprit décalé de l'homme.
 
Et puis, plus récemment, j'ai lu "L'amour sans le faire", un excellent roman.
 
Alors, quand dans ma bibliothèque préférée, j'ai découvert que son dernier roman était là, sur le présentoir, et qu'il m'attendait, c'est avec une frénésie à peine dissimulée que je m’en suis emparée !
 
Mais, impossible de le lire par bribes, non, un roman de Serge JONCOUR se lit d'une traite. J'ai attendu jusqu'au dimanche pour le faire.

 

Repose toi sur moi de Serge JONCOUR

J'ai laissé passer les chroniques de quelques lectrices passionnées : 

Sabine

Joëlle

Virginie

L'irrégulière...
 


Et j'ai bien fait. Je vous explique :

Ludovic visite une vieille dame. Elle est endettée. Il doit étudier avec elle les modalités du remboursement des 700 euros qui ont servi à payer la bague du mariage de sa petite-fille, depuis séparée. Des situations comme celle-ci, il en a des dizaines. En fait, c’est son métier. Une quarantaine d'années, après le décès de sa femme, il a décidé de quitter l'exploitation familiale pour laisser sa soeur, et son mari, assurer la continuité de l’activité agricole des parents. Lui, il a pris la direction de Paris.
 
Et puis, il y a Aurore. Elle vit avec Richard, elle est mère de 2 enfants, Iris et Noé, des jumeaux. Leur famille accueille Victor, le fils de Richard, pré-adolescent. Elle est styliste et chef d'entreprise. Elle s’est associée avec un ami, Fabian. Mais voilà, depuis quelques temps, toute sa vie se dérègle. Elle soupçonne son associé de vouloir transférer leur chaîne de production dans un pays émergent, ça l’inquiète. Et puis, il y a ces corbeaux ! Leur logement, elle l’a choisi avec goût. Elle voulait de la végétation pour s’offrir une respiration en plein Paris. La cour, ça avait été un coup de coeur. Mais depuis quelques temps, le couple de tourterelles qui animait le site avec ses roucoulements a disparu, d’horribles oiseaux noirs se sont accaparés le territoire. Elle les craint. Elle n’ose même plus allumer la lumière le soir dans les parties communes tellement elle redoute leur croassement.

Alors que tout oppose Ludovic et Aurore, ils vont finir par se rencontrer. C’est une toute nouvelle page de leur vie qui va commencer pour ne s'arrêter qu'à la 427ème page de cet excellent roman de Serge JONCOUR ! 
 
Comme dans « L’amour sans le faire », ce roman tourne autour de 2 personnages, cabossés par la vie, malmenés dans des domaines professionnels exigeants.


On y retrouve le portrait du monde rural d'aujourd'hui, les difficultés des agriculteurs à survivre dans un environnement mondialisé qui ne leur permet pas de vivre de leur activité et cette solidarité intrafamiliale qui ne tient qu’à un fil...
 


Une famille, c'est une embarcation fragile, surtout dans une ferme isolée où les générations se côtoient, il faut bien qu'il y en ait un qui, mine de rien, tempère et répartisse les charges, qui garde un peu de recul, sans quoi chacun y va de son avis et on ne s'en sort plus. P. 58/59


On y aborde aussi le monde de l'entreprise contemporain, tiraillé entre une production locale, limitée mais maîtrisée, qualitative, et puis celle rendue possible dans des pays où le droit du travail y est bafoué, voire inexistant, la voie royale pour des profits décuplés.


J’ai personnellement beaucoup aimé l’approche de l’urbanisme et de ses conséquences sur la vie des hommes et des femmes, de la pression de la capitale avec l’exiguïté des lieux :
 


Vivre en ville distille ce genre d'angoisse dans les veines, le stress d'être bloqué au milieu des autres, de devoir gérer sa frustration, de se contenir en maudissant tous ceux qui sont autour... P. 291


Il fait une place belle à la Seine, ce fleuve sur qui repose le devoir de ressources les êtres :
 


A partir de maintenant il se raccroche à un objectif, retourner vers le fleuve, parce qu'il est complètement paumé dans cette métropole à laquelle il ne comprend rien, la Seine c'est son seul repère, l'unique faisceau de nature libre, et elle-même n'en finit pas de quitter Paris. P. 40


C’est un peu la même chose à la campagne d’ailleurs :
 


En ville, le fleuve, tout part de lui et tout y retourne, comme une rivière à la campagne, c'est l'origine même des lieux de vie. P. 41


Serge JONCOUR va encore plus loin. Il nous dépeint deux classes sociales qui occupent chacune un bâtiment donnant sur une cour commune. Il y a Ludovic qui côtoie la misère, qui vit lui-même dans un 2 pièces sans confort particulier, l’escalier pour l’atteindre est dans un piteux état, impossible d’ouvrir les fenêtres sous peine de risquer de ne pouvoir les refermer... et puis il y a Aurore qui occupe un logement de haut standing à l’image du milieu social dans lequel elle vit. Et dans tout ça, les gens se croisent, ni plus ni moins. Alors que...
 


La cour vue sous cet angle était tout autre, bien différente de celle qu'on voyait depuis chez elle, un simple changement de perspective et tout s'en trouve métamorphosé. P. 127


Et puis il arrive au sujet, la solitude, ce mal qui ronge notre société. Alors qu’en ville, nombreux sont les hommes et les femmes qui vivent les uns à côté des autres, on pourrait imaginer qu’ils échangent, se mélangent, font des choses ensembles. Et bien, c’est là que la solitude est la plus prégnante, la plus douloureuse aussi avec des effets dévastateurs sur les êtres.
 


En ville la solitude a un écho démesuré. Il aurait cru que ce serait le contraire, qu'en ville, vivre seul serait un genre de bienfait, une bénédiction, la compensation de toutes ces heures occupées à évoluer au milieu du monde, à être sans cesse entouré. En fait non. P. 348


Vous me direz, 427 pages sur ces sujets, ça n'est pas bien réjouissant... mais là, c'est sans compter sur le talent de Monsieur JONCOUR, un grand Monsieur de la littérature qui nous fait vivre une aventure haletante. Ce roman, il a finalement tout d'un thriller.

 

Alors, quand en plus, il fait la une de Décapage, moi, je craque !  

Repose toi sur moi de Serge JONCOUR

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commentaires

N
pas Page mais Décapage!
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N
Parfait, vous avez corrigé , je connais les 2 revues, , alors cela me sauta aux yeux. Belles lectures à vous aussi.
T
Oups ! Merci de votre oeil averti, je modifie de suite. Bonne nuit, belles lectures !
J
Tres belle chronique pour un magnifique roman !
Répondre
T
Merci Joëlle de ton message et de cette empreinte laissée sur le blog. Encore une fois, nous sommes d'accord !

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