Traduit de l'anglais par Claude SEBAN
Quand vous passez devant le présentoir des Nouveautés à la Bibliothèque et que le dernier roman de Joyce Carol OATES vous tend les bras, impossible de résister bien sûr !!!
En route pour "Carthage" près de la réserve forestière de Nautauga dans l'Etat de New-York, au Sud du Saint-Laurent et de la frontière avec le Canada. Nous sommes en juillet 2005, Cressida, une jeune fille de 19 ans disparaît le jour où sa soeur, Juliet, a rompu ses fiançailles avec Brett Kincaid, soldat rentré blessé d'Irak. Une grande battue est organisée mais le corps de la jeune fille demeure introuvable. Dans la voiture de Brett, des traces de sang sont retrouvées, celui de Cressida. Il devient le suspect n° 1.
Je ne vous en dit pas plus au risque de vous dévoiler une partie des 593 pages de ce très grand roman de Joyce Carol OATES.
Pour celles et ceux qui connaissent le style de cette écrivaine, vous retrouverez un environnement marécageux dans lequel l'écrivaine aime vous transporter, de ces lieux humides particulièrement glauques.
C'était une partie de la rivière fréquentée par les pêcheurs, à la fois marécageuse et hérissée de rochers ; les empreintes étaient nombreuses entre les rochers, superposées les unes aux autres, remplies d'eau par une averse récente. P. 24
Côté personnages, vous retrouverez aussi des êtres au passé douloureux : les 2 soeurs entretenaient une rivalité connue de tous. Il y avait l'intelligente, Cressida, qui intriguait, et la belle, Juliet, qui attirait les amis et entretenait une relation amoureuse avec l'homme qu'elle devait épouser. Brett aussi a eu un parcours difficile. Mal en famille, il s'engage une douzaine de jours après les attentats qui ont frappé New-York le 11 septembre 2001 et se retrouve à combattre en Irak où la guerre ne va pas non plus l'épargner.
Côté forme, vous aimerez partir sur les traces de cette jeune fille et avancer au gré des indices savamment distribués au gré des chapitres de ce très bon roman.
Personnellement, j'aime la manière qu'à Joyce Carol OATES de disséquer la psychologie de ses personnages, d'étudier les motivations d'un engagement des Américains dans la guerre, garçons et filles, de nous faire entrer en prison pour y découvrir avec subtilité la différence entre une incarcération et un emprisonnement... et tout ça, dans la longueur. Les romans de Joyce Carol OATES ont cette caractéristique aussi de la longueur, 500, 600 pages à vous délecter en eaux sombres !
Je garderai en mémoire de « Carthage » cette relation exceptionnelle entretenue entre la mère de la victime et Brett Kincaid, emprisonné, et qui aurait pu être son gendre. J'ai été profondément touchée par leurs moments d’intimité :
Le temps qu'ils passaient ensemble étaient essentiellement silence. En les voyant dans le parloir, on aurait pu les prendre pour une mère et un fils liés par un chagrin singulier. Ce silence apportait un profond réconfort à Brett. A la façon d'un médicament si puissant qu'il ne peut passer d'un seul coup dans le sang, mais doit y être libéré lentement sur une période de plusieurs heures, plusieurs jours. P. 514
Il est de plus en plus difficile pour moi de décrire les romans de Joyce Carol OATES tellement je suis acquise à la cause. Ce que je peux vous dire simplement c’est qu’il s’agit toujours de page-turner. Ses thrillers sont originaux, singuliers, hors pair. Ils vous happent jusqu'aux dernières pages, toujours hautes en rebondissements !
Si vous ne connaissez pas encore, commencez comme moi avec "Les Chutes" (je suis encore assourdie par le bruit des Chutes du Niagara, c’est dire à quel point ce roman m’a marquée !) et puis enchaînez avec celui que vous voudrez...
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