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Articles avec #mes lectures catégorie

2022-04-08T06:00:00+02:00

La décision de Karine TUIL

Publié par Tlivres
La décision de Karine TUIL

Karine TUIL nous revient dans cette rentrée littéraire de janvier 2022 avec "La décision", un roman vertigineux publié aux éditions GALLIMARD.

Je me souvenais de l'uppercut de "L'insouciance", ce gros pavé découvert avec l'équipe de PriceMinister Rakuten dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire. Je m'en souviens comme à la première heure, c'est dire si l'histoire comme la plume m'avaient scotchée.

Et puis, il y a eu les Entretiens Littéraires organisés à la Collégiale Saint-Martin d'Angers par le Département de Maine-et-Loire, et cette rencontre dédicace avec l'autrice, un moment inoubliable avec une femme d'une profonde humilité.

J'ai rechuté. Bien m'en a pris. Ce roman, c'est un tour de force, un thriller psychologique de haute volée.

Alma Revel, la narratrice, a 47 ans. Alma est née dans une famille aux origines communistes. Son père s'est notamment investi dans la guérilla vénézuélienne en 1968. Il a été incarcéré pendant 11 ans avant de mourir. Sa mère est partie pour le sud, elle s'est remariée et vit dans les montagnes du Valgaudemar. Alma est mariée avec Ezra Halevi, écrivain juif pratiquant, depuis 25 ans. Ils sont en procédure de divorce. Elle est mère de trois enfants, Milena, Marie et Elie (des jumeaux). Dans la vie professionnelle, elle est juge anti terroriste au Palais de Justice de Paris. Elle encadre 11 magistrats et coordonne l'action des policiers. Comme une philosophie, dans son bureau est affichée une phrase de Marie CURIE : « Dans la vie, rien n’est à craindre, tout est à comprendre. » C'est ce qu'Alma s'attache à faire notamment quand elle reçoit dans son bureau des personnes emprisonnées de retour de Syrie dont elle va devoir décider, soit du maintien en prison, soit d'une libération sous contrôle judiciaire. Dans sa vie personnelle comme sa vie professionnelle, elle est à la croisée des chemins, pour le meilleur comme pour le pire !

Commence alors un roman haletant raconté à la première personne du singulier, ce qui renforce intensément le lien établi, par la voie de la lecture, avec cette femme en prise aux doutes.

Alma, je l'ai accompagnée dans sa vie quotidienne à un rythme effréné, largement inspiré d'histoires vraies. Elle est joignable sur son téléphone portable 24h sur 24h, 7j sur 7. Elle ne se déconnecte jamais des réalités professionnelles à la portée nationale, voire pire encore. Tout ce qu'elle décide, comme le sort d'Abdeljalil Kacem, peut être lourd de conséquences. Au-delà de la justice, ses décisions sont à coloration idéologique, elles révèlent une adhésion à certaines valeurs.


Juger est aussi un acte politique. P. 25

Le procédé narratif est ingénieux. Karine TUIL alterne les chapitres avec les interrogatoires du jeune homme. Peut-il gagner sa confiance ? A-t-il le droit à une deuxième chance ? J'ai vécu les séances de confrontation la peur au ventre. 


Souvent, j’ai eu peur ; mais au bout d’un certain temps, la peur, on finit par la dominer. P. 23

Ce roman, c’est une prise de conscience du poids qui pèse sur les épaules d’individus en prise directe avec la menace djihadiste en France et qui veillent incessamment sur notre sécurité.

Alma a accédé à un poste des plus hautes responsabilités, c’est une femme aussi, tiraillée entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Entre les deux s’exercent des jeux de pouvoir. Alma le sait, les relations qu'elle entretient avec un avocat pénaliste très médiatisé risquent de la fragiliser. Quand lui joue la carte de la défense...


Plaider c’est convaincre et, pour convaincre il faut être éloquent, c’est-à-dire plaire et émouvoir. P. 94

elle se surexpose. Karine TUIL l'avait évoqué lors de sa venue à Angers, elle aime particulièrement explorer les moments de fracture, de perte de contrôle. Alma, c'est un personnage de fiction que la passion amoureuse rend vulnérable. Il y a la femme publique, il y a la femme de l'intimité, deux faces d'un être pluriel que l’on ne saurait juger, encore moins condamner.

Et puis, il y a le rapport à la religion. J'ai beaucoup aimé le fil savamment tissé autour de la judéité, la transmission entre les générations par la voie des mères, le sursaut de la foi à des moments que nul ne peut anticiper, les ressentiments avec les musulmans...

Karine TUIL nous livre un roman poignant, tout en tension. La plume est nerveuse, le suspens à son comble, l'intrigue parfaitement maîtrisée jusqu'à cette chute... effroyable. Elle nous fait une nouvelle fois la  démonstration de son immense talent d'écrivaine. Chapeau !

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2022-04-02T06:00:00+02:00

Ubasute de Isabel GUTIERREZ

Publié par Tlivres
Ubasute de Isabel GUTIERREZ

La fosse aux ours

Le bal des 68 se poursuit. Isabel GUTIERREZ nous livre un premier roman éblouissant, "Ubasute".

Marie s’apprête à réaliser son dernier voyage. Elle est malade. Elle va mourir, elle le sait. Sa dernière volonté, que son fils la porte jusqu'au Grand Rocher. D’ici là, lui va fabriquer la chaise dans laquelle elle s'installera, elle va préparer les quelques effets personnels qu'elle emmènera, un bol qu'elle a tourné elle-même, une natte, une couverture. Seule la date reste à fixer. Un jour, Marie téléphone à son fils. C’est le moment de partir.

Il y a tout un tas de manières d’imaginer sa fin de vie.

Aux Etats-Unis, les gens font appel à une doula, cette personne qui va tout prendre en charge, se substituant aux enfants souvent occupés à vivre leur vie, loin, comme l'évoque si tendrement Jodi PICOULT dans son dernier roman, "Le Livre des deux chemins". Cette pratique arrive depuis peu en France.

Au Japon, il y aurait une tradition, l'ubasute, qui consisterait à demander à quelqu’un de nous porter sur son dos pour l'ascension d’une montagne, là où l’on rendrait notre dernier souffle.

C'est dans cette pratique, ou légende, qu'Isabel GUTIERREZ puise l'inspiration de son premier roman, un coup de coeur de cette #selection2022 des 68 Premières fois.

S’il est question de faire de la mort son alliée, ce roman n’en est pas moins profondément lumineux. Le portrait de femme de Marie est fascinant. En attendant le grand jour, Marie revisite sa vie et, dans une narration qui alterne la première et la troisième personnes du singulier, elle nous livre ses confidences. Outre cette décision, tellement courageuse, du choix du moment et des modalités de sa fin de vie, elle est en quête d’une paix intérieure, une libération, une certaine forme de pardon


Se réconcilier avec eux et accueillir leur absence qui l’a finalement sauvée, voilà ce qu’elle décide, avant d’entreprendre la longue marche à dos de fils. P. 24/25

Ce roman, c’est une ode à la vie.

Et puis, il y a cette relation mère/fils, ce dernier moment de complicité, ce sursaut de vie intense avant l’abandon, l’abandon d’un être cher, l’abandon du corps, l’abandon de la vie.


Il reste un moment figé dans la solitude de cet instant et laisse les larmes monter. Il n’a pas froid, il n’a pas peur, il n’est même pas malheureux. Une joie immense le fait pleurer, la joie d’être le dernier présent dans ce monde, le bonheur d’être l’unique passeur vers l’autre monde. P. 98

Il y a encore le rapport au corps et à sa mémoire. J’ai été bouleversée par l’empreinte laissée dans le corps de cette femme des traumatismes comme des jours heureux. Notre corps, c’est le témoin de notre vie, notre plus fidèle compagnon, celui qui sait tout de nous, celui qui décidera aussi du moment du lâcher prise.


Les notes silencieuses se mettent à sonner sur la même partition, corps de femme ou foetus, je n’ai donc rien oublié. P. 55

Il y a enfin cette place laissée au silence. Il est à lui seul un personnage du roman. J’ai adoré son intensité. Si tout au long de la vie, les mots permettent l’expression de nos émotions, dans les derniers instants, les regards, le peau à peau, le corps à corps, le simple fait d’être là, suffisent à combler le vide, donner de la profondeur aux sentiments.

La prose est tendre et délicate, les mots sont beaux. « Ubasute », c’est un voyage intérieur, une quête spirituelle, une expérience humaine portée par l’espoir. Ce roman je l'ai aimé, passionnément, à la folie !

Et pour que ce moment s'achève tout en beauté, vous prendrez bien quelques notes de musique... aussi ! "Sublime et silence" de Julien DORE.

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/sublime-et-silence-de-julien-dore.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/sublime-et-silence-de-julien-dore.html

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2022-03-29T21:38:38+02:00

Je serai le feu de Diglee

Publié par Tlivres
Je serai le feu de Diglee

Mon #Mardiconseil c'est un livre EXTRAordinaire : "Je serai le feu" de Diglee.

S'il y a des femmes qui parlent des "Grandes oubliées", je pense à Titiou LECOQ bien sûr, il y en a d'autres qui consacrent leurs ouvrages à des femmes pour leur assurer la postérité.

Ce mois-ci, il y a eu la BD de Catherine MEURISSE et Julie BIRMANT, "Drôles de femmes" qui croquent avec gourmandise des femmes qui nous ont fait rire, et parfois le font toujours, de ces 4 ou 5 dernières décennies : Valérie BERNIER, Dominique LAVANANT, Florence CESTAC, Yolande MOREAU, et bien d'autres encore.

Et puis, il y a la démarche de Diglee. Peut-être connaissez-vous Diglee... personnellement, c'est une découverte pour moi, un très joli cadeau de ma grande fille.

Diglee s'improvise dans différents registres, la bande dessinée, le roman... elle est également présente sur toile avec son "Blog d'illustratrice", une belle entrée en matière dans l'univers d'une "illustratrice, lectrice, féministe". Elle n'hésite pas non plus à se mettre en scène avec de nombreuses vidéos postées sur sa chaîne Youtube. Elle y chronique notamment des livres. J'aime son style décomplexé, elle est nature et c'est comme ça qu'on l'aime. Elle est drôle mais attention, parfois, le rire est jaune. Diglee est une militante, elle a ses combats.

Là, l'idée de cet ouvrage lui est venue en rencontrant une libraire, Marie-Josée COMTE-BEALU, veuve du poète Marcel BEALU.

C'est un livre toilé aux reflets dorés enflammés, quel plus joli cadeau ? Je suis comblée.

Diglee explique elle-même être passée pendant sa jeunesse à côté de poétesses. De là à dire que l'Education Nationale ne connaissait que les hommes, il n'y a qu'un pas que je crois pouvoir rapidement franchir.

Diglee, elle, a choisi d'en honorer cinquante qu'elle classe entre :

Les filles de la lune

Les prédatrices

Les mélancoliques

Les magiciennes

Les excentriques

Les insoumises

Les alchimistes du verbe

Les consumées

J'y ai retrouvé Andrée CHEDID, l'occasion d'un petit clin d'oeil au Book Club qui nous avait proposé "Le message". Mais je dois bien l'avouer, je n'en connaissais que très peu. Après la lecture de "Je serai le feu", j'aurais comblé un certain nombre de lacunes.

Pour chaque rubrique, une présentation du genre poétique. Ainsi, 


Les filles de la Lune sont les poétesses lyriques. Celles qui à chaque vers invoquent la nature, ses couleurs, ses fleurs, ses bruits et ses parfums [...]. P. 10

A chaque femme, une illustration, (n'oublions pas que Diglee est illustratrice et j'avoue qu'elle a particulièrement soigné ses dessins), des éléments biographiques et puis, des poèmes bien sûr. Quel bonheur que de s'arrêter quelques minutes pour en lire un, ou deux, savourez, tout simplement.

Je vous propose "Le temps qui passe" de Maya ANGELOU :

"Ta peau aurore

La mienne crépuscule.

L'une peint le début

d'une fin certaine.

L'autre, la fin

d'un certain préambule."

Des vers, il y en a pour tous les goûts, toutes les humeurs.

Tiens, tiens, les traductions des textes en anglais sont le fruit du travail de Clémentine BEAUVAIS, je crois que j'ai rendez-vous avec elle dans le cadre de la #selection2022 des 68 Premières fois, le monde est petit, non ?

Ce livre, il peut rester sur votre table de salon et devenir l'un de vos fidèles amis.

Comme j'aime stopper l'instant, admirer l'esthétisme de l'ouvrage et m'y plonger. C'est une invitation à appuyer sur la touche "pause" de la vie et à se faire plaisir. C'est bien simple, je ne peux plus m'en passer ! Merci infiniment à celle qui a eu la délicate attention de le glisser dans la hotte du Père Noël, je l'aime !

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2022-03-26T07:00:00+01:00

Furies de Julie RUOCCO

Publié par Tlivres
Furies de Julie RUOCCO

Nouvelle lecture coup de poing, un premier roman époustouflant de la #selection2022 des fées des 68 Premières fois, "Furies" de Julie RUOCCO chez Actes Sud.

Bérénice est archéologue de formation. Elle part en mission. Elle a pris l’habitude de faire l’aller-retour. Elle recèle des antiquités. Mais arrivée à Kilis, une ville turque à la frontière avec la Syrie, au moment où elle doit choisir les bijoux qu’elle rapportera en France, une voiture explose. C’est un attentat suicide. Sonnée, elle s’enfuie avec le sac ensanglanté. Elle trouve refuge chez sa logeuse. Lors d’une sortie, près du grillage de la frontière, une mère lui confie son enfant. Une petite fille. Bérénice dont la vie est en danger assume cette nouvelle responsabilité. Elle doit rentrer en France avec elle mais pour ça, un passeport est nécessaire. Elle s’adresse à un homme qui fait de faux papiers. Il fait revivre tous ceux de son village, assassinés, en transmettant leurs noms à ceux qui cherchent encore à sauver leur vie. Avec lui et l’enfant, Bérénice va laisser s’étirer le temps, à la vie, à la mort.

Ce roman, c’est une claque, un roman puissant qui parle de la guerre. Alors que celle de l’Ukraine a envahi depuis un mois les médias, qu’elle détruit tout sur son passage, qu’elle pousse les femmes et les enfants hors des frontières, qu’elle garde en son sein des hommes condamnés à mourir… au nom de la démocratie, comment rester indifférent à la guerre en Syrie, une guerre civile engagée depuis 2011. Souvenez-vous, soufflait alors l’élan du Printemps arabe !

Julie RUOCCO revisite les événements à travers des personnages de fiction.

Il y a cette femme, Bérénice, cette étrangère qui se retrouve en terre inconnue, en guerre.

Et puis, il y a Asim, un homme né en Syrie. Il y avait sa famille, connaissait ses voisins, il les a tous vus mourir. Dans les ruines des bâtiments et la fosse commune, il continue à chercher ce qu’il y a encore de vivant. Mais autour de lui, tout n’est que décombre et désolation.


La chaîne des générations avait été brisée, sa mémoire s’évaporait par toutes les fenêtres, par tous les pores du pays. À ce rythme, il n’y aurait bientôt plus de vivants sur la terre, à peine des vestiges. P. 125

Il consacre ses journées à donner à chacun un semblant de dignité.

Il y a encore Taym, la sœur d’Asim, une « Furie » en référence aux Erinyes, les filles de Gaïa et Ouranos, qui, dans la mythologie grecque, poursuivaient les criminels. Taym alerte l’opinion internationale. Un temps dans la rue à manifester, maintenant recluse, elle résiste en publiant tout ce qu’elle découvre, un jour justice sera rendue.


Même devant le constat de la défaite imminente, sa détermination restait intacte, comme si son courage s’était mué en quelque chose d’autre, une forme de devoir, une nécessité impérieuse de tirer du sens de toute cette folie pour qu’elle ne se reproduise plus jamais. P. 52

Il en est d’autres, des « Furies », ces femmes qui résistent au joug des hommes, ces femmes guerrières peshmergas.

Julie RUOCCO fait de la guerre un objet littéraire, une tragédie. Dans un récit rythmé par les explosions, elle a cette capacité à faire émerger de la torpeur et l’hébétude des instants de grâce, des moments aussi précieux que fulgurants comme autant de ponts dressés entre les hommes que plus rien ne retient...


À son contact, Bérénice découvrait l’orgueil fou d’être une femme au bord du précipice, la surprise perpétuelle de se relever au-delà du silence et des entraves, même si c’était la dernière chose qu’elle faisait, surtout si c’était la dernière chose qu’elle faisait. P. 225

Julie RUOCCO nous livre un roman percutant, une bombe… à retardement.

 »Furies », c’est aussi l’occasion d’un petit clin d’œil au Book Club, merci Gwen de ce prêt 😉

Parce qu'il n'y a pas de livre sans musique au bal des 68, après 

"Jolene" de Dolly PARTON pour "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON

"Fear of the dark" d'Iron Maiden pour "Les maisons vides" de Laurine THIZY,

j'ai choisi un nouveau morceau de hard rock, je vous propose de rester dans le dur, le fort, le puissant avec "Civil War" des Guns N'Roses, le groupe de hard rock américain. Allez, maintenant, musique !

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/civil-war-de-slash.html

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2022-03-25T07:00:00+01:00

Les inexistants de Catherine ROLLAND

Publié par Tlivres
Les inexistants de Catherine ROLLAND

BSN Presse

Il y a des rendez-vous dans l’année avec des plumes que l’on affectionne tout particulièrement, assurément, celle de Catherine ROLLAND fait partie de ceux-là.

Imaginez, après

« Le cas singulier de Benjamin T. », énorme coup de coeur,

« La Dormeuse », un roman inoubliable,

« Emma Paddington, Le manoir de Dark Road end », un roman fantastique pour jeunes adultes très réussi,

l'autrice investit le roman noir avec "Les inexistants".

Camille est serveuse de nuit au Péché Gourmand, un restaurant installé situé entre une station service et une zone industrielle. Elle a laissé chez Germaine, sa voisine, son fils Micky, handicapé qu’elle élève seule. Sa patronne, Sandrine, n’est pas rassurée. Un tueur en série rode dans les environs. Mais Camille reste sereine. Noam, le vigile, veillera sur elle, à moins que… des événements ne se produisent !

Dès les premières lignes, Catherine ROLLAND installe le suspens d’un environnement glauque, menaçant. Elle ne va faire qu’une bouchée de la nuit à venir, s’en délecter, pour mieux vous poignarder.

Que de frustration dans l’écriture de la chronique d’un polar. Impossible bien sûr de vous dévoiler l’intrigue, sous peine de rompre le charme d’une nuit laissée sans sommeil !

Ce que je peux vous dire, par contre, c’est que les personnages sont travaillés avec minutie. Catherine ROLLAND excelle dans l’exploration psychologique d’hommes et de femmes hautement mystérieux avec qui elle va jouer à l'envi. L'écrivaine est une marionnettiste, c'est elle qui tient les ficelles !


Ses mâchoires se crispaient, ses yeux rétrécissaient, et je sentais son âme coller à la mienne. Le plus souvent, c’était par l’oreille qu’il cherchait à atteindre mon cerveau et les secrets qui y dormaient, et alors je percevais, minuscule, le fourmillement à l’intérieur du conduit au moment où il s’y glissait. P. 203

Et puis, je vous l’ai dit, il y a l’atmosphère que l’autrice décrit avec minutie. Son écriture éminemment descriptive en devient cinématographique. Nul doute que le 7ème art ferait de ce livre un excellent film.

Il y a encore le rythme. A l’image de Sandrine COLLETTE, Catherine ROLLAND vous sort la tête de l’eau, vous laisse respirer quelques instants, et vous appuie sur les épaules pour descendre encore plus profond. Ce roman est haletant. Une fois ouvert, impossible de le lâcher.

Ce pari est une nouvelle fois réussi. Je crois, en réalité, que Catherine ROLLAND transcende les genres de la littérature. Alice FERNEY disait qu’un écrivain peut écrire sur tout. Peut-être. Mais l’exercice d’écriture, lui, est différent. Tous ne réussissent pas à jouer avec les codes, elle, si.

Une nouvelle fois, bravo ! Comment dire ? J’attends déjà le prochain !!!

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2022-03-19T10:20:17+01:00

Les maisons vides de Laurine THIZY

Publié par Tlivres
Les maisons vides de Laurine THIZY

Le bal des 68 continue. Après l'air de country de "Jolene" de Dolly PARTON pour accompagner "Les nuits bleues" de Anne-Fleur MURTON, je vous proposerai tout à l'heure quelques notes pour bercer "Les maisons vides" de Laurine THIZY.

 
Le rapport au corps est le fil rouge de ce premier roman orchestré d’une main de maître. Depuis ses premiers jours, Gabrielle a dû apprendre à dompter ce corps, inachevé du prématuré, mal formé par l’infirmité, maîtrisé par la pratique sportive…


La finesse de sa musculature est redessinée par des courbes qui surgissent en quelques semaines. Tout se passe comme si ses formes adultes, comprimées depuis tant d’années par un travail incessant de domestication sportive, explosaient au grand jour. P. 129

qui ne manque pas de reprendre ses droits dès le premier effort abandonné. C’est le jeu d’équilibre d’une vie qui, chez Gabrielle, prend une dimension toute particulière.
 
Et puis, il y a ces parenthèses des clowns à l’hôpital, des moments aussi fugaces que bouleversants, aussi rapides que l’éclair, aussi puissants que le tonnerre. Au fil des saynètes, les artistes s’approprient chaque situation et proposent au malade de jouer, lui aussi, un rôle dans le spectacle, celui de la spontanéité, la sincérité, le fruit d’un lâcher prise dans sa plus profonde intimité.


Le jeune père ferme les siens. Les larmes qu’il n’a pas pleurées, l’harmonica en fait une cascade de son, qui tinte en gouttelettes langoureuses. P. 152

Il y a encore le rapport à la religion. Comme j’ai aimé le parcours initiatique de Gabrielle aux côtés de Maria, la vieille espagnole, celle qui a fuit la guerre civile de son pays, celle qui est arrivée en France en franchissant les montagnes des Pyrénées, celle qui est veuve mais d’une sagacité incroyable, et qui comprend mieux que personne la sensibilité de son arrière-petite-fille.


C’est son séisme intérieur, sa première explosion, la découverte intime d’une émotion qui n’existe pas ailleurs que dans l’amour. Une foi sauvage, indomptée par les mots, de met à battre contre son cœur. P. 174

Il y a enfin le rapport à la mort, celle-là même qui vous saute à la gorge dès les premières pages et qui ne va pas manquer de vous menacer tout au long du roman. Là aussi, un jeu d’équilibre que Laurine THIZY termine en apothéose.
 
Quelle plume, la main de fer dans un gant de velours, quelle construction narrative, une alternance de chapitres méticuleusement rythmés, quel premier roman, une lecture coup de poing, tout simplement. J'en suis sortie K.O., bravo !
 
Et maintenant, si on dansait.
 
J’aurais pu retenir les quelques notes d’harmonica proposées par Laurine THIZY mais le blues n’aurait pas été à la hauteur de la puissance du propos. Non, je crois que "Fear of the dark" d'Iron Maiden conviendra beaucoup mieux. Allez, maintenant, musique !
http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/fear-of-the-dark-d-iron-maiden.html

http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/fear-of-the-dark-d-iron-maiden.html

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2022-03-15T20:56:04+01:00

Comme un ciel en nous de Jakuta ALIKAVAZOVIC

Publié par Tlivres
Comme un ciel en nous de Jakuta ALIKAVAZOVIC

Il y a des livres qui sont d'abord des rencontres.

L'Association Bouillon de Cube nous avait concocté une très belle soirée le 24 février dernier, au Musée des Beaux Arts d'Angers s'il vous plaît.

En première partie, immersion dans une salle de l'édifice pour se confronter à l'exercice de l'écriture, la description d'une oeuvre choisie. Petite mise en bouche de ce qui nous attendait un peu plus tard.

En deuxième partie était invitée Jakuta ALIKAVAZOVIC pour son essai aux éditions Stock, "Comme un ciel en nous", Prix Médicis 2021. 

Vous connaissez peut-être cette collection : « Ma nuit au musée », de petits livres noirs. C’est dans ce cadre que Jakuta ALIKAVAZOVIC nous relate sa nuit passée au Louvre, juste avant le confinement de 2020, en mars, dans la section des Antiques, dans la salle des Cariatides.

Quelques pas de danse et puis, la nuit venue, l’installation du matelas au pied de la Vénus de Milo, un petit clin d’œil à sa mère.

Mais cet essai est en réalité une formidable preuve d’amour d’une fille qui à son père, cet immigré arrivé du Monténégro en France à l’âge de 20 ans. Ses études d’économie ont très vite été abandonnées pour laisser place à celles de l’histoire de l’art. Il s’enivrait de la beauté. Homme de fantaisie, il posait régulièrement cette question à sa fille :


Et toi, comment t’y prendrais-tu, pour voler la Joconde ?

Il n’est pas très étonnant que Jakuta ALIKAVAZOVIC ait entretenu un rapport particulier avec ce musée et qu’elle veuille y passer une nuit pour retrouver son père, honorer l’immense amour qu’elle lui voue…


L’amour de mon père était un ciel en moi, sa réalité aussi évidente que celle du ciel au-dessus de ma tête, que je le voie ou pas. P. 83

De l’histoire de son père, son arrivée en France, l’apprentissage des codes… elle n’en a rien su. Quand il y faisait référence, tout n’était qu’un conte, mais elle sait aujourd’hui qu’il mentait.


Lorsqu’on quitte tout, lorsqu’on trouve la force en soi de se lever et de partir, de quitter son pays, sa langue, sa famille, comme l’a fait mon père, pour se réinventer […], lorsqu’on quitte tout, l’histoire qu’on se raconte et qu’on raconte à ses enfants est celle d’une table rase. Mais cette renaissance aussi est un mensonge. P. 138

La question de la transmission des traumatismes aux générations suivantes me captive. Comment ne pas mettre cet essai aujourd’hui en relation avec ce que vivent les réfugiés ukrainiens qui fuient leur pays, menacés de mort par Vladimir POUTINE ? Comment vont-ils se construire après ces événements ?

J’ai été profondément émue par cette dimension de l’essai.

Et puis, il y a eu aussi le rapport à l’art, l’appréciation des détails grâce à un regard initié porté aux œuvres. Fascinant !

Enfin, et c’est là le sel de ce livre, c’est le sujet de la transgression, le fait de pourvoir repousser les limites et accéder à un interdit. Impossible de ne pas penser à cette sculpture de Philippe RAMETTE exposée à Nantes, installée Cours Cambronne. L’autrice est un peu cette petite fille portée par l’élan de la liberté.

Je ne connaissais pas encore Jakuta ALIKAVAZOVIC, pourtant lauréate du Prix Goncourt du premier roman pour « Corps volatils » en 2008. J’ai découvert une plume aux multiples couleurs, j’ai découvert une voix profondément attentionnée. 

Quelle soirée !

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2022-03-12T07:00:00+01:00

Les nuits bleues de Anne-Fleur MULTON

Publié par Tlivres
Les nuits bleues de Anne-Fleur MULTON
 
Le bal des 68 commence cette année avec de la musique country. Sur l’air de « Jolene » de Dolly PARTON, s’écrit une histoire d’amour, d’une femme avec une femme, une histoire de vie, quotidienne, amoureuse, passionnante, une histoire de tous les jours, de toutes les couleurs, il y a du bleu, du blanc


Blanc, c’est aussi la couleur de nos silences, qu’on peut laisser durer longtemps parce qu’il n’y a pas besoin d’en dire plus. P. 91

du jaune, du rouge, du violet… que j'imagine en référence au drapeau gay, l'étendard de la communauté LGBT.
 
J’avais dit que les fées nous promettaient avec la #selection2022 un programme haut en couleur, je ne m’étais pas trompée.
 
Ce que je ne sais jamais, par contre, c’est là où elles vont nous emmener, l’effet de surprise, je ne m’en lasse pas !
 
Sortir des sentiers battus, se laisser séduire par les mots. Là, la plume a elle seule est un roman, des phrases courtes, des phrases longues, le tout avec un minimum de ponctuation, voire pas


le cœur battant
le cœur remonté dans la gorge
le cœur que nous entendons toutes les deux
le cœur comme des vagues brisées sur la jetée P. 102

en vers, ou pas, laisser rythmer sa lecture, se laisser porter par la cadence, tenter, trébucher, recommencer, épouser… c’est ça danser, non ?
 
Et puis, il y a le rapport au féminin, sa condition, cet espèce de carcan dans lequel les femmes se cantonnent…


Elle constate On se retient toujours quand on est une femme, on a peur de faire des tâches peur d’être vues senties remarquées entendues peur de n’être plus invisibles finalement P. 162

Et puis il y a l’amour, cet état qui rend vulnérables les hommes comme le disait si bien Karine TUIL lors des Entretiens littéraires de La Collégiale Saint-Martin, l’amour qui entraîne « les pertes de contrôle, les pertes de maîtrise ». L’amour, c’est une certaine forme de lâcher prise. Je retiens du roman « Les nuits bleues » qu’il y a cette phase d’apprentissage de l’amour, ce parcours initiatique avec l'autre, jusque dans la sexualité, le chemin du désir…


Quand on pensera à l’amour ce jour-là, on se souviendra du désir qui était presque une troisième personne entre nous. On comprend soudain qu’il est possible d’être physiquement ivre de désir. P. 57

et enfin, la libération !
 
Ce premier roman de Anne-Fleur MULTON est inspiré de son histoire personnelle, quel plus beau sujet que l’amour, quelle plus belle preuve d’amour à Sara.
 
La plume de Anne-Fleur MULTON est poétique. J’ai aimé ses références à Paul ELUARD, John KEATS…
 
Ce premier roman ne pouvait pas ne pas trouver sa place dans le bal des 68 : « premier message », « Les premières filles », « Premier matin », « première année »… comme un clin d’œil aux 68 Premières fois.
 
De cette lecture, je sors la tête à l’envers, il suffit de regarder l'allure de ma chronique !!! Et alors, c’est aussi ça l’effet de L’AMOUR, non ? 💙
http://tlivrestarts.over-blog.com/2022/03/jolene-de-dolly-parton.html

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2022-03-11T07:00:00+01:00

La maison enchantée de Agathe SANJUAN

Publié par Tlivres
La maison enchantée de Agathe SANJUAN

Ma #VendrediLecture, c'est un premier roman tout juste sorti en librairie, publié aux éditions Aux Forges de Vulcain.

Cette maison d'édition, je l'affectionne tout particulièrement. C'est elle qui a publié les romans de Gilles MARCHAND, "Une bouche sans personne""Un funambule sur le sable", "Des mirages plein les poches", Alexandra KOSZELYK avec « À crier dans les ruines » et « La dixième Muse », Michèle ASTRUD avec "La nuit je vole", Jean-Baptiste DE FROMENT avec "Etat de nature", Alexis DAVID-MARIE et "#Martyrs Français"... Les éditions Aux Forges de Vulcain "espèrent plaire et instruire. Elles souhaitent changer la figure du monde", joli défi, non ?

Et quelle plus belle aventure avec une primo-romancière, Agathe SANJUAN.

Zoé est arrivée sur Paris pour travailler. Elle est passionnée d'art. A ses heures perdues, elle fréquente les galeries. C'est au cours de l'une de ses flâneries qu'elle découvre des estampes. Elle s'intéresse à la discipline, explore la technique, devient fidèle d'une maison et se lie avec Julien, le jeune homme qui l'accueille, la guide, l'oriente. C'est avec lui aussi qu'elle fera la visite d'un musée privé, un brin mystérieux...

Si vous aimez l'art mais que vous n'avez pas de formation particulière, vous apprécierez certainement d'accompagner Zoé dans ses tribulations. 

Zoé, c'est un personnage profondément attachant, une jeune femme que rien ne prédisposait à aimer l'art. A la maison, quand elle était enfant, il n'y avait pas d'oeuvres. Elle a donc fait ses armes seules. Agathe SANJUAN restitue parfaitement le sentiment de solitude que l'on peut éprouver parfois quand on est passionné par une discipline et qu'il est difficile d'en parler avec parents, famille et amis, sans avoir l'impression de les "gaver". C'est pourtant là que les choses deviennent intéressantes, quand les êtres dévoilent leur vraie nature...


Le contrôle qu’elle s’était toujours imposé, en corsetant son quotidien. ses occupations professionnelles, sa vie amicale, craquait de toutes parts face à sa passion dévorante. P. 52

C'est aussi là que survient un immense bonheur, un sentiment de plénitude. Comme j'ai aimé voir Zoé monter sa propre collection, remplacer petit à petit tous ces effets personnels par l'objet de ses convoitises !

Et puis, il y a l'art en tant que tel. Agathe SANJUAN nous plonge au coeur d'une discipline, les estampes. Elle va, un peu comme sait très bien le faire Maylis DE KERANGAL, le temps d'une lecture, nous apprendre les techniques, replacer dans le contexte historique les différents mouvements, enrichir nos connaissances.


Les personnages voyageaient, les époques s’entrechoquaient, les lieux se succédaient sans logique géographique, mais la poésie émanant de ces suites de contes la rassasiait de bonheur et de fantasmes. P. 114

"La maison enchantée", je peux bien vous le dévoiler, c'est en référence à une lithographie de Rodolphe BRESBIN. Il vous suffira d'ouvrir la couverture intérieure pour en découvrir une première version. Quant à la seconde, je ne peux pas vous en dire plus !

Zoé est un personnage de fiction que l’on imagine aisément vivre aujourd’hui. Agathe SANJUAN en profite pour brosser le portrait du marché de l’art et son évolution dans le temps, depuis les enchères de Drouot jusqu’aux nouvelles modalités numériques. 

Enfin, il y a la qualité de la plume. Je suis littéralement sortie envoûtée par les mots de la jeune femme, Agathe SANJUAN, dont l'écriture est éminemment romanesque. Elle n'en fait pas trop, juste ce qu'il faut pour éveiller notre curiosité et nous tenir en haleine. Entre fiction et onirisme, elle nous propose de découvrir "La maison enchantée" tout en volupté, bravo !

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2022-03-08T21:23:50+01:00

Les grandes oubliées de Titiou LECOQ

Publié par Tlivres
Les grandes oubliées de Titiou LECOQ

Le 8 mars, journée internationale en faveur des droits des femmes, il y a le choix entre les grandes figures du féminisme du XXème siècle comme Gisèle HALIMI, Benoîte GROULT, sans oublier Simone VEIL, Françoise HERITIER, et puis, il y a des nouvelles, celles du XXIème siècle comme Adeline FLEURY ou encore Titiou LECOQ.

En vacances, j'ai passé ma journée à lire l'essai de Titiou LECOQ, "Les grandes oubliées", publié aux éditions de l'Iconoclaste, un bijou à offrir sans modération.

La préface est rédigée par Michèle PERROT, historienne, je vous conseille d'ailleurs de l'écouter, ou la réécouter, sur France Culture. Une série d'une dizaine de podcasts sont disponibles. 

Au fond, la démarche de Michèle PERROT lancée en 2005 et cet essai de Titiou LECOQ ont la même finalité, écrire l'histoire des femmes, prendre la plume pour revisiter l'Histoire écrite par des hommes, l'Histoire dans laquelle elles sont, a minima oubliées, pire encore effacées.

Avec Titiou LECOQ, on repart de la Préhistoire et on déroule jusqu'à l'histoire contemporaine, en relisant les textes, en réinterprétant les mythes, mais mon Dieu, mais c'est bien sûr !!!

Tout depuis notre plus jeune âge est orienté, tout prête à conférer aux hommes le rôle de leader, d'acteur, de décideur, bref, seuls les hommes présents dans la sphère publique laissèrent une trace dans les livres d'histoires, y compris dans les manuels scolaires encore entre les mains de nos chères têtes blondes.

J'ai profondément aimé la manière très singulière qu'a Titiou LECOQ de déconstruire ce qui nous paraissait comme des évidences, à force de nous l'avoir rabâché.

C'est aussi, avec cet essai, une manière intelligente d'aborder des concepts tels que l'alloparentalité, l'agentivité...

C'est encore l'opportunité de se rendre compte que même dans notre langue les mots de vocabulaire afférents aux femmes ont été progressivement et purement supprimés, le sexe faible balayé d'un revers de main.

C'est enfin le moyen de se remémorer des temps pas si anciens au cours desquels le corps des femmes faisait l'objet de maltraitances, des ablations d'ovaires ou de clitoris pour calmer ou soigner les hystériques, quand il ne devenait tout simplement pas une arme de guerre.

Ce livre à diffuser sans modération est à exposer sur la table du salon pour permettre à chacun, chacune, de s'en saisir pour quelques minutes, une heure...

Si l'on parle de quotas encore aujourd'hui pour faire une place aux femmes, souvenons-nous que l'Académie royale de peinture et de sculpture au début du XVIIIème siècle en avait fixé pour réserver aux hommes une place confortable face aux femmes artistes qui arrivaient en nombre. Ce n'était nullement parce que les femmes étaient absentes de ces disciplines !

Parce que le féminisme évolue avec les années et c'est bien normal, Titiou LECOQ fait partie de ces femmes qui assurent la relève, déconstruisent le passé pour imaginer l'avenir. "Les grandes oubliées", c'est mon #mardiconseil du jour !

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2022-03-04T07:10:42+01:00

La fille de la grêle de Delphine SAUBABER

Publié par Tlivres
La fille de la grêle de Delphine SAUBABER

Vous savez comme j’aime lire des premiers romans, parfois guidée par les 68 Premières fois, parfois seule à sortir des sentiers battus, à tendre vers l’inconnu. C’est ainsi que j’ai découvert la plume de Delphine SAUBABER. Je me suis délectée de « La fille de la grêle » publié chez Lattès.

 

Marie a 80 ans. C’est décidé. Pour elle, il n’y aura pas une année de plus. Elle est une vieille femme et n’a d’autre espoir que de partir pour renaître. Avant de tout quitter, elle écrit à fille, Adèle, elle-même mère d’un petit Raphaël. Elle lui dévoile son enfance à la ferme des Glycines, élevée par des paysans dont le seul dessein de toute une vie reposait dans le labeur, acharnés qu’ils étaient à se confronter chaque jour aux aléas de Dame Nature. Et puis, il y a eu un frère, Jean, né deux ans après elle, un enfant différent, un enfant sourd, diagnostiqué tard. Avec elle qui perdait son temps à lire des livres et lui qui ne comprenait rien, Joseph et Madeleine n’étaient pas aidés ! 

 

Ce premier roman, c’est une lecture coup de poing, un livre qui résonne d’une puissante justesse avec la vie d’agriculteurs qui pourraient avoir 80 ans aujourd’hui.

 

Il y a ce rapport au travail, jour et nuit, ils ne font qu’un avec leur vie professionnelle. Leur maison même est nichée au cœur des bâtiments de la ferme, impossible de ne pas se lever le matin sans s’y consacrer. Cette vie-là a ses codes, ses références, son univers, ses exigences, dont les loisirs et les vacances sont exclus, à moins que ça ne soit les hommes !

 


Mes parents n’avaient pas le même rapport au désir - ce mot de toute façon imprononçable, ou alors à voix basse. P. 91/92

Ils se nourrissent des fruits de leur terre, d’un bouillon de légumes qu’ils égaient de quelques vermicelles ! Il y a ces flashs tellement vrais, tellement humains. Delphine SAUBABER honore le monde paysan, pauvre et précaire, dans une société où la rupture entre les CSP est fracassante. 


Avec quelle liberté, quelle légèreté les riches parlaient, vivaient, devisaient sur l’état du monde, se moquaient, étaient ce qu’ils étaient ! P. 91

Et puis, il y a le rapport au handicap, un enfant né dans un monde qui n’a pas de temps à lui consacrer, des gens qui sont éloignés et ignorent les services de santé, une mère désarmée quand un père laisse sa colère s’exprimer. Là, la force de la fratrie m’a bouleversée, l’immense amour qu’offre cette sœur à son frère est profondément émouvante.

 

Dans le registre des émotions, il y a aussi le parcours de Marie, devenue grande, devenue mère. Là, c’est une longue confession. Au fil des mots, elle délivre ce qu’elle avait caché, les secrets d’une vie, les sacrifices, les erreurs aussi, et demande à sa fille de lui pardonner.


Alors la seule chose que je demande est que l’on respecte, que tu respectes, mon dernier acte de liberté. Qui sera sans doute le seul de toute ma vie. P. 177

J’ai été touchée par ce qui pourrait être, un jour, légalisé en France, le suicide assisté pour les personnes âgées, celles dont la vie a été longue et qui redoutent l’année de trop qui leur fera perdre la raison. Ce premier roman aide à avancer dans ses réflexions personnelles sur le sujet. 

 

A méditer aussi pour notre rapport à la nature. Là, elle est décrite dans son éblouissante beauté, mais aussi ses grandes colères. Si nous avions cru, nous les hommes modernes, pouvoir un jour la maîtriser, il n’en est rien !

 

La plume de Delphine SAUBABER oscille entre la poésie d’une formidable lettre d’amour d’une mère à sa fille et la justesse d’un foudroyant manifeste.

 

Ce premier roman, ce ne sont que quelques 200 pages, et pourtant il m’en reste encore tant à dire !

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2022-03-01T21:24:51+01:00

Voyage thérapeutique de Armand CABASSON

Publié par Tlivres
Voyage thérapeutique de Armand CABASSON

Il y a des opportunités qu'il ne faut pas laisser passer, comme une proposition de Babelio de découvrir un roman de l'auteur Armand CABASSON, "Voyage thérapeutique" aux éditions Librinova.

Sven, un tireur d'élite, est en mission commando au Mexique avec son binôme Thomas. S'ils ont fait ensemble les 400 coups et qu'ils sont reconnus pour leur force de caractère, leur courage, leur ténacité, là, il faut bien l'avouer, tuer l’Écorché, Xipe Totec, relève peut-être de celle de trop. Autre lieu, autre situation, May se retrouve à bord d'une Alfa Roméo avec Suzie, Olivier et Paul. Une course poursuite s'engage. La voiture roule à vive allure sur le Pont de Normandie. Un simple impact, elle s'envole. Séverine et Marc sont eux surpris dans leur sommeil. Des cambrioleurs pénètrent dans leur appartement, ils se présentent dans l'encadrement de la porte. Alors que la jeune femme est menacée, lui ne bouge pas... le petit doigt.

En lisant les premiers chapitres, je ne voyais pas bien ce que ces trois situations pouvaient avoir en commun, mais c'était sans compter sur la capacité de l'auteur à réaliser un tour de force qui, au fil des pages, va s'intensifier.

Vous voilà prévenus, Armand CABASSON nous embarque dans un thriller psychologique absolument redoutable.

L’auteur est psychiatre. Il va puiser dans son expertise  professionnelle pour nourrir un roman empreint de justesse dans l’approche psychologique de traumatismes. Les personnages sont chacun profondément attachants dans leurs fragilités.

J'ai beaucoup aimé faire ce "Voyage thérapeutique", explorer les blessures et décrypter les mécanismes du cerveau... lui, toujours lui qui peut n'en faire qu'à sa tête, au risque de vous faire perdre la vôtre.


[…] c’est en phase de sommeil paradoxal que le cerveau organise et consolide les souvenirs. C’est aussi durant cette phase que l’on rêve. Mémoriser et rêver : les deux processus sont liés. P. 207


J'étais sortie peu de temps auparavant de la lecture du dernier roman de Jeanne BENAMEUR, "La patience des traces", qui m'avait mise sur la voie d'un certain jeu d'équilibre... 


Je ne te parle pas d’un voyage classique, mais d’un voyage thérapeutique. […] Donc, la stratégie, c’est ce carré d’as : mots, émotions, comportements, sensoriel. P. 204/205

J’aime la littérature pour ce qu'elle donne à voir de la grande Histoire, j'avoue que l’exploration des tréfonds de l'âme me passionne aussi quand elle est savamment menée.

Ce roman est haletant, le rythme va croissant pour finir avec une véritable tornade.

La plume est puissante, elle est électrique, elle est foudroyante...


L’attente l’impatiente. Enfin, la lumière de la chambre blanchit avant de pâlir aussitôt. On dirait que l’ampoule du plafonnier a tenté de brûler l’énergie de sa vie entière en une seule brève incandescence. P. 179

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2022-02-11T08:25:16+01:00

La patience des traces de Jeanne BENAMEUR

Publié par Tlivres
La patience des traces de Jeanne BENAMEUR
 
Il y a des rdv avec des écrivains qui sont un peu comme des rencontres avec des amis. A chaque lecture de Jeanne BENAMEUR, c’est un peu comme retrouver un univers littéraire, un registre artistique et puis toujours,  le pouvoir des mots… pour le plus grand des plaisirs.
 
Vous vous souvenez peut-être de
 
 
Dans cette rentrée littéraire de janvier 2022, place à "La patience des traces".
 
Tout commence avec la chute de ce bol bleu, un matin. Ce bol, il accompagnait Simon dans sa vie depuis longtemps, c’était un cadeau précieux. C’était avec lui qu’il commençait sa journée, avec lui qu’il buvait le premier café avant de se consacrer à ses patients. Simon est psychanalyste. Il habite en bord de mer. Il vit seul. Il sent que ce bol brisé est bien plus que deux morceaux de porcelaine séparés, il est la révélation d’un appel vers le lointain, un dépaysement pour mieux se retrouver.
 
Jeanne BENAMEUR a cette capacité, en quelques phrases, à planter le décor, focaliser son objectif sur son personnage, inviter à la concentration. Le rythme est lent, chaque mot pesé. Simon peine à se projeter. Je le ressens dans mon corps, ma sensibilité est éveillée. Partira, partira pas. Il va finir par prendre l’avion pour une destination qu’il a laissé choisir par son ami. Il joue avec Hervé aux échecs. Il est en totale confiance, la confiance que l’écrivaine va explorer sous toutes les coutures et décliner à l’envi.
 
Comme j’ai aimé découvrir la psychanalyse à travers la carrière de Simon, la nécessité d’écouter, une présence pour franchir le cap…


Et même si du divan une voix semblait s’adresser à moi, je sais que je n’étais là que pour le passage des paroles du dedans au dehors. P. 125

Et puis, il y a ce voyage intérieur, celui que Simon s’offre à lui-même, meublé de silences, habité par la solitude, porté vers la contemplation, un voyage pour se débarrasser de ce qui l’entrave, à l’image de ces raies Mantas qui se défont sur les coraux de ce qui les encombrent et s’offrent ensuite le plus beau des vols planés comme un nouveau souffle, un nouvel élan vers autre chose. Quelle plus jolie métaphore.
 
Le voyage de Simon fait ressurgir la douleur de malheureux souvenirs. Il avait bien essayé de panser ses propres plaies mais elles lui résistaient.


Les émotions violentes sont empreintes. On ne peut que les circonscrire pour qu’elles n’envahissent pas tout. P. 123

Chez Akiko et Daisuke Itô, tout est différent. Tout est différent, le cadre de vie, les saveurs culinaires, les tenues vestimentaires, le rapport aux autres. Avec eux se crée une complicité presque naturelle qui va bien au-delà des mots, c'est de leur musicalité dont il est question. Chuintés, simplement murmurés, délicatement prononcés, ils deviennent le baume de toutes les trahisons.


La langue inconnue qui vous enveloppe, se parle juste à côté de vous. Lui y trouve une paix profonde. P. 106

J'ai adoré voir la complicité se nourrir entre les deux hommes, en l'absence même de la traduction des mots. Si l'on peut parfois appréhender de ne pas pouvoir échanger par le biais d'une langue commune, il est en réalité bien d'autres alternatives à la parole pour entrer en communication avec l'autre comme le regard, l'expression du visage, les mouvements des mains, la position du corps, et bien d'autres encore. Simon et Daisuke vont expérimenter le non-verbal dans leurs échanges et nous montrer ô combien il peut être riche... d'humanité.
 
L'art peut-être le prétexte à l'expression d'émotions et devenir la source d'un partage. Si vous êtes une fidèle de Jeanne BENAMEUR, vous savez qu'il occupe toujours une place de choix dans ses romans. Dans "La patience des traces", elle nous propose une plongée dans deux disciplines artistiques, deux pratiques artisanales qui perpétuent la beauté et l’utilité du geste, sa répétition inlassable pour atteindre la perfection. Il y les tissus bingata aux couleurs vives, des couleurs crues, des couleurs pures, qui vous touchent en plein cœur. Il y a aussi la porcelaine avec le kintsugi, cette pratique artistique qui magnifie les brisures des objets avec de la poudre d’or.
 
L’écriture de Jeanne BENAMEUR est éminemment belle et délicate, profondément sensorielle. Ce roman est une nouvelle fois une invitation à arrêter le temps, se poser, toucher, sentir, regarder, écouter, savourer pour S’ÉMERVEILLER.

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2022-02-08T07:00:00+01:00

Le sanctuaire d’Emona de Alexandra KOSZELYK

Publié par Tlivres
Le sanctuaire d’Emona de Alexandra KOSZELYK
Alexandra KOSZELYK nous revient dans cette rentrée littéraire en explorant un nouveau genre, un roman pour jeunes adultes, un roman fantasy, et je dois bien l'avouer, c'est un coup de ❤️ (vous avez bien sûr repéré l'oeuvre de Botero Pop, "Love" !).
 
Séléné a un frère, Antoine. Tous deux ont été adoptés par leurs parents. Séléné est en quête d’identité. Il y a cette empreinte au poignet, une forme lunaire. Il y a ce mystère qui entoure ses origines et la fait la souffrir. Cet été, c’est décidé, elle va prendre de la distance et partir pour l'Australie. Ses plans ne se réaliseront pas tout à fait comme elle le souhaitait mais c’est ça ou rien. Ses parents acceptent qu’elle parte mais avec son frère et sa copine Daria. Plutôt qu’un vol direct, il y aura un itinéraire en voiture pour s’arrêter en Roumanie voir sa mère. Le jour du départ, une nouvelle s’incruste, Irina, la sœur de Daria. Tout ça n’est pas pour plaire à Séléné mais quand l’équipe sera arrêtée en Slovénie, soupçonnée de transporter de la drogue et abandonnée en rase campagne avec une voiture en pièces détachées, Séléné trouvera chez Irina un brin de réconfort. Elle ne sait pas encore que des aventures pour les moins surprenantes les rapprocheront beaucoup plus encore.
 
La plume d’Alexandra KOSZELYK, je la connaissais pour avoir lu ses romans, « À crier dans les ruines » et « La dixième Muse », tous deux publiés Aux Forges de Vulcain. Elle franchit un nouveau cap avec « Le sanctuaire d’Emona » de la Collection R de Robert Laffont.
 
J’ai adoré retrouver la fluidité de la prose au service d’un roman, cette fois d’aventures, vraiment haletant. Il y a ce départ en vacances de Séléné, addict des réseaux sociaux. Alexandra KOSZELYK croque tendrement cette jeunesse en mal d’exister devenue experte dans la technique du recadrage, l’usage des filtres et autres animations pour séduire leurs followers.
 
Si elle prend du plaisir à ancrer le propos dans la réalité de notre XXIème siècle, la tournure des événements va bientôt prendre un tout autre chemin, celui de la mythologie, des contes et légendes, pour nous proposer un récit fantastique guidé par des forces cachées. Séléné et Irina sont attirées par le surnaturel. L’une sculpte des figurines aux pouvoirs obscurs, l’autre laisse son imagination déborder et dessine d’innombrables mangas. J’ai beaucoup aimé tous ces passages où la création artistique des deux adolescentes est l'expression de talents et explorée dans ce qu’elle a de plus impérieux.
 
Et puis, il y a la magie de l’histoire, une ville de Slovénie où les sculptures de dragons sont légions, une maison inquiétante, des apparitions, une grotte comme lieu d'apprentissages... Bref, tout y est pour en faire un roman captivant.
 
Il y a encore le traitement des émotions des deux jeunes filles, un brin lyrique, et la relation d'amitié qu'elles vont tisser ensemble au fil du livre pour se solidariser et affronter les éléments. Elles composent un vrai duo de choc que rien ne saurait arrêter. J'aime ces personnages féminin pleins de fougue et d’ardeur.


Au contraire, au creux de leurs souffles, il y avait l’abandon de soi, le plus inestimable des dons, dans la confiance qu’on remet à l’autre, comme le trésor le plus précieux. P. 185

Enfin, il y a des valeurs. Ce roman, ce sont aussi des messages adressés aux jeunes adultes, une invitation à mesurer le sens de ce qui peut faire société. Le roman devient conte philosophique avec une dimension initiatique. Là aussi, les passages sont prodigieux.
 
Alexandra KOSZELYK nous enchante une nouvelle fois avec une plume éminemment descriptive, presque cinématographique. De là à imaginer que le livre soit un jour exploité par le 7ème art, il n'y a qu'un pas ! 
 
Vous l'aurez compris, Alexandra KOSZELYK embrasse avec talent ce tout nouveau genre littéraire et quelle plus belle surprise que de découvrir qu’il ne s’agit là que du tome 1. Elle nous promet une saga.
 
Je sors émerveillée de ce roman, totalement conquise. Je suis sortie de ma zone de confort pour mon plus grand plaisir, j’ai adoré retrouver mes passions d’adolescente. Je découvre que je n’ai pas pris une ride !!! Si on m'avait dit qu'un jour je craquerai pour un roman fantastique, je ne l'aurais pas cru, c'est pourtant vrai !
 
Impossible de ne pas saluer le traitement esthétique du livre qui fait partie de la collection R de Robert Laffont. Ses couvertures sont illustrées par Laura PEREZ, dessinatrice de BD. La délicatesse du trait des personnages et les reliefs font de lui un sublime objet. Bravo, c’est du grand art !
 

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2022-02-05T19:19:55+01:00

Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU

Publié par Tlivres
Une sirène à Paris de Mathias MALZIEU

Albin Michel

« Surprisiers : ceux dont l’imagination est si puissante qu’elle peut changer le Monde - du moins le leur, ce qui constitue un excellent début ». Vous ne rêvez pas, vous voilà de nouveau happé.e.s par l’appel du large du talentueux Mathias MALZIEU. 
 
Gaspard est malheureux. Son amoureuse, Carolina, l’a récemment quitté. Sa grand-mère, Sylvia Snow, la fondatrice du Flowerburger, vient de décéder. Elle, c’était le sel de la vie de Gaspard, elle disait :


L’ingrédient magique, c’est l’amour. Car il permet la cristallisation du rêve. Saupoudrez le tout d’une pincée de surprise, et votre vie aura un goût exquis ! P. 28

Alors, quand son père, Camille, décide de vendre la péniche qui accueillait ce cabaret extraordinaire, c’est un peu comme si toute sa vie à lui disparaissait. C’est là que Gaspard œuvrait, il émerveillait les spectateurs de ses tours de magie. C’est là que ses rêves devenaient réalité. C’est le cœur en peine qu’il va se promener le long des quais de Seine. Le fleuve est en crue. La capitale offre un nouveau visage que les badauds cherchent à immortaliser. Un chant langoureux appelle Gaspard, un éclair bleu le foudroie. Il ne rêve pas, il voit « Une sirène à Paris ». Dès lors, tout peut arriver.
 
Si vous ne connaissez pas encore la plume féerique de Mathias MALZIEU, c’est le moment de plonger. Le chanteur de Dyonisos a une imagination à couper le souffle. Il nous offre un conte des temps modernes avec une histoire rocambolesque, à partager sans modération.
 
Avec ce livre, il nous invite une nouvelle fois à faire ce petit pas de côté pour offrir à la réalité de nouveaux habits, merveilleux, poudrés d’étoiles. 
 
La prose est illuminée, le destin de Gaspard revisité avec une parenthèse heureuse de deux jours et deux nuits, c’est le temps pendant lequel une sirène peut survivre loin des fonds marins. Dès lors, chaque seconde compte.
 
Mathias MALZIEU, je l’ai découvert avec Métamorphose en bord de ciel
 
Et puis il y a eu « Journal d’un vampire en pyjama », prodigieux.
 
Avant sa venue à Angers, j’avais envie de replonger dans son univers littéraire. Cure de jouvence assurée !

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2022-02-04T18:04:46+01:00

Ton absence n’est que ténèbres de Jón KALMAN STEFÁNSSON

Publié par Tlivres
Ton absence n’est que ténèbres de Jón KALMAN STEFÁNSSON
 
Le tout nouveau roman de Jón KALMAN STEFÁNSSON vient de sortir et c’est du très bon.
 
L’histoire se passe dans un fjord islandais, un lieu au bout du monde, un lieu au climat hostile, mais les oiseaux, eux, ne s’y trompent pas. Sur le chemin de leur migration, ils s'y arrêtent comme cet homme qui a perdu la mémoire. Après une rencontre mystérieuse à l’église, il est invité par une jeune femme à déjeuner sur la tombe de sa mère Aldís, une femme lumineuse qui, dans sa jeunesse, avait fait la connaissance avec Haraldur par le plus grand des hasards. Elle partait en week-end avec son fiancé. En chemin, ils subirent une crevaison. Ils se rendirent dans la première ferme des environs pour demander de l’aide. C’est là qu’elle croisa le regard du jeune paysan qu’elle ne pourra plus jamais oublier. Rentrée chez ses parents, elle fera une modeste valise, prendra le car pour vouer sa vie à cet inconnu. Ainsi va la vie. L’homme amnésique découvre ainsi Rúna, profondément triste du décès de sa mère. Il faut dire qu’elle est morte dans un accident de voiture. Rúna, après une thèse en histoire de la philosophie, avait décidé de rentrer chez ses parents. Alors qu’elle conduisait la voiture sur une route verglacée, sa mère, sur le siège passager, riant aux éclats avec son mari assis à l’arrière, avait fait une cabriole pour l’embrasser. Le talon de sa chaussure était venu blesser Rúna à l’œil. Elle avait alors perdu le contrôle du véhicule. Sa mère était morte sur le coup, son père resté tétraplégique, ainsi va la vie, à moins que ça ne soit une affaire de destin…

Jón KALMAN STEFÁNSSON est un formidable conteur, un exceptionnel romancier. A l’histoire de Rúna, Aldís et Haraldur se grefferont bientôt celles de Sóley, Hafrún, Skúli, leurs deux fils Halldór et Páll, sans oublier Svana, Eirikur, Gísly, Gudridur, Pétur, Halla, et bien d’autres encore. L’écrivain dresse le portrait d’une galerie de personnages hauts en couleur, des hommes et des femmes empreints d’une profonde humanité, ils pourraient être vous, ils pourraient être moi.

Leur point commun, être marqués par la disparition d’êtres chers que la mort a stoppés dans l’élan de la vie...


Tu sais, Dieu à tendance à rappeler l’être humain au beau milieu d’une phrase, d’une fête, du bonheur, d’un baiser, et ensuite, il est trop tard pour prononcer le mot qu’on aurait dû dire […]. P. 548

Ils sont tous aussi, à bien y regarder, traversés par un sentiment de culpabilité. Entre petits et grands péchés, chacun cherche la voie du pardon. Mais d’aucun, en zoomant sur leur existence, y verrait quelques actes de courage.
 
Parce que la vie n’est pas un long fleuve tranquille, celle des personnages de fiction imaginés par l’auteur islandais révèle au monde ses forces comme ses faiblesses. Nul n’est blanc ni noir, le patchwork des existences de celles et ceux qui habitent les presque 600 pages de ce formidable roman montrent un vaste panel de nuances de gris. L'auteur, lui même, puise dans la nuance et le doute son inspiration...


Celui qui sait tout ne peut pas écrire. Celui qui sait tout perd la faculté de vivre, parce que c’est le doute qui pousse l’être humain à aller de l’avant. P. 210

Les générations se suivent, fortifiées ou fragilisées parce qu’en ont fait les précédentes. Plus que des individus, ce sont des familles tout entières dont le sort est chahuté.
 
Je me suis laissée porter par des destins tragiques, des vies d’amour et de labeur, au rythme d’une playlist incommensurable. Bod DYLAN, Léonard COHEN, Nas, Damien RICE, Nick CAVE, John LENNON, Regina SPEKTOR, Elle FITZGERALD, Cure, et bien d'autres encore, nourrissent le propos d'émouvantes mélodies.
 
Ce roman, c’est aussi celui d’une nature sublime, de celle qui vous ferait prendre un billet d’avion sans réfléchir.
 
Vous l’aurez compris, Jón KALMAN STEFÁNSSON nous livre un nouveau roman éblouissant. La plume est belle, fluide, talentueuse. Elle oscille entre les émotions pour mieux les décrypter...


Toute chose doit pouvoir être nommée, faute de quoi on ne peut la décrire, la cerner. P. 77

et vous savez à quel point Jón KALMAN STEFÁNSSON excelle dans ce registre.
 
Pour que la boucle soit bouclée, il me reste à remercier la délicate attention qui me l’a offert pour Noël, un si joli cadeau.

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2022-02-01T12:40:43+01:00

Au café de la ville perdue de Anaïs Llobet

Publié par Tlivres
Au café de la ville perdue de Anaïs Llobet
 
La jeune journaliste française installée à une table du café Tis Khamenis Polis suscite bien des convoitises. Il y a Giorgos qui égrène ses souvenirs de Varosha, sa vie là-bas, son hôtel Seaside. Et puis, il y a Ariana, serveuse, qui vient passer ses pauses avec elle et lui raconte l’histoire de sa famille : son père Andreas, élevé par sa tante Eleni récemment décédée. Ses parents à lui se sont évaporés, sa mère, Aridné, était une chypriote turque. Elle serait partie avec un soldat. Lui, rongé par le chagrin, aurait pris la mer, sans jamais revenir. Ariana est habitée par cette filiation. Elle est aussi hantée par cette maison de Varosha dont l'adresse,14, ados Ilios, tournoie autour de son bras. Cette maison, c'est celle que ses grands-parents ont dû abandonner au moment du coup d’Etat de 1974. C’est là que la grande Histoire s’invite à la table des deux jeunes femmes pour ne plus la quitter.
 
Les frontières n’ont jamais été aussi présentes dans l’actualité. Il y a ce virus, un prétexte comme un autre pour faire resurgir les limites ancestrales. Il y a aussi les prémisses d’une campagne électorale présidentielle dans lesquels s’invite le sujet, à tort et à travers. Sans oublier enfin, la menace russe qui pèse sur l'Ukraine. Mais tout ça n’est rien quand on n’a pas connu la guerre des territoires. Avec le roman de Anaïs LLOBET, qui retrace une page de l’Histoire de l’île de Chypre qui, de tout temps, a suscité l’oppression des envahisseurs, et des personnages, qui pourraient être vous, moi, j’ai pris la mesure de tout ce qui se joue dans ce combat, le destin d’hommes et de femmes, celui du bâti, des murs, des maisons, des villes, à la vie, à la mort. Il y a cette remarquable métaphore :


Mille veines bleues parcourent le corps d’un homme, comme le réseau électrique et souterrain d’une ville. P. 117

Ce roman, c’est un roman dans un roman, celui d’une journaliste qui va, au fil des confessions d’Ariana, tisser celui de la ville morte, Varosha devenue zone militaire. Sa forme littéraire concourt à la mémoire d'une page de la grande Histoire chypriote, une page contemporaine de son Histoire, j'avais 5 ans lors du coup d'Etat. Si l’écrivaine ne qualifie pas son livre d’historique, il se nourrit pourtant d’évènements marquants du passé. 
 
Dans "Une bouche sans personne", l'auteur, Gilles MARCHAND, cite Italo SVEVO : "Les choses que tout le monde ignore et qui ne laissent pas de traces n'existent pas." Plus que la mémoire d'un territoire éminemment stratégique aux confins du Moyen-Orient, avec ce roman et le biais de la fiction, Anaïs LLOBET lui donne du corps et l'incarne avec des personnages qui perpétuent la vie ce celles et ceux qui ont été condamnés à fuir, à s'exiler, spoliés de leurs biens.


En réalité, tout changeait. Il n’y avait que l’écriture qui figeait les instants et prétendait les enraciner dans la mémoire. P. 308

A travers les différentes générations, depuis celle de Ioannis et Aridné jusqu’à Ariana, il se passe une quarantaine d’années, quelques décennies qui ont nourrit des relations de haine entre les peuples.

Anaïs LLOBET joue avec les temporalités. Elle réussit avec brio à relater le présent d’une guerre, ce qu’il grave dans les esprits de celles et ceux qui la vivent, la vieille génération, le passé de cette guerre aussi qui hante leurs descendants, la jeune génération, marquée de l’empreinte des traumatismes jusque dans les pores de leur peau, le tatouage sur le corps d’Ariana représente à s’y méprendre les conséquences de cette tragédie.

J’ai été fascinée par la quête d’Ariana, la puissance du fantasme de cette maison 14, rue Ilios, sur son itinéraire personnel, ses études d’architecture dictées par la volonté de reconstruire « sa » maison, son besoin irrépressible d'aller sur site et de  lui redonner vie.


Elle imagine la maison sur son lit de mort, cherchant désespérément ses anciens habitants pour ne pas agoniser seule. P. 160

Et puis, il y a cet amour impossible entre un chypriote grec et une chypriote turque. Aridné croit dur comme fer à la paix et souhaite y contribuer à sa mesure. Il y a ses actes militants sur la plage pour révéler ses convictions au grand public, il y a ce mariage aussi avec Ioannis. Peu lui importent les concessions, y compris religieuses. Mais, dans les années 1960, le ver est dans le fruit et il ne va cesser de s’y développer. Il s'invite jusque dans la cuisine avec le subtil dosage d'épices qui change tout, la langue aussi. 
 
Aridné, comme Ariana, sont des femmes qui chacune à leur époque, mènent des combats à mains nues. Il y a celui de la paix, il y a celui de la justice aussi. Les deux femmes sont intelligentes. Elles ne sauraient se résigner à accepter la destinée de leur patrie. 
 
Anaïs LLOBET réussit à incarner chacun des camps et lever le voile sur le grand échiquier du monde.
 
Je découvre avec ce roman la plume de Anaïs LLOBET, romanesque à l’envi, sensible, pudique, pleine d’humilité, portée par un profond humanisme. La chute est prodigieuse, bravo !
 
"Au café de la ville perdue" est mon premier coup de coeur de l'année, le voilà paré de la création "Love" de Botero Pop.

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2022-01-14T18:38:25+01:00

Les nus d’Hersanghem de Isabelle DANGY

Publié par Tlivres
Les nus d’Hersanghem de Isabelle DANGY

Ma #Vendredilecture, c'est le tout dernier roman d'Isabelle DANGY : "Les nus d’Hersanghem", aux éditions Le Passage.

Grégoire Arakelian arrive de Marseille à Hersanghem en avril, il est nommé au Tribunal de Grande Instance pour un premier poste de greffier. Marie, sa fiancée, est restée à Marseille, sa ville d’origine, malgré leur quatre années d’amour. Elle ne se sentait pas prête. Grégoire, de son côté, fait connaissance avec Monsieur Vivien, comptable à la retraite, qui lui fait visiter la ville. Tous deux arpentent les lieux. Au gré de leurs promenades, Grégoire prend des photos qu'il expédie à Marie. Il devient l'ambassadeur de Hersanghem pour lever les doutes de sa bien-aimée. Mais aujourd'hui, les vibrations changent. La ville vit au rythme de l'événement qui ponctue l'année, la braderie estivale, le dernier week-end de juillet. Grégoire perd tous ses repères. Pire encore, le temps est à l'orage !

Peut-être aurez-vous la même tentation que moi et irez chercher Hersanghem sur internet... Vous n'y trouverez rien, cette ville relève de la pure imagination de l'écrivaine, mais quelle imagination ! 

Dans un processus littéraire original, Isabelle DANGY va créer de toutes pièces une cité avec ses propres espaces publics, ses monuments et autres aménagements. Au gré d'une succession de chapitres répondant aux doux noms du Quai d’Hazebrouck, du cinéma du centre Jasmyn... l'écrivaine nous offre un paysage urbain à parcourir, paysage regardé par le filtre de l'appareil photographique.

Mais là où les choses deviennent vraiment intéressantes, c'est lorsqu'elle en brosse le paysage humain. Isabelle DANGY explore avec une incroyable minutie les hommes et les femmes qui y habitent, celles et ceux qui en composent la vie, à l'image du gardien de Beffroi. Dans une approche un brin anthropologique, elle va, les uns, les autres, les mettre à nu. 

 

J'ai un petit faible, je vous l'avoue, pour la librairie du Toton, l'approche du métier de libraire et ce qu'il génère d'envies, c'est truculent. Pour celles et ceux qui, comme moi, aiment la littérature, nul doute que vous vous exposerez au phénomène d'identification !

Par un savamment mélange, Isabelle DANGY va réussir à lier urbanisme et vie sociale, faire en sorte que les lieux impriment leur signature sur les êtres, et vice-et-versa.

Mais rien ne serait plus inquiétant que les phénomènes EXTRAordinaires qui se produisent ce jour-là, donnant à la lecture tout le suspens dont elle a besoin pour devenir l'objet de vos convoitises.


Il y a quelque chose dans l’air ce soir, quelque chose d’un peu orageux peut-être, malgré la pureté du ciel, une vibration encore imperceptible, des bancs d’angoisse inertes dans le remous des avenues. P. 211

La plume est séduisante à l'envi, pleine de poésie, à l'image de cette définition des insomnies...


Perdre le sommeil, c’est comme d’être chassé hors du paradis terrestre. Et de monter la garde à ses portes en espérant y être à nouveau invité. P. 201

On en viendrait presque à en rêver !

Ce roman, c'est une belle lecture de cette rentrée littéraire, un moment hors du temps.

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2022-01-12T18:00:00+01:00

Mon ancêtre Poisson de Christine MONTALBETTI

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Mon ancêtre Poisson de Christine MONTALBETTI

Lors de la dernière rencontre littéraire organisée par Les Bouillons le 16 décembre au Théâtre Le Quai d'Angers, j'ai découvert une autrice, Christine MONTALBETTI, et passé une excellente soirée.

Si elle a écrit plusieurs romans (presque une vingtaine, honte sur moi), j'ai choisi de retenir personnellement "Mon ancêtre Poisson" publié chez P.O.L, formidable idée.

Christine MONTALBETTI choisit la voie de son arbre généalogique pour tisser le fil de ses origines et brosser le portrait de son arrière-arrière-grand-père, Jules POISSON, né en 1833, recruté comme jardinier par le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris dans le quartier Latin quand il n'avait que 9 ans et 10 mois. Au gré de ses apprentissages, il deviendra préparateur puis botaniste, publiant moult articles dans la presse spécialisée. Porté par les inventions technologiques de l'époque mais aussi, meurtri par les affres de la première guerre mondiale, après une vie bien remplie, il meurt en 1919.

Ce roman, c'est l'histoire d'un homme qui pourrait être banal mais qui, de par son parcours initiatique, donne à voir une évolution de carrière prestigieuse et laisse une trace dans l'étude des végétaux. Si hier, elle n'était accessible qu'aux initiés du genre, la voilà désormais partagée avec le grand public, de quoi lui assurer la postérité.

Mais plus que ça, ce roman, c'est une tonalité, une expression. Christine MONTALBETTI use d'une formule pleine de fantaisie, tendre et délicate. La plume est joueuse. Elle interpelle tantôt son arrière-arrière-grand-père à la 2ème personne du singulier, tantôt le.a lecteur.rice en le.a vouvoyant. Que de questions auxquelles on aurait envie, nous aussi, de répondre.

Ce roman, c'est un exercice littéraire, un peu comme une conversation qui, au gré de l'imagination, établirait un lien entre les siècles et les générations. Christine MONTALBETTI côtoie, par la voie de l'écriture, cet ancêtre à qui elle voue une profonde affection.


C’est comme une folle conversation avec toi, une tresse joyeuse de nos phrases, qui s’entremêlent. P. 63

Et puis il y a le rôle de la génération intermédiaire, celle de la grand-mère de l'écrivaine, le dénominateur commun entre l'arrière-arrière-grand-père et Christine MONTALBETTI. Elle aussi entre dans l'entretien.


[…] ce que je me dis, c’est que tout ça passe par elle, qui est comme le bâton de relais d’une affection possible entre nous, notre point d’intersection, en somme, ma-grand-mère-ta-petite-fille sur laquelle toi et moi, si on y pense, nous avons tous les deux posé nos yeux. P. 28/29

Le fil tissé est ingénieux, c'est celui autour duquel toute l'histoire familiale repose en termes de transmission. Quand on fait l'éloge aujourd'hui (tout à fait justifié d'ailleurs) de la grand-parentalité, avouons que sous la plume de Christine MONTALBETTI, elle porte ses plus beaux atours.

Mais le roman serait incomplet s'il n'embrassait la grande Histoire, une manière tout à fait singulière de revisiter ces 80 années...

 

 


A travers cette musique de tes phrases, j’accède au rythme de ta pensée, à la manière dont tu entendais le monde. P. 88

Ce roman, c'est assurément une très belle surprise, la rencontre avec une très belle plume, douce et soyeuse, gaie et malicieuse.

Et puis, impossible de ne pas faire un petit clin d'oeil à ma chère Eglantine. Figurez-vous, ce soir-là, je portais mon plus beau trench, celui réalisé par ma couturière préférée, et devinez quoi, il était couvert de poissons. Vous pouvez allègrement imaginer la teneur de la dédicace... Quand je dis qu'il n'y a pas de hasard dans la vie !

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2022-01-11T07:00:00+01:00

La révolte de Clara DUPONT-MONOD

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La révolte de Clara DUPONT-MONOD

C'est fou, il y a des autrices à côté desquelles j'étais passée toutes ces années et puis, il aura suffit d'une référence lors d'une rencontre du Book club pour que je fasse connaissance avec la plume de Clara DUPONT-MONOD et que je ne m'en lasse plus.

Vous vous souvenez de cette première lecture : "Le roi disait que j'étais diable" qui relatait la vie d'Aliénor D'AQUITAINE depuis l'âge de 13 ans jusqu'à 25, feu son premier mariage.

J'ai enchaîné grâce à Gwen avec "La révolte".

Richard Coeur de Lion, Geoffroy et Henri voient leur mère arriver. Ils se figent. L'heure est grave. Aliénor d'Aquitaine donne l'ordre à ses fils de renverser leur père, son mari, le roi d'Angleterre, Henri DE PLANTAGENET. Dès lors, les enfants deviennent les "jouets" de deux personnalités bien trempées, de celles qui vont à la conquête du monde.

Dans ce nouveau roman, c'est par la voix de Richard Coeur de Lion, le narrateur, qu'est brossé le portrait de la reine de France devenue reine d'Angleterre.

Elle va vivre la période la plus sombre de sa vie, outre le fait que Le Plantagenêt comme elle l'aime à l'appeler, la trompe avec Rosemonde DE CLIFFORT, elle est emprisonnée par son propre mari, hors de portée de nuire. Quel plus grand châtiment que l'impuissance pour une personnalité haute en couleur, de celles dont l'action, le pouvoir et la guerre sont les moteurs en puissance.

Dans ce roman, j'ai retrouvé le côté aventurier de la plume de Clara DUPONT-MONOD. Les conquêtes des territoires au Moyen-Âge relevaient de pures épopées. L'écrivaine nous livre des scènes presque cinématographiques des déplacements et des combats. Et puis, entre loyauté et trahison, il n'y a parfois qu'un pas, rendant un brin haletante la destinée de ces têtes couronnées.

Mais ce que j'ai aimé, c'est une nouvelle fois, côtoyer le personnage d'Aliénor D'AQUITAINE, une résistante s'il en est. Si elle savait que ses filles seraient comme elle, mariées à des hommes dès leur plus jeune âge au service de stratégies royales, elle s'était attachée à leur donner une éducation qui leur permette de s'affirmer, et quelle plus belle voie que celle de la lecture. 


Mon armée, ma vraie, celle qui passe les siècles et ne plie devant personne, c’est la littérature. P. 118

Et puis, avouez que parader à l'Abbaye de Fontevraud à du charme. C'est là que sont exposés les gisants notamment d'Aliénor D'AQUITAINE et son fils, Richard Coeur de Lion.

La révolte de Clara DUPONT-MONOD

Bien sûr, l'effet de surprise est passé, mais la plume de Clara DUPONT-MONOD reste talentueuse.

Vous aimerez peut-être aussi : "S'adapter" couronné en 2021 des Prix du Goncourt des Lycéens, Femina Landerneau.

Retrouvez toutes les références du Book club :

 

« Hamnet » de Maggie O'FARRELL

« Les enfants sont rois » de Delphine DE VIGAN

« Le roi disait que j'étais diable » de Clara DUPONT-MONOD

« Au-delà de la mer » de Paul LYNCH

« Le messager » de Andrée CHEDID

« L’ami » de Tiffany TAVERNIER

« Il n’est pire aveugle » de John BOYNE,

« Les mouches bleues » de Jean-Michel RIOU,

« Il fallait que je vous le dise » de Aude MERMILLIOD, une BD.

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