Ce livre, je ne l'ai pas choisi par hasard. Il était là, présent, pour fêter un événement comme il se doit. Il avait du sens !
En plus d'être en grand format (je ne l'ai pas mesuré mais je pense qu'il avoisine le A3), il présente l'immense atout pour les bébés d'être tout en contraste, en noir et blanc.
Les animaux : les souris, le chat et le chien se démarquent très nettement.
J'ai beaucoup aimé le trait d'humour de l'auteur dans le récit et puis, la morale de l'histoire. Tous les objets, le bouquet de fleurs...
ne sont rien à côté de l'amour d'être ensemble pour célébrer dignement un anniversaire !
Un petit mot de Thierry DEDIEU qui, après un début de carrière dans la publicité, ne se consacre plus qu'à la création d'albums pour enfants. Quelle belle idée !
Si vous aimez ce genre d'album, vous n'aurez que l'embarras du choix. Il fait partie de "LA collection incontournable des 0-3 ans" : "Bon pour les bébés".
Dans cette rentrée littéraire, place à un conte des temps modernes, « Avant la forêt » de Julia COLIN.
Tout commence dans un contexte de fin du monde. Le réchauffement climatique n’est plus une perspective mais une réalité, les cultures grillent sur pied sous l’effet des 50 degrés, la pénurie d’essence oblige les véhicules automobiles à s’arrêter sur le bord des routes, le manque de médicaments condamne les populations aux épidémies. Elie et ses parents, comme la famille de Calme, décident de quitter Paris en quête d’un lieu plus supportable. A Lyon, un terrible accident laisse Calme orpheline, elle est prise en charge par la famille d’Elie qui poursuit son exil. Elle refuse le joug de la mafia marseillaise et s’installe finalement dans la vallée de Marat où les parents de Calme étaient propriétaires d’un lopin de terre. Là, les hommes et les femmes font communauté, ils s’entraident, ils troquent leurs ressources pour subsister. Sous l’autorité d’un maire et d’une milice, « exister » a-t-il encore un sens ?
Notre monde prêt à basculer dans quelque chose d’apocalyptique inspire la littérature. A travers des personnages de fiction qui ressemblent à des gens ordinaires, Julia COLIN nous offre sa vision, une dystopie.
L’Homme serait-il un loup pour l’homme ? Julia COLIN revisite la comédie Asinaria de Plaute quelques 2000 ans après sa création. L’écrivaine projette le regard de celui qui a sur les inconnus qui arrivent en quête d’un monde meilleur. C’est le sort qui sera réservé demain aux réfugiés climatiques. Comment nous comporterons-nous ? Allons-nous ériger des murs pour s’en protéger et installer des congénères, armés, pour les faire respecter ? Ce roman est bien plus philosophique qu’il n’y paraît. Aucun doute, il est bien publié Aux Forges de Vulcain dont le dessein est de « changer la figure du monde ».
En attendant l’invasion, il faut bien répondre à ses besoins vitaux, manger, dormir, s’abriter, se protéger du froid. La vie quotidienne ne saurait puiser dans ses seules ressources pour s’assurer un avenir. C’est là que l’administration et la politique prennent le pouvoir pour le meilleur, comme pour le pire. A travers Enric, le maire, et Saule, la cheffe de la milice qui n’est autre que sa fille, Julia COLIN met le doigt sur ce qui fait mal, une autorité dans les mains d’une seule famille qui joue de ses capacités à choisir de ce qui est bon pour tous. Elle révèle les limites de l’exercice !
Dans les dictatures aussi, ça arrive que les gens se portent bien. Ça ne veut pas dire qu’ils sont heureux. À Marseille, on vivait sous le contrôle de la Mafia, on était en sécurité, on mangeait à notre faim. Ça ne les a pas empêchés de me tabasser parce que je refusais leurs interdictions. P. 199-200
Dans un contexte d’écoanxiété, l’autrice nous ouvre une voie… mystérieuse et puise dans les légendes pour donner à la nature des pouvoirs fantastiques mais là, je ne vous en dirais pas plus.
Au début, il ne perçut que les sons habituels : le grincement des branches, le chant d’un oiseau, les bourrasques du vent. Mais, en se concentrant davantage, il crut percevoir, timide mais joyeuse, une nouvelle voix inconnue qui chantait sa joie d’être au monde. P. 206
Ce premier roman est parfaitement réussi. Il est servi par une très belle plume avec des personnages attachants, le tout dans un rythme captivant. C’est une expérience littéraire aussi, à la croisée de différents chemins. Il fallait oser le sujet, il fallait oser la forme aussi. Pari réussi.
Il y a 5 ans, Fred et sa famille, Hélène sa femme, Alexandre et Jeanne ses enfants, sont venus s’installer sur cette île située dans l’Atlantique, à 600 km d’autres terres, une île privée pour se protéger des effets du réchauffement climatique. Ces jours derniers, il ressent une colère l’animer. Plutôt que la révéler à ceux qu’il aime, il préfère s’isoler. S’il n’était que le seul…
Ce roman, c’est une lecture coup de 🥊, le premier conseil de Sophie de la toute nouvelle Librairie L’Étincelle installée 65 rue Beaurepaire sur Angers.
De ce roman, je ne vais pas vous en dire long. En fait, une fois n’est pas coutume, je vous en livre sa 4ème de couverture :
Parfois, dans ces moments, quand il avait pris un verre de vin et qu’une légère ivresse arrondissait les angles de son esprit, il oubliait que le monde avait disparu.
Cette citation est parfaitement inoffensive. Elle ne dévoile rien de la substantifique moelle de ce roman, ou si peu.
Thomas GUNZIG, dont je ne connaissais pas la plume (honte sur moi, il est prolifique et en tous genres littéraires), nous propose une dystopie. Vous ne rêvez pas. Ça se passe « aujourd’hui » !
La prose, orchestrée en trois partie, nous offre le regard croisé des quatre personnages principaux du roman. Tout à tour, le lecteur met la focale sur l’un d’entre eux, se nourrit de son histoire personnelle, prend la mesure de son dessein, le tout dans un contexte de grande vulnérabilité dans lequel les proches peuvent représenter la plus grande des menaces.
Le rythme est haletant, c’est au péril de leur vie !
Il fut envahi par un sentiment d’urgence poussé par une force impérieuse venue du fond de son ventre. P. 311
Non, je ne mettrai pas les mots sur cette histoire, loin de moi d’idée de vous la dévoiler ! Sophie m’a dit : « Il est dans le top 3 de cette rentrée littéraire ! » 😉 Suivez le conseil de cette libraire, sortez des sentiers battus, laissez votre curiosité faire le reste, succombez !
Vous aimez la peinture ? Celle de La Renaissance en particulier ? Vous pourriez bien aimer le dernier roman de Laurent BINET, « Perspective(s) » aux éditions Grasset.
Nous sommes en 1557 à Florence. Jacopo PONTORMO, peintre de la cité, réalise une commande dans le choeur de l’église San Lorenzo. Il est découvert mort au pied de sa fresque en cours de réalisation. Une partie semble avoir été modifiée. L’artiste a-t-il été tué ? S’est-il suicidé ? Tout ça est très mystérieux. La famille MEDICIS règne sur le territoire. Le Duc demande à Agnello BRONZINO, l’apprenti de feu PONTORMO, d’achever la création. Eléonore de Tomède son épouse, entend également entrer dans la danse pour orienter le travail et conformer l’oeuvre aux canons de la peinture du moment. Dès lors, tous les coups sont permis.
L’originalité de ce roman, c’est d’abord sa forme : un échange de correspondances datant de 1557-1558. Si le roman épistolaire concerne souvent 2 protagonistes se répondant au gré de leurs envies, là, l’écriture est au service de plusieurs personnages, de quoi révéler tout un tas de secrets si peu bien gardés !
Et puis, il l’est aussi sur le fond. Laurent BINET choisit d’explorer la mort mystérieuse d’un peintre de la Renaissance, Jacopo PONTORMO, l’artiste en charge de la réalisation d’une fresque dans le choeur de l’église de San Lorenzo de Florence. Il y a déjà consacré 11 ans de sa vie, à l’abri des regards, enfin presque.
Le tout est servi par une plume haletante. Les tribulations de la famille de MÉDICIS ne manquent pas de fourberie, rendant l’itinéraire de chacun des plus dangereux. Laurent BINET en fait un formidable terrain de jeu, romanesque à souhait.
Comme j’ai aimé replonger dans la Renaissance, cette période d’effervescence artistique, y revisiter les canons de la peinture et croiser Michel-Ange en personne.
Ce roman historique est un petit bijou de cette rentrée littéraire, qu’on se le dise !
Nous, femmes, sommes les pièces qu’on déplace sur l’échiquier des empires, et si nous ne sommes pas sans valeur, assurément nous ne sommes pas libres de nos mouvements. P. 85
Laurent BINET en fait un formidable terrain de jeu, romanesque à souhait.
Comme j’ai aimé replonger dans la Renaissance, cette période d’effervescence artistique, y revisiter les canons de la peinture et croiser Michel-Ange en personne.
Ce roman historique est un petit bijou de cette rentrée littéraire, qu’on se le dise !
Quel plaisir de retrouver la plume de Jonathan COE, un formidable conteur. En introduction, un arbre généalogique pour tracer la descendance familiale, c'est dire si la plongée dans l'intime va être foisonnante.
Tout commence à Bournville, un petit village près de Birmingham, connu pour son usine de production de chocolat Cadbury. Elle date de l’époque où l’industrie constitue la locomotive du développement urbain. Avec sa construction et sa croissance, se déploient des logements pour les familles des salariés, des équipements publics pour répondre aux besoins des nouveaux arrivants sur le territoire. Mary Clarke rencontre Geoffrey Lamb. Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants...
Loin du conte de fée en réalité, ils n’eurent que 3 enfants, 3 garçons. Mais c'est largement suffisant pour un écrivain comme Jonathan COE à l'imagination débordante pour construire un récit rocambolesque à l’envi. Les personnages sont profondément attachants, les émotions à fleur de peau.
Geoffrey pleure comme un bébé. Les larmes jaillissent de son corps : les larmes qu’il n’a jamais versées pour son père, ni pour sa mère ; les larmes que rien d’autre, rien de tout ce qui a pu leur arriver, à lui, à Mary ou à ses enfants, n’a jamais réussi à lui tirer en soixante-dix ans. P. 399
Et puis, à travers eux, cette famille qui pourrait être vos amis, vos voisins, Jonathan COE brosse le portrait de l’Angleterre sur plusieurs décennies pour terminer en 2020 avec l’épidémie du coronavirus.
Il y a notamment ce savoureux passage sur l'avènement de la télévision dans les foyers, une petite révolution. Nous étions à l'époque où le petit écran favorisait les liens sociaux ! Incroyable, non ?
Et puis, il y a cette fameuse histoire du chocolat Cadbury, la marque ancestrale de ces gourmandises que l'on a tous savouré à un moment ou un autre de notre vie. Mais le couperet tombe, la Communauté Européenne retoque le trésor culinaire anglais en raison des matières grasses végétales ajoutées. L'Europe est formelle, un authentique chocolat repose sur l'exclusivité du cacao comme composant, de quoi semer le trouble entre les différents pays, les rigoristes et les laxistes. Le sujet défraye la chronique. C'est l'occasion de découvrir notamment le rôle des lobbyistes présents à Bruxelles.
Mais les Anglais ne seraient rien sans la famille royale. Souvenez-vous, il y a eu le couronnement de la reine et puis, le décès accidentel de Lady Diana, véritable tragédie pour un peuple fidèle à sa monarchie.
Le tout est bien sûr servi par une plume pleine de fantaisie, teintée d’humour quand il ne s'agit pas d’ironie, cette signature so british. Les anecdotes sont croustillantes, le propos succulent. Il y a des passages d'extase totale.
Les quatre musiciens sourient et se regardent, repus d’émotion, légèrement incrédules à l’idée d’être arrivés à la fin de l’oeuvre, comme si le voyage avait duré des mois et des années plutôt que les cinquante-cinq minutes qui viennent en réalité de s’écouler. P. 393
Avec ce roman dont le personnage de Mary est largement inspiré par sa propre mère, l’auteur concourt à la mémoire de notre société moderne. Il assure la postérité des années 1945 à nos jours. Les protocoles sanitaires liés au Covid, c’était hier, on les oublierait presque. Ce roman, c’est une trace laissée par plusieurs générations pour ne pas tomber dans les oubliettes.
Ce roman se savoure avec du très bon chocolat, un incontournable of course !
Entre deux dates, le 25 octobre 1961 et le 21 mars 2013, c’est une page de la vie d’un homme qui s’est écrite. Depuis sa naissance jusqu’à la mort d’une femme qu’il a aimée, Alma, le temps a passé et les liens avec la société se sont étiolés. Vivant ces dernières années seul, reclus dans son appartement du 20ème arrondissement de Paris, sous neuroleptiques, il décide le jour de la sépulture d'Alma de
récurer son logement, vider le contenu de son frigo et son congélateur dans un sac poubelle qu’il dépose au pied de l’immeuble, claquer la porte et... jeter les clés dans une bouche d’égout ! Il va faire de la rue son univers. Dès lors, une nouvelle page de sa vie peut s’écrire… à moins que ça ne soit la précédente qui soit revisitée !
J’avais lu de Dima ABDALLAH « Mauvaises herbes », son premier roman qui m’avait captivée. J’ai attendu les vacances pour me plonger dans « Bleu nuit », une lecture coup de poing. J’en sors terrassée. C'est ma #VendrediLecture.
A travers l’introspection d’un homme, Dima ABDALLAH propose un roman d’une profonde sensibilité.
Ce roman, c'est bien sûr, l'approche du deuil. En lisant les premières pages, une image s'est imposée à moi. Vous vous souvenez peut-être de cet homme dansant près du cercueil de sa femme, Agnès LASSALLE, assassinée à Saint-Jean de Luz en mars dernier. J'ai, un temps, vu le narrateur animé de ce même élan.
Et puis, il y a les fantômes, ceux qui hantent les nuits, longtemps après le grand départ...
Je devais la tuer et l’enterrer si profond que plus jamais elle ne pourrait revenir. Un corps ne meurt pas facilement, il ressuscite parfois et vient s’allonger près de vous la nuit. P. 36
Une fois à l'extérieur, le narrateur s'adonne à la contemplation. Il porte un regard tendre sur ce qui compose la rue, l’environnement, et plus encore sur les femmes qu’il va rencontrer et avec lesquelles vont s’instaurer des rituels rythmant hebdomadairement une vie d’errance.
J’ai beaucoup aimé les portraits brossés d’Emma, Ella, Martha, Carla, Layla… l’attention portée et la délicatesse dans la prise de contact, tout est affaire de dignité.
J’ai été captivée par sa capacité d’observation et foudroyée par sa sagacité à décrypter les gestes d’êtres écorchés.
C’est un roman éminemment sensoriel, il y a les images, les sons, les parfums, les saveurs, les contacts comme autant de vibrations qui confèrent à l’humain sa singularité... Dima ABDALLAH les explore pour ponctuer son roman, "Bleu nuit", de flashs lumineux, de moments d'émerveillement fabuleux.
Peut-être que si le beurre est d’une grande qualité et savamment dosé, si la cuisson est d’une justesse à couper le souffle, un croissant peut vous donner le courage d’un sourire même quand les lèvres sont si gercées que ça en est douloureux. Un croissant, ça peut peut-être suffire à une journée. P. 61
Dans une narration à la première personne du singulier, le rythme du coeur du lecteur s'accorde sur celui du personnage de fiction. Il se met à résonner au gré des perceptions avec des effets vertigineux.
L'histoire est ponctuée d'extraits de poèmes comme autant de respirations dans un roman que vous lirez en apnée. Dima ABDALLAH offre un rayonnement aux textes d'ARAGON, Louis-Ferdinand CELINE, Jean-Paul SARTRE, Romain GARY, Charles BAUDELAIRE, Milan KUNDERA, Marcel PROUST, Albert CAMUS...
Ce roman pourrait plaire à Alexandra KOSZELYK pour la citation, bien sûr, de Guillaume APOLLINAIRE extraite de "Cortège", Alcools, figurant en incipit, mais aussi pour les liens établis entre les arts. Dima ABDALLAH convoque, outre la poésie, la musique, la peinture, comme autant d’invitations à aller plus loin. J’aime ces résonances entre les différentes disciplines, ces regards croisés sur une certaine réalité.
Après un roman ancré dans la réalité, un roman loufoque et déjanté, il n’y avait plus que le registre onirique à explorer, les éditions de l’Observatoire l’ont fait avec Claire CONRUYT. Elles nous livrent « Pour qui s’avance dans la nuit ». C'est ma #VendrediLecture.
Ce roman, c’est de la poésie à l’état pur, une invitation à sommeiller. Entre rêve et réalité, il n’y a plus qu’à se laisser bercer.
Pierre est un enfant dont la mère, Bérénice, vit dans une profonde mélancolie. Elle souffre d’une éprouvante solitude. Elle porte un amour inconsidéré à son petit frère, Orphée, dont la timidité est maladive. Tous partent en vacances sur l’île de Sjena, un lieu imaginaire au bord de la mer Adriatique. C’est là que Bérénice retrouve les origines de sa famille, en plus de son amie, Anouk. Dès lors, la folie de cette mère hantée par ses monstres peut commencer !
Les choses et les visages, les lieux et les voix, tout reprenait vie à la lumière de ma mémoire comme une scène de théâtre poussiéreuse redevenant palais ottoman une fois nos costumes enfilés. P. 22
Ce roman est envoûtant, il m’a transportée.
D’abord, vous me reconnaîtrez bien là, il y a la maladie mentale. Elle me fascine autant qu’elle me foudroie.
A hauteur d’enfant et sous la plume merveilleuse, délicate et voluptueuse, de Claire CONRUYT, le spectre de la folie s’invite au coeur d’une famille.
Elle a l’air d’un ange, un ange blessé dont les gestes sont suspendus, soumis à d’autres lois que celles de notre gravité. P. 148
Elle bouleverse l’enfant sage dont la candeur est étouffée par la lucidité. Elle berce d’illusions celui qui plane.
Ma mère entraînait Orphée dans des contrées qui, chez elle, étaient grises et que lui seul savait colorier. P. 107
La fratrie est mise à l’épreuve de la vie.
Comme j’ai aimé les descriptions de la nature, celles de ce morceau de terre baigné par les eaux, celles aussi de ces plantes parties à la conquêtes de murs en ruine.
Et puis, il y a le rythme du roman. Composé de chapitres courts, l’histoire d’un été menacé par une tragédie devient haletante.
Ce roman, c’est un conte des temps modernes, une lecture d’une beauté cruelle qui vous laisse sans voix !
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Des éditions de l'Observatoire, dans cette rentrée littéraire, vous aimerez peut-être aussi :
Dans cette torpeur ambiante, vous avez envie de quelque chose de rafraîchissant ? Un brin loufoque et déjanté ? Les éditions de L’Observatoire l’ont fait avec « L’Ultime Testament » de Giulio CAVALLI.
C’est de la bombe. C’est fin, c’est tragique. Vous allez rire… jaune !
Fausto Albini est emmené à l’hôpital, inconscient. Il est architecte pour le comité électronique national. Lorsqu’il retrouve ses esprits, il subit un long interrogatoire. Il vit dans un pays où le sourire est interdit. En réalité, ce sont toutes les émotions qui sont proscrites. L’homme partage sa vie avec Marta Tinelli pour 5 ans. C’est une femme assignée avec laquelle il a eu 2 enfants, mis à disposition de la communauté. Tous deux font partie de la classe 5 de DF !
Ce roman, c’est une pépite. Je l’ai dévoré.
Vous l’avez compris, le régime politique est totalitaire, une dictature. Tout ce qui peut brimer la liberté est savamment mis en oeuvre, histoire de soumettre l’être humain. On y retrouve les dominants/dominés dans des camps bien tranchés.
Et là, dans un contexte où il est attendu que les gens soient des moutons, quelques individus s’évertuent à repousser les limites, s’en émanciper purement et simplement, en toute clandestinité. C’est là que l’aventure devient belle et grisante. J’ai adoré le personnage de Bernadette.
Le rythme est soutenu et haletant, les personnages attachants, l’aventure bien menée.
Je ne connaissais pas encore l’imagination de Giulio CAVALLI, c’est un bijou. Le livre est revigorant. Bravo !
Mais n’oublions pas de citer le talent de Lise CAILLAT qui en assure la traduction.
Avec ce livre, ils nous font vibrer. À la fin de la lecture, on se sent tellement vivant !!!
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Cet autre roman de la rentrée littéraire de septembre aux éditions de l'Observatoire pourrait vous plaire...
Nous sommes le 23 août, les éditions de l'Observatoire s’affichent brillamment dans cette rentrée littéraire 2023.
Je vous propose aujourd’hui un roman intelligent, moderne, écologique et politique, un roman fascinant au rythme haletant, j’ai dévoré « Humus » de Gaspard KOENIG. Je vais le garder en tête très longtemps.
En quelques mots :
Sur les bancs de l’école supérieure AgroParisTech se retrouvent Arthur, enfant unique d’un père avocat, et Kevin, fils d’un couple d’ouvriers agricoles. Les deux jeunes hommes s’affranchissent des frontières érigées par leurs milieux sociaux pour partager une amitié forte. Les deux étudiants avaient suivi avec attention l’exposé de géodrilologie, l’étude des vers de terre, ces invertébrés qui pourraient bien sauver la planète. Chacun avec sa petite amie va s’en inspirer pour construire un projet d’avenir.
Ce roman, c’est le parcours initiatique de deux jeunes garçons. Si le propos est focalisé sur eux, leur grand saut dans la vie d’adulte, leur entrée dans le monde professionnel… j’ai profondément aimé les deux jeunes filles, Philippine et Anne, qui ne manquent mas non plus de personnalité. En réalité, face au réchauffement climatique, Gaspard KOENIG propose 4 manières de regarder le monde. Il y a péril, à chacun son instinct de survie.
Les itinéraires de chacun sont traités sans concession, des parcours de vie chahutés par l’administration, les procédures… Ils vibrent, aiment, réagissent, tirent les fils du système, se rebellent. Ils sont jeunes et font leurs premières armes. C’est tellement riche de se mettre dans la peau de jeunes d’aujourd’hui.
Et puis, il y a les vers de terre. Sauveront ils l’humanité ? Quelle échelle choisir, l’artisanale ou l’industrielle ? Les questions méritent d’être posées et le sujet exploré. C’est passionnant, tout simplement.
Mais plus que tout, c’est la construction du roman qui m’a embarquée. Si l’histoire nous la connaissons pour la lire chaque jour dans les médias, et la vivre ces jours-ci en pleine canicule, la fiction permet d’incarner le propos. La plume est excellente et le rythme haletant, la chute effrayante. Chapeau !
Nouvelle référence du Book club, "Le Roitelet" de Jean-François BEAUCHEMIN. Nous avons l'immense chance d'avoir une représentation de Vleel dans notre équipe, alors, de là à nous faire adorer la littérature quebécoise, vous comprendrez qu'il n'y a qu'un pas !
Le narrateur, un écrivain, vit à la campagne avec sa femme, Livia, son chien, Pablo, son chat, Lennon. Et puis, il y a son frère, schizophrène, dont il partage les tribulations, pour le meilleur comme pour le pire.
Au fil de 63 chapitres d'une, deux ou trois pages, Jean-François BEAUCHEMIN égrenne le quotidien d'un aidant, entendez par là une personne qui partage le quotidien d'une autre, l'accompagne dans sa vie, lui porte assistance, un travail à temps plein quoi !
Le propos, bien qu'empreint de lucidité et de transparence sur les évènements, est profondément lumineux.
Des exemples, j'en aurais mille. Mais je vais retenir cette merveilleuse image, le roitelet, pour décrire son frère :
A ce moment, je me suis dit pour la première fois qu'il ressemblait avec ses cheveux courts aux vifs reflets mordorés, à ce petit oiseau délicat, le roitelet, dont le dessus de la tête est éclaboussé d'une tâche jaune. Oui, c'est ça : mon frère devenait peu à peu un roitelet, un oiseau fragile dont l'or et la lumière de l'esprit s'échappaient par le haut de la tête.
Le "je" employé dans la narration vient renforcer la proximité établie tout au long du roman avec les personnages. J'ai eu l'impression, le temps de cette lecture, de vivre au milieu d'eux, dans leur maison et puis dehors.
Les descriptions de la nature sont prodigieuses. Elles sont autant d'invitation à s'y ressourcer pour s'apaiser.
Et puis, il y a la poésie qui teinte les mots. Jean-François BEAUCHEMIN use d'une plume tendre et délicate pour explorer les tréfonds de l'âme, là, chahutée par la maladie mentale.
Pendant quatre ou cinq secondes, j’ai senti s’emballer le sismographe de mon coeur et décrire l’affolant tracé d’un tremblement de terre. P. 111
Il y a encore ce rapport à l'Autre dans ce qu'il a de plus beau, de plus riche, de plus grand à nous offrir. Il questionne tout au long de ce 23ème roman notre place au monde.
Il me semblait que ma vie s’éclairait, que la naissance à laquelle j’avais participé de si près m’aidait à prendre ma mesure, à établir un ordre de grandeur quant à la place que je me préparais à occuper dans le monde. P. 10
J'ai été profondément émue par l'absence de jugement du narrateur sur les comportements de son frère, s'émancipant de fait des conséquences. Leur complicité est absolument fabuleuse. Tous deux sont profondément attachants dans ce qu'ils expriment. Et quelle plus belle preuve d'amour ?
S’il me faut absolument être un autre que moi-même, annonça-t-il, c’est à toi que je veux ressembler. P. 106
Le roman de Jean-François BEAUCHEMIN va vous serrer le coeur, j'en suis sûre.