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Recherche pour “une famille normale”

2017-01-01T14:38:46+01:00

Baisers givrés pour ce début d'année !

Publié par Tlivres

Du blanc, un peu...

Baisers givrés pour ce début d'année !

beaucoup,

Baisers givrés pour ce début d'année !

passionnément,

Baisers givrés pour ce début d'année !

à la folie !

Baisers givrés pour ce début d'année !

Mais de la couleur aussi,

Baisers givrés pour ce début d'année !

pour la fantaisie !

Baisers givrés pour ce début d'année !

Baisers givrés pour ce début d'année,

et une jolie pensée,

extraite du 1er roman de Garance MEILLON : "Une famille normale" !


Je crois d'ailleurs qu'il n'y a rien de plus satisfaisant au monde que d'ouvrir ses rideaux et de regarder par la fenêtre, le matin, en sachant que la journée va être belle. C'est un bonheur qui est sûr d'arriver. P. 71

http://tlivrestarts.over-blog.com/2016/05/une-famille-normale-de-garance-meillon.html

En 2017, je vous souhaite de vivre ainsi chaque journée !

Baisers givrés pour ce début d'année !

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2016-05-16T14:32:55+02:00

Une famille normale de Garance MEILLON

Publié par Tlivres
Une famille normale de Garance MEILLON

Un premier roman découvert grâce à la formidable aventure des 68 premières fois !

C'est le 3ème que je lis et il va passer avant "Ce qui nous sépare" de Anne COLLONGES dont je peine à rédiger la chronique !


Cassiopée et Damien forment un couple depuis une petite vingtaine d'année. La routine et les habitudes se sont progressivement immiscées dans leur foyer pour laisser place à une vie quotidienne fade, sans charme et sans saveur. Pendant ce temps, leur fille, Lucie, 16 ans, vit son premier amour et découvre la sexualité, leur fils, Benjamin, 13 ans, lui passe son temps à la concrétisation d'un rêve, s'envoler dans l'espace. Cassiopée comble le vide de son existence en passant son temps à laver, nettoyer, ranger, récurer... jusqu'au jour où un événement survient faisant perdre à chacun tous ses repères. Cette famille "normale" saura-t-elle le surmonter ?

Une famille normale de Garance MEILLON

Ce 1er roman de Garance MEILLON pose le cadre d'une famille composée de papa, maman et les enfants, et qui vit sa vie sans grande fantaisie, chacun s'isolant du microcosme familial pour affronter les éléments, soupçonnant les autres d'être insensibles à ses propres difficultés.


En me lançant dans la découverte de ce roman, je savais qu'il s'agissait d'un roman familial (le titre ne prête pas à confusion), un roman de ceux qui font croiser des destinées qui vont s'unir, s'entrechoquer, s'affronter, de désolidariser mais aussi s'apaiser, se réconforter, se soutenir, s'entraider... C'est dans cet état d'esprit que je me suis glissée dans l'intimité de cette famille en sachant qu'un événement viendrait détruire l'ensemble du château de cartes édifié dans les premières pages. Je ne vais d'ailleurs pas vous en dévoiler le contenu au risque de déflorer le charme de l'histoire.


Ce qui est intéressant dans ce roman, c'est la psychologie des personnages, et de voir comment chacun va aller puiser dans ses forces personnelles pour s'offrir de nouvelles perspectives. La vie d'avant ne ressemblera pas à la vie d'après, chacun le sait, mais ce qui m'a plu c'est "L'INSTINCT" de survie que chacun va développer.


La forme du roman choral vient bien sûr renforcer le regard posé par chacun sur l'événement et ses conséquences. Le choix de l'auteure est particulièrement judicieux et tout à fait adapté. Je me plais toujours à user de différents filtres pour lire une réalité qui elle est unique. C'est le principe même de l'interculturalité ! Et quand on est parent, on se plaît parfois à plonger dans l'univers de nos chères têtes blondes pour comprendre leurs réactions. C'est une richesse du 1er roman de Garance MEILLON.


Il permet ainsi d'aborder l'adolescence, les doutes, les premières expériences, le sentiment d'invincibilité, l'insouciance... mais aussi les rêves ! Il traite aussi de l'évolution des relations soeur/frère alors que la jeunesse brouille les cartes.


A un moment précis et très court, je compris ce que c'était qu'une famille. La seconde d'après j'avais oublié. P. 183

Il traite aussi de la difficulté de préserver l'amour tout au long de la vie d'un couple, les sentiments, les émotions... tout paraît si fragile.


Mais c'est aussi un très beau roman sur le deuil, la transmission entre générations, les relations mère/fille. Garance MEILLON sait aborder un sujet douloureux tout en délicatesse.


Remarquer la beauté de Paris un jour pareil, c'est faire preuve d'un ultime égoïsme que je n'assume pas. Je ne veux rien prendre de cette journée, rien retenir, même pas la grâce de cette jolie jeune fille qui court après le bus, sa jupe volant derrière elle. Même pas ce petit chien qui sautille devant chez le boulanger. Même pas le pont Marie, que j'aime par-dessus tout. Il ne faut rien prendre d'aujourd'hui. Pour maman. Ne garder que le souvenir d'elle. Il ne devrait même pas faire beau, et pourtant le soleil est radieux. J'essaie pendant quelques minutes de ne pas remarquer qu'il fait beau. Je n'y arrive pas. P. 36

L'écrivaine offre à Cassiopée une très belle source d'émancipation et de libération. La couverture, que j'affectionne particulièrement, vous donnera certainement un indice !


Et puis, vous connaissez toute l'attention que je porte au pouvoir des mots, et là, j'ai repéré un très beau passage, je vous le livre :


Ces mots explosaient dans un placard depuis des années. Je viens seulement de les lire. Ont-ils eu une vie à eux, cachés sous les vêtements défraîchis de ma mère, que personne ne mettra plus ? Ou au contraire étaient-ils bouillonnants, rageant de ne pas être lus, comme une cocotte-minute qui siffle et que personne n'entend ? Ces mots m'ont fait l'effet d'une bourrasque. P. 56

Alors que l'histoire "d'Une famille normale" ne m'attirait pas plus que ça (j'avoue, j'ai un vrai problème avec la normalité !), l'auteure a su me faire passer un bon moment de lecture. C'est déjà beaucoup !

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2016-01-18T13:13:42+01:00

L'Arabe du futur de Riad SATTOUF

Publié par Tlivres
L'Arabe du futur de Riad SATTOUF

C'est un réel plaisir de retrouver Riad SATTOUF pour l'Arabe du futur 2.


Sur la forme, rien ne change : même graphisme, mêmes couleurs, même police de caractère, toujours ces petites annotations pour éclairer le lecteur sur l'ambiance, l'atmosphère, l'environnement... tout est normal puisque nous sommes dans le n° 2 !


Sur le fond, nous poursuivons donc avec cette BD autobiographique. Le petit Riad a grandi, nous sommes en 1984-1985 et comme le dit la 4ème de couverture : "Ce livre raconte l'histoire vraie d'un écolier blond dans la Syrie d'Hafez Al-Assad".


Riad a 6 ans, l'âge d'aller à l'école. Sa mère a bien essayé par tous les moyens de retarder cette entrée en classe mais en vain. Elle doit bien accepter de le laisser grandir !


Riad découvre un nouvel univers. Il est surpris par le comportement de la maîtresse, par la violence du maître qui lui succédera, par la nécessité d'apprendre par coeur le texte du Coran sans aucune explication...


Stigmatisé pour ses cheveux blonds, Riad continue d'être victime de violences, d'actes anti-sémites. La guerre contre Israël fait des émules dans la jeune génération.


La mère de Riad se plaignant du manque de modernisme en Syrie et des conditions de vie des femmes notamment pour cuisiner, son mari décide de partir à la recherche de l'électroménager qu'il lui faut. Sous les yeux de Riad se dévoilent le marché noir, la corruption, les biens arrivant du Liban dans les coffres des voitures de taxi.


Riad entend aussi les traductions peu scrupuleuses de son père qui s'accommode des réalités pour plaire tantôt à sa femme, tantôt à sa famille syrienne.


Quand Riad revient au Cap Fréhel le temps de vacances en France, le choc des cultures est grand, Riad s'imprégnant de tout ce qui l'entoure. Il a quitté une grand-mère paternelle voilée, confinée à la maison, que la famille s'attache à couvrir le soir de dizaines de couvertures à l'image d'un tombeau, et découvre une grand-mère maternelle divorcée, libre de ses mouvements, qui vit seule, qui l'emmène à la pêche aux coquillages !


La référence aux vestiges archéologiques de Palmyre m'a peinée. Les ruines étaient inscrites au Patrimoine Mondial de l'Unesco depuis 1980, elles figurent désormais dans la liste des biens "en péril"... une seule consolation, Riad les a vues !

A découvrir absolument. Vivement le n° 3...

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2020-12-16T07:53:21+01:00

La belle lumière de Angélique VILLENEUVE

Publié par Tlivres
La belle lumière de Angélique VILLENEUVE

Dans le cadre de #MonAventLitteraire2020 lancé par Nicole et Delphine, place au "Livre le plus poétique". J'ai choisi "La belle lumière" de Angélique VILLENEUVE aux Editions le Passage, un roman déjà largement cité par d'autres blogueurs ces derniers jours.

Kate a épousé un homme, Arthur, à la tête d’un journal, âgé de 20 ans de plus qu’elle. L’enfant naît 2 ans après leur mariage. Tout se passe « normalement » (si normalité il y a), jusqu’à ses 19 mois. Là, elle est prise de fortes fièvres. Sa mort est annoncée. Le bébé survit pourtant mais avec des séquelles profondes. Si les apprentissages de la vie quotidienne de l’enfant sont difficiles, il est un champ dans lequel Helen évolue en s’affranchissant de toute forme de handicap, c’est celui des fleurs, des roses très précisément. A sa naissance, un premier rosier, « Pâquerette », créé par une roseraie lyonnaise, avait été offert à Kate, celui-là ne supportera pas les différences de températures entre la France et les Etats-Unis mais il sera le point de départ d’une collection tout à fait exceptionnelle au sein de laquelle Helen « s’épanouira comme une fleur » ! Mère et fille évoluent dans une famille élargie. Il y a la soeur d’Arthur, il y a deux fils d’un premier mariage, il y a une nièce orpheline et, pour les servir, des hommes et des femmes, noirs. Virginia s’occupe de la maison, Yates du jardin, Hilliott des chevaux. C’est dans cet environnement interculturel que Kate va mener son plus grand combat, celui de l’éducation de sa fille par la voie d’un apprentissage « adapté », mais là commence une toute nouvelle histoire.

Après une première scène tout à fait saisissante, je suis tombée en admiration devant le regard posé par Kate KELLER sur sa fille. Il y a un amour incommensurable, de ceux qui, dans une vie « normale » passeraient pour communs, mais qui, là, face aux difficultés quotidiennes rencontrées, sont la révélation d’une force redoutable.

Kate KELLER est animée d’une grande lucidité sur l’état de santé de sa fille et revendique ses potentiels développements. Il y a des passages juste fabuleux de l’enfant évoluant au milieu des rosiers... 

Angélique VILLENEUVE sait aussi exprimer avec beaucoup de gravité la solitude endurée par cette femme face au regard des autres posé sur sa fille. Elle décrit avec force et violence les doutes qui l’assaillent, le déchirement qui la torture. Bon gré, mal gré, Kate KELLER va poursuivre sa lutte contre tous jusqu’à la voie, tout à fait « miraculeuse », de la langue des signes, manuelle, pratiquée à l’Institution Perkins. 

De cette lecture, je sors « illuminée » par la beauté des mots, et c'est loin d'être un vain mot ! La plume de l'écrivaine est d'une formidable poésie, je vous laisse savourer...


Les mots carrés de sa fille flottent en tout sens sous ses yeux, ils sont des insectes magiques qui tournoient sur l'eau. P. 226

Des phrases comme celle-là, j'aurais pu en citer de nombreuses.

Enfin, c'est avec ce roman que j'ai lancé la diffusion de mes chroniques en version audio sous-titrée, l'occasion de l'écouter.

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2022-03-03T20:52:01+01:00

La belle lumière de Angélique VILLENEUVE

Publié par Tlivres
La belle lumière de Angélique VILLENEUVE
C’est aujourd’hui la journée mondiale de l’audition, impossible de ne pas penser au destin exceptionnel de cette femme, Helen KELLER (1880-1868), américaine, première femme handicapée diplômée de l’université, écrivaine, essayiste, militante politique investie notamment en faveur du droit de vote des femmes. Je saisis l’opportunité de la #citationdujeudi pour revenir sur cette lecture... inoubliable des Editions le Passage.
 
Nous sommes en 1886, aux Etats-Unis, à Tuscumbia, dans les bois. Kate KELLER, la mère, est toute attentionnée à l’itinéraire de sa fille, Helen, que l’on soupçonne... différente. Elle est en réalité aveugle, sourde et muette. Kate a épousé un homme, Arthur, à la tête d’un journal, âgé de 20 ans de plus qu’elle. L’enfant naît 2 ans après leur mariage. Tout se passe « normalement » (si normalité il y a), jusqu’à ses 19 mois. Là, elle est prise de fortes fièvres. Sa mort est annoncée. Le bébé survit pourtant mais avec des séquelles profondes. Si les apprentissages de la vie quotidienne de l’enfant sont difficiles, il est un champ dans lequel Helen évolue en s’affranchissant de toute forme de handicap, c’est celui des fleurs, des roses très précisément. A sa naissance, un premier rosier, « Pâquerette », créé par une roseraie lyonnaise, avait été offert à Kate, celui-là ne supportera pas les différences de températures entre la France et les Etats-Unis mais il sera le point de départ d’une collection tout à fait exceptionnelle au sein de laquelle Helen « s’épanouira comme une fleur » ! Mère et fille évoluent dans une famille élargie. Il y a la soeur d’Arthur, il y a deux fils d’un premier mariage, il y a une nièce orpheline et, pour les servir, des hommes et des femmes, noirs. Virginia s’occupe de la maison, Yates du jardin, Hilliott des chevaux. C’est dans cet environnement interculturel que Kate va mener son plus grand combat, celui de l’éducation de sa fille par la voie d’un apprentissage « adapté », mais là commence une toute nouvelle histoire.
 
Sans nier des passages d’une intense gravité, Angélique VILLENEUVE magnifie l’itinéraire de Kate et Helen KELLER dans une plume d’une extrême sensibilité. 
 
Dans une écriture presque cinématographique, l’écrivaine brosse le portrait détaillé d’une époque, de la vie d’une famille américaine, d’un environnement naturel aussi. Il y a des descriptions de paysages tout à fait exceptionnelles avec l’éveil des sens, vous les verrez, vous les entendrez, vous les sentirez ! 
 
De cette lecture, je suis sortie « illuminée » par la beauté des mots.
 
Parce que Helen KELLER était une enfant porteuse d’un handicap, parce qu’une femme, Anne SULLIVAN, lui a appris à communiquer, à lire et écrire, et parce que Angélique VILLENEUVE honore la mère d’Helen sans qui rien n’aurait été possible, je ne peux que vous inviter ardemment à découvrir ce roman.
 
Vous pouvez retrouver la chronique complète de « La belle lumière » en version audio/vidéo
De la même autrice, vous aimerez peut-être aussi « Maria » ! En 2018, j'écrivais qu'il s'agissait d'un bijou, je crois qu'il brille encore plus aujourd'hui.

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2021-03-03T22:01:06+01:00

Mars au féminin, tapis rouge pour Angélique VILLENEUVE

Publié par Tlivres
Mars au féminin, tapis rouge pour Angélique VILLENEUVE

Dans les pas de Moonpalaace, et pour cette édition 2021 du mois de #marsaufeminin, j'ai choisi de dérouler le tapis rouge à Angélique VILLENEUVE, une autrice dont j'ai découvert la plume avec 

"Maria"

et plus récemment avec

"La belle lumière"

Le premier roman m'avait profondément touchée et interpellée sur la notion du genre grâce à un scénario tout à fait remarquable.

De "La belle lumière", je suis sortie « illuminée » par la beauté des mots. Tout commence avec une scène saisissante. 

Nous sommes en 1886, aux Etats-Unis, à Tuscumbia, dans les bois. Kate KELLER, la mère, est toute attentionnée à l’itinéraire de sa fille, Helen, que l’on soupçonne... différente. Elle est en réalité aveugle, sourde et muette.

 

Kate a épousé un homme, Arthur, à la tête d’un journal, âgé de 20 ans de plus qu’elle. L’enfant naît 2 ans après leur mariage. Tout se passe « normalement » (si normalité il y a), jusqu’à ses 19 mois. Là, elle est prise de fortes fièvres. Sa mort est annoncée. Le bébé survit pourtant mais avec des séquelles profondes. Si les apprentissages de la vie quotidienne de l’enfant sont difficiles, il est un champ dans lequel Helen évolue en s’affranchissant de toute forme de handicap, c’est celui des fleurs, des roses très précisément. A sa naissance, un premier rosier, « Pâquerette », créé par une roseraie lyonnaise, avait été offert à Kate, celui-là ne supportera pas les différences de températures entre la France et les Etats-Unis mais il sera le point de départ d’une collection tout à fait exceptionnelle au sein de laquelle Helen « s’épanouira comme une fleur » ! Mère et fille évoluent dans une famille élargie. Il y a la soeur d’Arthur, il y a deux fils d’un premier mariage, il y a une nièce orpheline et, pour les servir, des hommes et des femmes, noirs. Virginia s’occupe de la maison, Yates du jardin, Hilliott des chevaux. C’est dans cet environnement interculturel que Kate va mener son plus grand combat, celui de l’éducation de sa fille par la voie d’un apprentissage « adapté », mais là commence une toute nouvelle histoire.

 

La plume est éminemment poétique.

 

Angélique VILLENEUVE mérite bien son hashtag #femmesdelettresalhonneur 

après

Fatou DIOME

Adélaïde BON

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2016-11-04T20:20:37+01:00

La formidable aventure des 68 premières fois...

Publié par Tlivres

A l'origine, il y a une femme, "L'insatiable", déjà tout un programme !

Et puis, autour d'elle, gravitent quelques bonnes fées...

Ensemble, elles ont eu l'idée de lancer une rentrée littéraire pas comme les autres, et de faire une place aux 1ers romans. Une idée formidable !

En 2015, j'avais laissé passer l'opportunité, craignant de ne pouvoir tenir le rythme.

Et puis, en 2016, je me suis lancée, je m'y suis inscrite et j'ai eu le bonheur de découvrir que j'étais retenue, comme 74 autres doux et dingues de littérature !

Une aventure complètement folle mais tellement riche d'échanges, une aventure humaine, c'est sûr... et puis une aventure littéraire aussi !

La formidable aventure des 68 premières fois...

A la veille de partir en voyage à destination d'une île déserte (et donc de me couper des réseaux sociaux quelques temps !), j'ai eu l'idée de vous faire un premier bilan de mes lectures.

Au compteur : 27 premiers romans, sortis en janvier et septembre 2016, lus et chroniqués !

Il y a des Coups de 

Une bouche sans personne de Gilles MARCHAND

En attendant Bojangles d'Olivier BOURDEAULT

Giboulées de soleil de Lenka HORNAKOVA-CIVADE

De ce pas de Caroline BROUE

 

 

http://legantetlaplume.canalblog.com/Et puis, il y a des lectures Coup de 

 

 

Source de cette image : legantetlaplume.canalblog.com

 

 

Branques d'Alexandra FRITZ

Jupe et pantalon de Julie MOULIN

 

 

 

Et enfin, il y a tous les autres :

Fils du feu de Guy BOLEY

Lucie ou la vocation de Maëlle GUILLAUD

Bianca de Loulou ROBERT

Vivre près des tilleuls de l’AJAR

Garde-corps de Virginie MARTIN

Un hiver à Sokcho d’Elise SHUA DUSAPIN

Rien que des mots d’Adeline FLEURY

Un grand marin de Catherine POULAIN

Un carré allemand de Jacques RICHARD

Nos frères blessés de Joseph ANDRAS

Treize d'Aurore BEGUE

L’heure bleue d'Elsa VASSEUR

Moro-sphynx de Julie ESTEVE

Alham de Marc TREVIDIC

Notre château d'Emmanuel REGNIEZ

Brillante de Stéphanie DUPAYS

Les brasseurs de la ville d'Evains WECHE

Le monde entier de François BUGEON

Comme neige de Colombe BONCENNE

Les grandes et les petites choses de Rachel KAHN

Une famille normale de Garance MEILLON

 

Un immense MERCI à ces drôles de dames pour leur sélection d'excellents romans et la découverte de nouvelles plumes, hors du commun, qui sauront faire leur place dans l'univers de la littérature c'est sûr !

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2020-08-28T06:00:00+02:00

La belle lumière d’Angélique VILLENEUVE

Publié par Tlivres
La belle lumière d’Angélique VILLENEUVE

Editions le Passage

  

Je me souviens de la lecture de « Maria » comme si elle datait d’hier. C’est dire si j’avais hâte de retrouver la plume d’Angélique VILLENEUVE. Quelle joie de lire ses mots !

 

Ce nouveau roman, « La belle lumière », commence avec une scène tout à fait saisissante. 

 

Nous sommes en 1886, aux Etats-Unis, à Tuscumbia, dans les bois. Kate KELLER, la mère, est toute attentionnée à l’itinéraire de sa fille, Helen, que l’on soupçonne... différente. Elle est en réalité aveugle, sourde et muette.

 

Kate a épousé un homme, Arthur, à la tête d’un journal, âgé de 20 ans de plus qu’elle. L’enfant naît 2 ans après leur mariage. Tout se passe « normalement » (si normalité il y a), jusqu’à ses 19 mois. Là, elle est prise de fortes fièvres. Sa mort est annoncée. Le bébé survit pourtant mais avec des séquelles profondes. Si les apprentissages de la vie quotidienne de l’enfant sont difficiles, il est un champ dans lequel Helen évolue en s’affranchissant de toute forme de handicap, c’est celui des fleurs, des roses très précisément. A sa naissance, un premier rosier, « Pâquerette », créé par une roseraie lyonnaise, avait été offert à Kate, celui-là ne supportera pas les différences de températures entre la France et les Etats-Unis mais il sera le point de départ d’une collection tout à fait exceptionnelle au sein de laquelle Helen « s’épanouira comme une fleur » ! Mère et fille évoluent dans une famille élargie. Il y a la soeur d’Arthur, il y a deux fils d’un premier mariage, il y a une nièce orpheline et, pour les servir, des hommes et des femmes, noirs. Virginia s’occupe de la maison, Yates du jardin, Hilliott des chevaux. C’est dans cet environnement interculturel que Kate va mener son plus grand combat, celui de l’éducation de sa fille par la voie d’un apprentissage « adapté », mais là commence une toute nouvelle histoire.

 

Dans « Eldorado », Laurent GAUDE disait :


Ils étaient beaux de cette lumière que donne l'espoir au regard.

Dans ce roman d’Angélique VILLENEUVE, c’est une déclinaison à la troisième personne au féminin que personnellement je conjuguerai au pluriel !

 

Ce roman, c’est un formidable message d’espoir, notamment à tous les parents d’enfants porteurs d’un handicap. 

 

Dans le regard posé par Kate KELLER, il y a un amour incommensurable, de ceux qui, dans une vie « normale » passeraient pour communs, mais qui, là, face aux difficultés quotidiennes rencontrées, sont la révélation d’une force redoutable. Kate KELLER est animée d’une grande lucidité sur l’état de santé de sa fille et revendique ses potentiels développements. Il y a des passages juste fabuleux de l’enfant évoluant au milieu des rosiers...



Elle en possède en profondeur le répertoire, en tout cas mieux que tout autre ici, odeur, texture, forme et poids, férocité des épines. Elle sait tout. D’une manière étrange, mais tout. Kate en est convaincue. Entre elles, les fleurs et les mains sont des solides liens. P. 80

Pour autant, Angélique VILLENEUVE sait alerter tout en finesse sur les limites de l’exercice :


L’espoir d’un jour meilleur, pense Kate, est une faute de goût s’il est exprimé devant n’importe qui. P. 138

Angélique VILLENEUVE sait aussi exprimer avec beaucoup de gravité la solitude endurée par cette femme face au regard des autres posé sur sa fille. Elle décrit avec force et violence les doutes qui l’assaillent, le déchirement qui la torture. Bon gré, mal gré, Kate KELLER va poursuivre sa lutte contre tous jusqu’à la voie, tout à fait « miraculeuse », de la langue des signes, manuelle, pratiquée à l’Institution Perkins. 


Après quelques recherches, elle a réussi à collecter des informations sur l’origine de la dactylologie. Il s’agit d’un système inventé autrefois par un groupe de moines espagnols qui avaient fait voeu de silence mais souhaitaient communiquer entre eux malgré tout. P. 191

L’exploration par l’écrivaine de la relation mère/fille, mise à l’épreuve du handicap et plus largement de la différence, est tout à fait passionnante d’autant que, vous l’avez compris, Angélique VILLENEUVE honore la mémoire d’une écrivaine, militante politique, Helen KELLER décédée en juin 1968, cette femme extraordinaire qui fut la première femme handicapée diplômée de l’université. Que de chemin parcouru !

 

Il fallait l’empathie d’une mère pour comprendre que, si Helen avait des comportements violents pendant sa tendre enfance, ils étaient liés à son incapacité à communiquer avec son environnement, emprisonnée qu’elle était dans sa plus profonde intimité :


Elle sent l’odeur légère de la vieille poupée monter vers ses narines, en sent le poids sur ses cuisses, c’est un poids de rien et une odeur de tout. De l’enfance qui ne peut être dite mais se tient encore à l’intérieur d’elle, bien plus vaillante qu’elle ne l’aurait crue. P. 182

Certains y verront peut-être là l'expression d'un instinct... maternel !

 

Sans nier des passages d’une intense gravité, Angélique VILLENEUVE magnifie l’itinéraire de Kate et Helen KELLER dans une plume d’une extrême sensibilité. Dans une écriture presque cinématographique, l’écrivaine brosse le portrait détaillé d’une époque, de la vie d’une famille américaine, d’un environnement naturel aussi. Il y a des descriptions de paysages tout à fait exceptionnelles avec l’éveil des sens, vous les verrez, vous les entendrez, vous les sentirez ! 

 

De cette lecture, je sors « illuminée » par la beauté des mots, et c'est loin d'être un vain mot ! 

 

Elle ne saurait, pourtant, me faire oublier l'inaccessibilité de certains publics à des supports internet. Aussi, c'est avec "La belle lumière" que je lance, sur le blog, les enregistrements vocaux de mes chroniques ! A votre bon coeur...

Mon avis sur le roman d'Angélique VILLENEUVE, "La belle lumière", sorti en librairie le 27 août 2020 

 

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2017-01-10T07:28:57+01:00

Le blog fête ses 2 ans !

Publié par Tlivres
Le blog fête ses 2 ans !

Aujourd'hui, c'est la fête !

Et oui,  T Livres ? T Arts ? a 2 ans. Il est né le 10 janvier 2015. On se souvient tous de cette période qui, malheureusement, endeuillait la France. Mais, c'était aussi une période de solidarité, de fraternité, rappelons-nous de ce grand mouvement du 11 janvier qui, dans toutes les villes du pays, a réuni des Français au nom de la Liberté.

Alors, qu'un blog, qui est un moyen d'expression, puise ses racines dans ce terreau, c'est plutôt de bon augure pour qu'il devienne grand, à condition d'arroser la plante bien sûr ! Et là, j'avoue que vous avez été au top !

Vous êtes effectivement nombreux désormais à venir jeter un oeil sur le blog, régulièrement ou ponctuellement, comme vous le souhaitez. Certaines empreintes y sont laissées, j'apprécie toujours.
 

En un an, vous avez été plus de 5000 visiteurs uniques. Et c'est plus de 8400 pages qui ont été vues. Vous êtes incroyables, un peu dingues aussi non ? Mon petit doigt me dit que vous pourriez ressembler à la mère de Cassiopée, extraite du roman de Garance MEILLON "Une famille normale". Je me trompe ?


Maman aimait beaucoup lire. Elle accumulait les livres, et elle en possédait tellement à la fin de sa vie qu'elle avait renoncé à les ranger correctement. Ils étaient empilés dans tous les sens, et ils avaient tous été lus. Ce n'était pas la bibliothèque proprette d'une érudite mais celle d'une passionnée, d'une folle, d'une femme qui n'avait pas voulu s'arrêter. P. 58

http://tlivrestarts.over-blog.com/2016/05/une-famille-normale-de-garance-meillon.html

Il faut bien le dire, quoi de plus enrichissant que de partager autour des livres, toutes ces portes ouvertes sur le monde !

Cette année, nous avons beaucoup voyagé. Nous avons visité le Burundi avec "Petit Pays" de Gaël FAYE, l'Iran avec "Désorientale" de Négar DJAVADI, la République Tchèque avec "Giboulées de soleil" de Lenka HORNAKA-CIVADE, la Tunisie avec "Ahlam" de Marc TREVIDIC.

Nous avons fait 2 pas de danse avec "De ce pas" de Caroline BROUE.

Nous avons fait un arrêt sur image sur notre société d'aujourd'hui avec "L'abandon des prétentions" de Blandine RINKEL, "Lithium" de Aurélien GOUGAUD, "Jupe et pantalon" de Julie MOULIN, "Une bouche sans personne" de Gilles MARCHAND, "A la fin le silence" de Laurence TARDIEU, "Les grandes et les petites choses" de Rachel KHAN.

Nous avons fait plusieurs sauts dans le passé en revisitant notre Histoire avec "Le carré des Allemands" de Jacques RICHARD, "De nos frères blessés" de Joseph ANDRAS. Nous sommes mêmes allés à la découverte des siècles derniers avec "L'ombre de nos nuits" de Gaëlle JOSSE, "La sonate oubliée" de Christiana MOREAU, "Ida" de Chloé CRUCHAUDET. 

La vie n'étant pas toujours un long fleuve tranquille, nous avons exploré les méandres de la maladie avec "Journal d'un vampire en pyjama" de Mathias MALZIEU, et focalisé sur la maladie mentale avec "En attendant Bojangles" de Olivier BOURDEAUT, "Branques" de Alexandra FRITZ, "Bianca" de Loulou ROBERT, "Treize" de Aurore BEGUE, "L'heure bleue" de Elsa VASSEUR.

Et parce que la vie mérite d'être croquée à pleine dents, il y a toujours le chemin de la résilience avec "Les arbres voyagent la nuit" de Aude LE CORFF. Rien n'est jamais perdu, tout reste toujours à construire...

Heureusement, dans notre aventure, nous sommes bien accompagné.e.s avec les femmes "Culottées" de Pénélope BAGIEU. Il ne nous manquait plus qu'un slogan, Véronique OVALDE plus engagée que jamais l'a trouvé : "Soyez imprudents les enfants" !

T Livres ? T Arts ? version 2016, c'est un peu tout ça, et un peu plus encore... mais là, je laisse les curieux le découvrir !

T Livres ? T Arts ? a profité de cette année pour se faire une place sur les réseaux sociaux. Il a sa page facebook bien sûr, il est visible maintenant sur Instagram, et puis encore sur Tweeter @tlivres_tarts

Il faut souligner aussi que T Livres ? T Arts ? a pris un nouvel élan en 2016 grâce à une communauté de lecteurs. Il s'agit de la formidable aventure, les 68 premières fois. Je voudrais d'ailleurs saluer les 3 fées qui agissent au quotidien pour nous permettre de lire des premiers romans de la rentrée littéraire certes, mais plus encore, de lier des relations d'amitié avec d'autres lecteurs passionnés et là, c'est un véritable vent de folie. De doux, certains sont devenus dingues, c'est dire ! 

Le blog fête ses 2 ans !

Si je viens de passer aux livres numériques, c'est bien aussi grâce à la force de conviction de quelques femmes (et oui, elles, encore !), totalement folles de littérature (elles ont besoin de 500 livres avec elles chaque fois qu'elles se déplacent, c'est dire !) qui ont su me persuader de l'utilité d'une liseuse. Et là, une nouvelle porte s'est ouverte avec Netgalley.

La frénésie est sans fin et c'est ça que j'adore !

Alors, que la vie continue, que cette nouvelle année nous permette d'enrichir nos échanges, de découvrir de petites perles littéraires et de partager nos avis, bref, on ne change rien et on se retrouve le 10 janvier 2018 pour fêter les 3 ans.

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2019-01-18T13:05:57+01:00

Suzanne de Frédéric POMMIER

Publié par Tlivres
Suzanne de Frédéric POMMIER

Équateurs littérature

Cette lecture s’inscrit dans le cadre du #grandprixdeslectriceselle2019.

Pour tout vous dire, je ne connaissais pas Suzanne ! Vous non plus d’ailleurs et c’est relativement normal. Suzanne n’est pas une femme célèbre, ce n’est pas une femme publique, mais c’est la plus grande femme au monde pour son petit-fils, Frédéric POMMIER, qui, tout au long de ce récit va nous faire découvrir sa grand-mère depuis sa plus tendre enfance jusqu’à sa vieillesse. Elle a 95 ans, elle vient d'être hospitalisée. Suzanne est née en 1922 au Havre. Elle vit son enfance au gré des projets de ses parents et puis vient l’adolescence, son amour pour Pierre, un amour plus fort que tout, un amour indéfectible, à la vie, à la mort. Elle passe son bac et se marie. Ils auront l’immense joie de donner naissance à une petite Marguerite, Jean, lui, décédera à 8 semaines pour une cause inexpliquée, leur plus grand malheur avec, comme toile de fond, la deuxième guerre mondiale. Iris, Rose et Violette viendront, comme une brassée de fleurs de printemps, égayer leur vie. Suzanne est une femme qui aime la croquer à pleines dents. Elle vit un peu comme elle conduit son bolide :


Avec, elle roule à 120 /h sur des nationales limitées à 90. Sur l’autoroute, elle fait des pointes à 150 km/h. P. 192

C’est une femme originale, libre, féministe, qui sait ce qu’elle veut et entend bien le faire savoir, à son mari, à sa famille. Elle est moderne aussi, elle joue au tennis et s’y distingue. Mais voilà, Suzanne, comme tout être humain, vieillit. A l’image de la narration faite d’alternance de chapitres dédiés à ses plus belles années et à ses séjours en structures, la vieillesse se rappelle inlassablement à Suzanne. Imaginez recevoir un bouquet de jonquilles de sa fille et ne pouvoir en changer l’eau seule, devoir vivre avec cette odeur pestilentielle que les fleurs diffusent dans la chambre avec leur pourrissement, n’est-ce pas vous renvoyer au visage vos fragilités physiques qui ne font que s’aggraver, année après année ? Progressivement, elle perd de sa superbe et de sa confiance. Quoi répondre au personnel quand il l’humilie ?


Avec « Suzanne », Frédéric POMMIER dénonce les paradoxes de notre société. Quand les personnes âgées vivent au gré de l'expression de leur corps qui leur donne une dimension profondément humaine, le système, lui, s'acharne à les déshumaniser. L’usage du simple « on » quand les agents s’adressent à Suzanne lors d'une visite m’indigne. 


On a du monde. P. 199

En me plongeant dans Le Larousse, je trouve un pronom indéfini pour : « Un être humain non précisé : quelqu’un. » ou bien encore « Des personnes dont l’identité n’est pas connue ou précise. » 

Mais dans la situation évoquée, c'est tout à fait inadapté. J’en tremble !

Autre chose, quand les personnes âgées ont tout leur temps, le personnel des structures lui ne l’a pas. Tout est fait dans l’urgence, générant un mal-être dans le personnel, frustré de ne pouvoir apporter les soins qu’il estimerait utile. L’écrivain nous renvoie en miroir une problématique que nous n'avons sans doute pas anticipé à la mesure du phénomène. Avec le papy-boom, qui n’est pas né hier, avouons-le, c’est une marée humaine du 4ème âge qui se profile sans que les services aient été calibrées à la hauteur des besoins. Bientôt, c'est presque demain, les demandes vont exploser. Auprès des institutions, auprès des familles aussi. Il y a des alternatives à la structure bien sûr, avec notamment les services de maintien à domicile, mais le cas de Suzanne vient révéler ô combien cette solution est difficile à mettre en oeuvre quand la santé se dégrade irrémédiablement.

Bien sûr, il y a le déchirement des descendants, les enfants des personnes âgées en premier lieu qui, eux, endossent, bien malgré eux, le costume d'aidant. Et puis il y a les petits-enfants qui, eux, entretiennent une relation singulière, faite exclusivement de plaisir,  avec leurs aïeux. Les grands-parents libérés de l'éducation, les petits-enfants émancipés de la réponse logistique à un besoin, trouvent un équilibre dans l'affection, la gentillesse, la bonté... 
Dans ce récit, il y a bien quelques images de l'amour du petit-fils pour sa grand-mère, mais trop peu à mon goût. Si j'ai admiré le personnage de Suzanne, éminemment romanesque, quand elle était plus jeune, je ne suis malheureusement pas tombée en empathie. Peut-être la faute à la forme narrative, plutôt journalistique. Si je m’y attendais d’une historienne, Dominique MISSIKA, pour « Les inséparables », j’aurais préféré très largement que Frédéric POMMIER use d’un autre registre littéraire, pourquoi pas celui du roman ?

Peut-être aurais-je le plaisir un jour de le rencontrer et de lui poser la question...

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2015-12-28T13:28:57+01:00

La vie est facile, ne t'inquiète pas d'Agnès MARTIN-LUGAND

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La vie est facile, ne t'inquiète pas d'Agnès MARTIN-LUGAND

Depuis quelques temps déjà, j'étais en quête du 1er roman d'Agnès MARTIN-LUGAND : "Les gens heureux lisent et boivent du café", mais impossible de mettre la main dessus en Bibliothèque, il est toujours sorti !


En passant devant le rayon nouveautés, j'ai découvert : "La vie est facile, ne t'inquiète pas", son 3ème et dernier roman. Celui-ci, il est pour moi !


Diane tient un café littéraire à Paris. Félix travaille avec elle mais il partage aussi toute sa vie. Ce n'est pas l'homme de sa vie mais un ami avec un grand A, il l'a soutenu dans tous les moments difficiles. Il faut dire que Diane sort d'un terrible drame, elle a perdu son mari, Colin, et sa petite fille, Clara, dans un accident il y a 3 ans maintenant. Après quelques mois d'une souffrance extrême, elle a décidé de tout abandonner pour s'envoler pour l'Irlande. Après un an passé dans une famille d'accueil, elle est revenue et a repris en main son café "Les gens". Elle va mieux aujourd'hui et se projette dans l'avenir. Son ami Félix la pousse à chercher un homme via les petites annonces du web. C'est finalement dans un tout autre contexte qu'elle va rencontrer Olivier, un kiné qui habite près du café, prêt à l'accompagner dans sa reconstruction et à lui laisser du temps mais Diane est envahie par ses souvenirs et les émotions sont fortes, comme le jour de cette visite d'exposition de photographies dédiées à l'Irlande...


J'ai beaucoup aimé ce roman qui, je dois bien l'avouer, m'a beaucoup fait pleurer. Il est des romans comme ça où l'empathie prend une dimension incroyable au point de fondre devant chaque émotion vécue par le personnage principal. En l'occurence, s'agissant d'une femme, d'une mère, de surcroît endeuillée, Diane devient particulièrement attachante.


Les larmes sont parfois de chagrin bien sûr, mais aussi de bonheur devant les petits pas parcourus sur le chemin de la résilience parce qu'il faut bien aborder le sujet. Effectivement, il s'agit d'un parcours que l'on pourrait qualifier d'initiatique de cette jeune femme, veuve, meurtrie, qui se construit une nouvelle vie en se libérant progressivement du poids qui l'accable. L'approche psychologique de cette femme est ô combien enrichissante sur les épreuves de la vie.


La citation de Monique BYDLOWSKI extraite du livre "Je rêve un enfant" et figurant en tout début de roman est particulièrement bien choisie :


L'aboutissement d'un deuil normal n'est en aucune façon l'oubli du disparu, mais l'aptitude à le situer à sa juste place dans une histoire achevée, l'aptitude à réinvestir pleinement les activités vivantes, les projets et les désirs qui donnent de la valeur à l'existence.

Tout y est : la relation aux parents, les doutes et faiblesses, la force de l'amitié et la quête de l'amour, autant d'éléments qui pourraient relever d'une certaine banalité, mais c'est sans compter sur le talent d'Agnès MARTIN-LUGAND qui use à souhait des sursauts d'une tristerre irrepressible pour bousculer Diane. Les sentiments sont exacerbés, les désirs fulgurants et les souffrances déchirantes. Entre la culpabilité de trahir ses chers disparus et la volonté d'avancer, son coeur balance...


J'ai aussi beaucoup aimé l'ambiance de ce roman. Agnès MARTIN-LUGAND y décrit parfaitement les charmes de Paris, cette capitale de la France qui fait tant rêver le monde entier !


Bref, j'ai passé un excellent moment de lecture.

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2018-06-07T07:05:01+02:00

Rencontre-dédicace avec Raphaël JERUSALMY chez Richer

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Rencontre-dédicace avec Raphaël JERUSALMY chez Richer

Le 26 mai dernier, dans le cadre des 40 ans de Actes sud, la librairie Richer nous avait donné rendez-vous avec un auteur très singulier.

Raphaël JERUSALMY, vous connaissez ?

Moi, non, enfin, ça c'était avant. Quand vous croisez sur votre chemin Raphaël JERUSALMY, vous vous en souvenez à vie. En parlant de vie, lui en a de nombreuses.

Fils de migrants, moitié turc moitié russe, né sur le sol français comme un prétexte à une naturalisation française, il est depuis tout petit baigné dans les livres, sa famille était spécialisée dans la reliure, de là à sa passion pour les livres anciens, il n'y a qu'un pas !

Il a suivi des cours à Normal Sup, a adhéré au mouvement punk, a servi l'armée dans des services d'espionnage notamment en Israël.

Aujourd'hui, il écrit, il collectionne les livres et propose des expositions originales comme celle actuellement visible en Belgique dans laquelle l'écrivain s'attache à marier un livre à un objet. Quand il évoque le livre saint, par exemple, il l'affuble d'une ceinture. Cet homme adore les mots et il en use sans modération.

Rencontre-dédicace avec Raphaël JERUSALMY chez Richer

Après une leçon de géopolitique, absolument passionnante, sur le conflit israelo-palestinien, nous en sommes venus aux livres, son oeuvre, quoi !

Je n'ai encore rien lu de lui mais lors de l'interview mené par Nicolas, quelques récurrences ont pu émerger, dans les personnages par exemple. Chaque fois, il invite des personnes solitaires, rebelles, il aime plus que tout confronter l'individu aux fléaux, mêler la petite à la grande Histoire.

Ses héros sont massacrés à l'envi, et puis, portés par son écriture, ils deviennent les messagers d'une philosophie profondément humaine. Cet homme aime fondamentalement l'homme, cette dimension transparaît tout au long de son intervention.

Raphaël JERUSALMY, c'est aussi l'écrivain de la démonstration par l'absurde, une véritable signature. Il explore le subversif à l'image de la gravure dans son tout dernier roman, "La rose de Saragosse".

C'est enfin, l'homme des interstices. Pour servir son dessein, Raphaël JERUSALMY aime à investiguer les périodes charnières de l'Histoire, celles qui ouvrent le champ des possibles, celles qui montrent un château de cartes écroulé dans lequel tout est à reconstruire.

Porté lui-même par l'élan de son imagination, il ne rédige pas de plan mais trouve une structuration opportune propice à son écriture à l'image d'un journal intime dans lequel les 24 heures s'imposent, tout naturellement.

Cet homme, je l'ai dit, c'est un homme des mots, et il nous en a livré une magnifique démonstration. C'est aussi un homme qui aime la musique, celle du langage, il s'attache à s'inscrire dans un certain registre pour donner à son récit sa tonalité.

Cette rencontre-dédicace a été un moment en véritable suspension, un moment coupé du monde et complètement ancré dans le monde, quelque chose d'intense qui vous fait perdre vos repères pour vous confier les codes d'une certaine forme d'écriture, un moment inoubliable.

Cet après-midi-là a été, aussi, la rencontre avec l'intagrameuse Sandra_etceatera, une petite graine semée qui sera savamment arrosée au fil de nos lectures, c'est la joie de la littérature !
 

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2019-06-10T13:00:00+02:00

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Publié par Tlivres
Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Il y a une semaine, tout juste, j'ai vécu une journée tout à fait extraordinaire grâce au #GrandPrixdesLectricesElle2019. Mon aventure de jurée touchait à sa fin et je ne soupçonnais pas encore à quelle point elle deviendrait inoubliable.

Nous étions conviées au Théâtre de l'Odéon, un lieu éminemment prestigieux, tout de rose vêtu pour l'occasion...

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Olivia de Lamberterie a introduit cet après-midi qui promettait de bien jolies surprises, à commencer par l’interview d’Amélie Nothomb, l’occasion de revenir sur son écriture, sa correspondance avec ses « fans », et puis son actualité littéraire, la publication d’un roman « renversant » : « Soif » à sortir le 21 août prochain !

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Thibault de Montalembert nous a ensuite offert la lecture d’extraits de « Lambeaux » de Charles JULIET, un moment en suspension portées par la résonance toute singulière des mots du récit autobiographique de l’auteur relatant, enfant, son rapport aux livres.

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Mais l’après-midi n’aurait pas été aussi fascinant sans la rencontre de Jacqueline DUHEME, connue pour ses illustrations de « Tistou les pouces verts ».

Recrutée par la fondatrice du magazine Elle, Hélène LAZAREFF, elle y fut grand reporter une vingtaine d’années, l’occasion de rencontrer les Premières Dames de France et des Etats-Unis dans une complicité tout à fait étonnante.

Elle fut aussi Maître d’Atelier pour l’illustre peintre, Matisse. Inspirée de ses rituels, elle a appris à ses côtés à respecter le matériel de dessin.

Elle a aussi côtoyé Jacques PREVERT, avec qui elle a entretenu une formidable relation d’amitié, avec Paul ELUARD aussi.

Une femme de 91 ans pétillante. A plusieurs reprises, elle a utilisé le terme « épatant » pour qualifier ses ami(e)s, ça vous rappelle quelqu’un, non ?

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Après des tables rondes avec les lauréats du #grandprixdeslectriceselle2019nous avons retrouvé la scène du Théâtre de l’Odéon, le temps d’une très belle photo de famille avec de nombreux lauréats des années passées, l’occasion de revenir sur

« Chanson douce » de Leïla Slimani,

« Ce que je sais de Vera Candida » de Ovaldé Véronique,

« Les déferlantes » de Claudie GALLAY,

« Les âmes grises » de Philippe Claudel,

« Un secret » de Philippe GRIMBERT,

« Journal d’un vampire en pyjama » de Mathias Malzieu, et plein d’autres encore...

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Roulement de tambour ensuite pour les lauréats du #grandprixdeslectriceselle2019, la 50ème édition ! « La vraie vie » d’Adeline Dieudonné aux Éditions de L'Iconoclaste est lauréat ex-æquo avec « Le chant des revenants » de Jesmyn WARD chez Belfond dans la catégorie « Roman ». Un grand bravo pour ce roman qui laisse un goût de je ne sais quoi en bouche quand votre coeur a repris son rythme cardiaque ordinaire !

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Un immense bravo ensuite pour Alexandria Marzano-Lesnevich pour son formidable récit « L’empreinte » publié chez Sonatine Editions mon favori dans la sélection « Document », une prouesse littéraire qui allie une histoire personnelle avec une affaire judiciaire américaine. Une écriture tout à fait remarquable digne du journalisme d’investigation avec la dimension intime comme une cerise sur le gâteau. Merci à l’auteure pour ce beau moment de partage et une dédicace à la volée dans les dernières minutes de cette soirée pleine de magie.

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Et puis le tout dernier, et non des moindres, « Né d’aucune femme » de Franck Bouysse à La Manufacture des livres lauréat du #grandprixdeslectriceselle2019 dans la catégorie « Policier », un inclassable absolument foudroyant. Un immense bravo pour ce coup de maître !

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Lundi dernier, il n’y a pas eu que les mots, et les applaudissements, qui ont résonné dans le Théâtre de l’Odéon. Les douces notes de piano de Vincent DELERM sont venues ponctuer cette soirée. Il a interprété « Le baiser Modiano », « Elle a les yeux revolver » de Marc LAVOINE, l’occasion de faire participer la salle, et puis enfin, un très joli cadeau avec une chanson jouée pour la toute première fois en public. Une très jolie respiration musicale.

Un très grand merci à toute l'équipe du Magazine Elle !

Nous avons poursuivi la soirée au Champagne, réalisé des rencontres étourdissantes, s'enivrer encore et toujours de ce que la littérature peut offrir.

Un immense 

MERCI

à toute l'équipe de Elle, Olivia de Lamberterie bien sûr, mais aussi Oriane avec qui j'ai eu un très grand plaisir à échanger. Je me sens déjà un peu orpheline, c'est normal, non ?

 

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2018-03-30T06:00:00+02:00

Une mère modèle de Pierre LINHART

Publié par Tlivres

Editions Anne Carrière


Après "Eparse" de Lisa BALAVOINE lu récemment, je renoue avec un roman familial, et là, c'est Version Femina qui m'en donne l'opportunité, qu'elle en soit remerciée !


Cette lecture s'inscrit donc dans le "Coup de coeur des lectrices" du mois d'avril.
 



Je vous dis quelques mots de l'histoire :


Florence est maître de chant à l'Opéra Bastille de Paris. Elle est mariée depuis 17 ans avec William, d'origine nigériane, qui part régulièrement en sessions auprès de la New York University. Ensemble, ils ont eu un fils, Joachim, 10 ans. Les relations mère-fils sont tendues, le père absent ne peut assurer la régulation et arrive un nouveau personnage, Moussa, d'origine sénégalaise, un copain de Joachim. Ils ont le même âge, un soir Joachim demande à sa mère si Moussa peut rentrer de l'école avec lui. Très vite, l'habitude est prise et Moussa prend toute sa place dans le foyer. Quand William rentre des Etats-Unis, il voudrait pouvoir profiter de son fils, occupé avec Moussa, et de sa femme, particulièrement attentionnée à ce nouvel enfant. Moussa devient la source des conflits familiaux. Là, se joue un tout nouveau scénario ! 


Dans ce premier roman, Pierre LINHART dresse le portrait d'une famille chahutée, comme beaucoup d'autres, par l'éloignement professionnel. Qui ne connaît pas des hommes et des femmes se répartissant, bon an mal an, la garde des enfants, non pas en version alternée dans les familles séparées mais en version obligée par le travail qui amène l'un des parents à quitter le foyer sur des périodes plus ou moins longues et des périodicités plus ou moins régulières ? Ce que vivent Florence et William est une réalité sociale contemporaine qui ne manque pas de rebattre les cartes en matière d'autorité parentale. Les nouvelles technologies ont beau être là, Skype ne remplacera jamais la présence du parent absent au quotidien.

 

Il dénonce aussi cette course effrénée que mène à égalité parfois, père et mère, ayant accédé à des postes à responsabilité. Ainsi, alors que l'un ou l'autre il y a 20, 30 ou 40 ans, sacrifiait sa vie professionnelle au profit de sa vie familiale et acceptait de suivre l'époux.se là où il.elle déménageait. Aujourd'hui, l'égalité homme/femme crée de nouveaux rapports dans les couples et il n'y a plus de raison, notamment économique, que l'un ou l'autre renonce à son propre parcours professionnel. Florence et William nous en livre une représentation sarcastique. 


Mais, avouons-le, comme la situation est relativement récente dans notre société, et bien, nous avons sous nos yeux une femme sans cesse sur le fil du rasoir, torturée par la culpabilité de négliger son enfant au profit de son métier, hantée par le faux-pas lors de ses interventions professionnelles. Le nouveau modèle qui s'offre aux femmes aujourd'hui, aux mères de surcroît, engendre des doutes, des hésitations, des tâtonnements, et puis, des prises de risques, conscientes ou irraisonnées. Florence s'offre quelques parenthèses qui lui reviennent en pleine figure, comme un boomerang, sous le regard de son mari, avec le risque que la pression, un jour, soit trop forte :


Elle était à la lisière de la folie et elle sait que ce n’est pas si différent d’un état normal. Juste une exacerbation des sens, une accélération des pensées, une déformation du jugement. P. 192

Ce roman évoque aussi le deuil avec la disparition, pendant l'enfance, d'un frère, d'une soeur. Florence et Moussa partagent ce point commun qui les lie et leur offre une complicité aux dimensions singulières, illisibles pour celles et ceux qui n'ont pas vécu un tel traumatisme. Il y a, dans l'enfant qui reste, un besoin irrépressible de ressembler à celui qui est décédé :
 


Dire qu’il faut rester soi, retrouver le soi d’avant, alors qu’on aspire à devenir l’autre, mieux que l’autre, pour combler la perte et réparer les cœurs meurtris. P. 137

Un nouveau caillou s'est glissé dans la chaussure de Florence !


La narration à la 3ème personne du singulier met le.a lecteur.rice dans la position d'observateur.rice et l'interroge sur ses propres repères, sa philosphie d'une vie à deux, son approche personnelle de l'éducation des enfants. Il questionne sur "Une mère modèle" aujourd'hui. Je vous l'accorde, la question est récurrente, mais elle permet, par effet de miroir, de nous interroger sur le père modèle, qu'en est-il ? C'est là, me semble-t-il, que réside l'originalité de ce roman, une bien belle opportunité de replacer le débat au juste niveau. 


La plume de Pierre LINHART est fluide, tendre et délicate. Elle se prête parfaitement au propos descriptif auquel l'écrivain, par ailleurs, scénariste et réalisateur, se livre. Je referme le roman avec une multitude d'images, nul doute qu'il pourrait être adapté au cinéma.
 

Ce roman concourt au Challenge de la Rentrée Littéraire organisé par le blog "Aux bouquins garnis" :

comme :

- Les guerres de mon père de Colombe SCHNECK

- Une vie minuscule de Philippe KRHAJAC

- Une longue impatience de Gaëlle JOSSE Coup de coeur

- Tristan de Clarence BOULAY

- Un funambule d'Alexandre SEURAT

- Juste une orangeade de Caroline PASCAL

- Les déraisons d'Odile d'OULTREMONT

- Pays provisoire de Fanny TONNELIER

- Une verrière sous le ciel de Lenka HORNAKOVA CIVADE

- Le cas singulier de Benjamin T. de Catherine ROLLAND

- L'Attrape-souci. de Catherine FAYE

- Bénédict.de Cécile LADJALI

- L'atelier des souvenirs.d'Anne IDOUX-THIVET

- La nuit je vole de Michèle ASTRUD

- La meilleure façon de marcher est celle du flamant rose de Diane DUCRET

- L'homme de Grand Soleil de Jacques GAUBIL

- Les rêveurs d'Isabelle Carré

- Eparse de Lisa Balavoine

- Un regard de sang de Lina Meruane

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2020-04-18T06:00:00+02:00

Quand un auteur se livre... Portrait d'Alexandre SEURAT !

Publié par Tlivres
Signature : Tina MERANDON _ http://tinamerandon.com/

Signature : Tina MERANDON _ http://tinamerandon.com/

Alexandre SEURAT, je l'ai découvert avec la lecture de "La maladroite", son premier roman, une lecture coup de poing. Et puis il y a eu "Un funambule" et plus récemment "Petit frère". 

Il y avait eu une rencontre-dédicace à la Librairie Richer  (j'en profite pour saluer toute l'équipe)

et puis nous avons partagé une soirée à la Bibliothèque Toussaint pour présenter la rentrée littéraire de septembre 2019, j'été frappée par sa bonhomie et sa joie de vivre, j'ai eu envie de les partager avec vous.

Donc, place à l'interview réalisée avant le confinement, l’occasion d’un clin d’œil au bar O P’tit Bonheur Angevin (où nous sommes restés bien au-delà de l’heure de fermeture, qu’il en soit remercié !), mais à laquelle nous avons ajouté quelques questions d'actualité ! 

 

Alexandre, avant que l'on aborde ton tout dernier roman, peux-tu nous parler de ton rapport à l'écriture ? Est-ce que tu as toujours voulu être écrivain ?

C'est une longue histoire en fait. Au collège, j'écrivais des romans de vampires. Plus jeune encore, je faisais de la BD, je dessinais sur des feuilles que je reliais moi-même et que je distribuais à la famille.

Le livre a toujours été très présent chez moi et d'ailleurs, quand je me suis lancé dans des études  de Lettres, c'était aussi avec l'idée d'écrire même si le pari est risqué. Apprendre des maîtres est intimidant ; se lancer soi-même, passer à l'acte, a pris sans doute pour moi plus de temps que pour d'autres. On ne va pas à l'aveuglette, on est lesté de références, du souvenir d'écritures très diverses et très fortes, mais il faut se détacher de son admiration, et des concepts, de la théorie qui encombre l'écriture. 

Quand écris-tu ? Est-ce qu'il y a un moment privilégié dans la journée ? la semaine ?

Généralement, le lundi, parfois le mardi aussi, parce que je ne fais pas cours ces jours-là, et puis le reste du temps, dans les interstices de ma vie professionnelle et familiale. Ce qui est certain, c'est que je ne peux pas écrire dans des lieux publics. C'est donc chez moi que j'écris avec la difficulté de m'affranchir d'internet, une première recherche en appelle une autre... alors que l'écriture, c'est une activité de concentration qui ne repose que sur toi. Il faut se détacher des sollicitations extérieures, même si elles sont aussi parfois à la source de l'envie d'écrire, comme pour "La maladroite".

Quelle est ta méthode pour écrire ?

Mes sujets partent des tripes. Ils exigent donc de prendre une certaine distance qui m'est offerte par la forme de l'écriture, la narration. L'apprentissage de la littérature, en France, est plutôt révérencieux vis-à-vis des "grands auteurs", on commente mais on n'est pas invité à produire, à s'essayer. J'ai donc appris très tard à me "décoincer" ; c'est notamment un atelier d'écriture avec François Bon qui m'a permis de me libérer. Et puis, j'ai aussi beaucoup lu d'auteurs contemporains, des auteurs vivants, qui ont désacralisé le rapport à l'écriture. Les figures canoniques se sont progressivement estompées, la mécanique était enclenchée. Ce n'est pas le chef d'oeuvre qui me motive mais bien de produire quelque chose qui soit de moi et qui génère des émotions. Participer à cet atelier d'écriture m'a permis d'entrer dans la fabrique de l'écriture, d'utiliser les outils pour en faire quelque chose.

Justement, Alexandre, j'ai comme l'impression que le roman noir est devenu ta "marque de fabrique", non ?

Ce registre, c'est en fait le sens que je donne à l'écriture ; porter des affects qui sont très puissants pour moi, assez durs, pour que l'écriture s'impose comme une nécessité. J'aimerais bien faire rire, savoir faire rire, mais ça ne vient pas. J'adore les auteurs qui sont drôles mais, pour moi, c'est dans le registre grave que ça marche.

Tout a donc commencé avec "La maladroite" ?

C'est effectivement le premier roman publié, inspiré d'une histoire vraie.

On va laisser un peu de côté "L'administrateur provisoire" (que je n'ai pas encore lu, j'avoue !). Il y a donc eu "Un funambule" et maintenant "Petit frère". Quel lien y a-t-il entre les deux ?

"Un funambule" est sans doute assez éclairé en fait par "Petit frère". Il faut dire que "Petit frère", c'est une dizaine d'années d'écriture. C'est celui qui aurait pu être publié le premier, et puis, la vie a fait que tout ne s'est pas passé comme prévu. Avec 'Petit frère', je commence à être un peu cerné par mon lecteur !

Il y a une question qui me taraude. 'Petit frère' relèverait-il d'un univers plus personnel ?

Oui, c'est vrai. Si j'ai refusé que ça soit présenté comme un récit personnel par l'éditeur, c'est parce que je n'avais pas envie d'imposer un discours, mais, ça ne me pose pas de problème de le reconnaître quand on me pose la question. 
La réalité, c'est que je n'ai pas envie de parler de mon vécu individuel. Ce n'est pas un témoignage mais bien un roman que j'ai écrit. Le contrat avec le lecteur n'est pas le même. L'écriture livre une version d'une vérité multiple. Quand la machine est lancée, l'histoire est déjà passée au filtre de la fiction. 
 

Personnellement, j'ai trouvé le ton très juste. Ce livre s'inscrit-il dans une démarche
thérapeutique ?

C'était nécessaire, pour moi, de l'écrire. Quant à le rendre public, c'était autre chose ; c'est tellement compliqué pour moi d'assumer publiquement un texte, de l'endosser ; l'écriture, elle, répond à une nécessité personnelle ; peut-être parce qu'elle permet de rappeler la mémoire de quelqu'un qui est mort, parce qu'elle tente de redonner corps au disparu. Donner une voix à quelqu'un qui ne l'a pas eue, c'est quelque chose qui est très fort pour moi. Mais l'écriture thérapie, je n'y crois pas du tout. C'est un piège. Tu rajoutes du discours sur quelque chose de compliqué, tu prolonges des émotions, parfois très sombres, et puis l'écriture et plus encore la publication génèrent des sentiments comme la honte, l'impression de trahir, la culpabilité... qui t'emberlificotent. 

Dans ce livre, il y a une forme, plutôt, de réhabilitation. J'ai eu envie de faire de cette vie chaotique un objet esthétique, quelque chose de beau, mais aussi de fidèle à la personne qu'évoque le texte.

C'est récurrent dans mes romans de partir d'un sujet qui excède la "littérature". Dans "La maladroite", c'était le sujet de la maltraitance, dans "L'administrateur provisoire", c'était la Shoah, et la spoliation des juifs. Face à ce type de sujet, l'objet livre ne fait pas le poids. Du coup, je suis obligé d'être dans un rapport éthique à l'écriture, de me demander tout le temps si le ton est juste. Je cherche à faire entrer le lecteur dans cet enjeu ; c'est aussi ça mon rapport à l'écriture. 

Mais le traitement a changé. Depuis "La maladroite", au style presque journalistique, aujourd'hui, tu nous livres un roman totalement différent, non ?

C'est vrai. Si on regarde mes quatre romans, en fait, j'ai changé de point de vue. Dans "Un funambule", le lecteur se retrouve dans la peau de celui qui est fracassé, on devine qu'il va tomber. Dans "Petit frère", on voit ce qui va se passer du point de vue du grand frère, l'angle d'attaque est différent. Mon objectif reste toujours le caractère direct des émotions, je ne cherche pas la splendeur de la phrase mais sa densité. Dans ce livre, on voit le frère qui a une vitalité débordante, qui ne trouve pas sa place mais qui est vivant. Et puis, il y a celui qui cherche à l'aider, mais qui veut sans cesse couper l'élan, qui veut le ramener dans la norme, le raisonnable, le rationnel. Le roman pousse les personnes rationnelles dans leurs propres retranchements. 

Tu nous parles de l'environnement familial ?

Le père, ce patriarche, inaccessible, représente sans doute une certaine forme de famille, bourgeoise, là où tout est convenu. Mais c'est aussi une famille atypique, enfin je l'espère, engluée dans une non-communication. 

Il y a la mère qui souffre. C'est peut-être le personnage le plus violent.

J'ai voulu dresser un portrait clinique de cette famille en s'arrêtant au seuil de l'analyse des responsabilités. Ce frère subit l'environnement et d'un autre côté, il est difficile de désigner un responsable. En aucun cas, il ne s'agit là d'un livre d'accusation.

J'ai voulu écrire sur l'impossibilité de s'aimer dans une famille, l'incapacité à se dire que l'on s'aime. Ce qui m'intéresse dans les relations familiales, c'est d'explorer comment tout ça se construit en réseau, comment la position de chacun se construit par rapport à celles des autres. Le grand frère est contraint par tout ce qu'il a autour de lui, il ne voit pas quelle issue il pourrait trouver. Parallèlement, il y a le désir de bien faire, d'être un allié pour l'autre, mais il s'apercevra qu'il n' en était pas vraiment un.

Ce roman, c'est dix ans d'écriture entre la première version et la dernière. Si la trame générale, je l'avais, ce qui restait à trouver, c'était le chemin par lequel j'allais emmener le lecteur. 

Dans l'écriture, je cherche la révélation, peut-être une catharsis. Avec le temps, j'ai opté pour une construction en deux parties, la première dédiée aux derniers moments de la vie et la deuxième plutôt au retour sur l'enfance, une remontée aux origines, à la source du malaise, peut-être, mais sans jamais réduire à une explication simple. L'exercice est difficile, d'autant que pour moi, l'écriture n'est pas différente de la vie.

Peut-être que l'objectif de l'écriture est d'immerger le lecteur dans une scène pour que le lecteur puisse la vivre avec les personnages. Le premier lecteur c'est soi. En réalité, quand tu es lecteur, parfois, une phrase te fait te déconnecter, c'est ce qui me contraint quand j'écris à reprendre, retravailler les scènes, pour atteindre l'émotion, sans en faire dévier le lecteur. 

Ecrire, ce n'est pas un voyage imaginaire, en tout cas, ce n'est pas ce genre d'émotion que je recherche, et donc, à défaut de me soigner, l'écriture me transforme.

Tu es fidèle à la Maison d'édition du Rouergue. Qu'est ce qui fait que cette relation dure dans le temps ?

Cette maison, c'est un peu comme un cocon, il y a aussi une culture graphique, de l'image, des textes assez proches du réel avec un style percutant. 

Pour certains auteurs, les séances de relecture sont douloureuses. Et toi ?

Non, en réalité, je travaille avec mon éditeur plutôt en fin d'écriture quand la matière est là. J'aime bien que les choses soient finies, je souhaite que le livre publié ressemble à ce que j'ai écrit. Et puis, les relectures avec l'éditeur sont souvent rapides, je n'en garde donc pas de mauvais souvenirs.

Le cinquième roman est en cours ?

Oui.

Avec "Petit frère", j'arrivais au bout d'un cycle, il était donc important pour moi de me renouveler. Si le sujet reste sensiblement le même, je travaille la forme différemment. Là, l'outil sera la photographie. L'idée d'un texte hybride avec des images m'est venue l'été dernier, c'est donc tout frais. Au début, j'ai choisi certains clichés que j'ai fini par abandonner. Je m'aperçois que les photos illustratives de ce qui est écrit ne sont pas celles qui sont les plus importantes, je leur préfère des photos suggestives, qui font décoller le texte, l'emmènent ailleurs. J'adore, par exemple, les photos de sculptures, elles peuvent être très impassibles et en dire beaucoup. Il y a ce décalage entre
l'émotion dite dans le texte et ce que la sculpture transmet par le corps. J'utilise la fragmentation du texte pour renforcer la mise à distance.

Quel sera le sujet de ce roman ?

La séparation.

Je sais que tu aimes beaucoup lire aussi. De qui lis-tu en ce moment ?

Dylan Thomas, un poète gallois, dont la lecture peut faire penser à Rimbaud ou Mallarmé. Un peu obscur... (rire).

J'aime beaucoup aussi Jacques Josse, un poète breton qui écrit sur des personnages cabossés !

Pour aborder des sujets graves, j'ai besoin de passer par la poésie.

Et ton dernier coup de coeur ?

"Intervalle de Loire" de Michel Julien, c'est un récit. Il est parti avec deux amis faire la descente de La Loire mais ça n'a rien à voir avec un roman d'aventure. Ce livre, c'est plutôt une expérience sensorielle. Par exemple, il nous parle de ramer à l'envers et de ce que ça produit. Il nous apprend à regarder les paysages de cette manière. Michel Julien décrit les bruits aussi. Alors que l'on pourrait s'imaginer un endroit paisible, silencieux, il n'en est rien. Il y a les épouvantails sonores, l'usine qu'il longe, les chiens... c'est très étonnant en réalité.

Alexandre, entre le moment où nous nous sommes rencontrés et la publication de l'interview, c'est un peu comme si le ciel nous était tombé sur la tête. Comment vas-tu ? toi et ta famille ?

J'ai vécu les premiers jours dans la stupéfaction, comme beaucoup j'imagine ; je n'avais pas vu venir la fermeture des écoles, puis le confinement généralisé. J'étais effaré (et je dois avouer, un peu terrifié à l'idée d'une cohabitation continue avec mes deux gars de 6 et 8 ans, bien dynamiques, à qui il allait falloir faire "l'école à la maison". Nous avons pris le rythme. Les enfants souffrent un peu de l'enfermement et nous le font sentir, mais sur le plan de la santé, tout va bien. Nous applaudissons souvent le soir à 20h... Et souvent, nous vivons en famille des moments vraiment privilégiés ; c'est paradoxal à dire, parce qu'à côté de ça, je suis terrifié de lire la situation dans certains Ehpad, ce qu'ont vécu les hôpitaux en Italie. Je traverse les émotions que vivent beaucoup de gens, je pense.

Comment tes journées de confinement se passent-elles ?

Nous tâchons de nous partager les demi-journées auprès des enfants, ma femme et moi ; elle est responsable du service médico-social d'un ESAT, donc beaucoup d'urgences à traiter plus ou moins à distance, on n'imagine pas le chaos que c'est, cet isolement, pour des personnes handicapées dont l'insertion passe par le travail. Je dois faire mes cours en visio-conférence, avec cette frustration de perdre ce qui fait l'essentiel de mon métier, le rapport aux étudiants, la relation vécue. Sinon, quel boulot "l'école à la maison" ! Je suis très admiratif des instits de mes fils, qui nous alimentent en supports, et qui réussissent en temps normal à surmonter l'impatience qui souvent me submerge. Je tente d'écrire un peu sur le temps qui reste.

Est-ce que cette période perturbe l'écriture de ton roman en cours ?

Oui, tout est perturbé! Je suis très poreux à tout ce qui s'écrit dans les journaux. En même temps, c'est très étrange, ce repli autarcique sur la cellule familiale ; il fait beau dehors, on est coupé du monde, et quand on va sur internet, c'est une avalanche d'informations anxiogènes.

Quand un auteur se livre... Portrait d'Alexandre SEURAT !

Je dois dire que j'ai été assez heurté par les invitations qu'on a pu entendre au début un peu partout (dans le 2e discours présidentiel, et à la radio, ailleurs): "lisez, retrouvez le sens des choses, profitez-en pour méditer, apprendre [au choix] la cuisine, les langues, réinventer [au choix] votre sexualité, votre rapport à la consommation, etc." Toujours cette injonction au bonheur venant de privilégiés, alors même que c"est un cataclysme pour les plus fragiles. Quel avenir pour beaucoup de librairies à l'équilibre précaire ? J'ai des amis qui venaient d'ouvrir un bar en s’endettant, comment vont-ils s'en sortir ? Je pense aux intermittents dont les engagements sont tombés, de semaine en semaine... Je rêve moi aussi que le monde qui sortira de cette crise soit plus respectueux de l'environnement, entièrement neuf, mais en attendant, quel chaos.

Est-ce qu'elle t'inspire ? 

Je suis le nez dans le guidon, je ne sais pas encore, je copie-colle les articles qui me fascinent dans un fichier. L'épidémie est un sujet qui me taraude depuis longtemps, elle correspond bien à mon sens des choses, sur le mode tragique. J'avais même écrit un texte sur la Peste noire il y a quinze ans, repris récemment, mais resté inabouti. Je m'aperçois que la réalité dépasse de loin toute mes capacités à me projeter ; je ferais un très mauvais auteur de science-fiction. Mais qu'écrire d'original et de très personnel sur ce que nous traversons tous ? Certains éditeurs affichent d'emblée la couleur, "les manuscrits corona-centrés ne passeront pas par moi", ai-je lu. Mais d'un autre côté, pourquoi censurer d'emblée ce qui peut naître de ce bouleversement radical ?

Merci infiniment Alexandre, et pour les réponses aux questions posées, et pour ton sourire, ton rire aussi. J'ai'passé un très agréable moment avec toi. 

Avant de se quitter, je souhaiterais que l'on évoque cette confidence. Tu m'as dit être passé sur l'opération les #Artsaucouvent et avoir adoré les travaux d'Adie BERNIER. On en profite pour lui faire un petit d'oeil. Quand je dis qu'il n'y a pas de hasard dans la vie !!!

Merci à toi Annie ! Superbe interview, et très jolis moments passés autour d'un thé, dans
cette écoute bienveillante, et à reprendre mes réponses pour les affiner. A très bientôt !

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2021-04-17T06:00:00+02:00

Les monstres de Charles ROUX

Publié par Tlivres
Les monstres de Charles ROUX

Les éditions Rivage

Les romans des 68, ils arrivent par la poste ou bien circulent « sous le manteau » entre angevin.e.s averti.e.s. Je ne connais rien de leurs sujets, ni des auteurs.rices qui les ont écrits (quoi de plus normal quand il s’agit de promo-romancier.e.s !). J’aime laisser les fées faire leur choix dans la rentrée littéraire et m’offrir le plaisir de marcher dans leurs pas.

Je ne lis pas non plus les 4èmes de couvertures depuis 2, 3, peut-être 4 années. Si avec « Les monstres » de Charles ROUX, j’avais décidé de faire une exception, my god, quel sacrilège !

Ce roman, si vous ne l’avez pas encore lu, d’abord, réjouissez-vous. Et puis, dites-vous que le jeu en vaut la chandelle.

Pour celles et ceux qui me connaissent (bien), vous vous dites que cette chronique ne me ressemble pas, que je tourne autour du pot (et quel pot ? Le chaudron d’une sorcière peut-être... qui sait ?) et vous avez sacrément raison. 

Je me la joue un peu à la Charles ROUX... mais la différence entre lui et moi, c’est que lui a du talent ! Avec presque rien, il vous dit presque tout ! Je sors de plus de 600 pages dont je me suis délectée. Ce roman, c’est une prouesse littéraire. Donc...

Je vous présente David, un homme, un mari, un père de famille, un businessman à qui tout réussit. Il vit dans le luxe, il brille, il rayonne. Il s’offre des orgies la nuit, fume, boit, se drogue et trompe sa femme, bref, il brûle la chandelle par les deux bouts, au risque de se brûler les doigts ! Et puis, il y a Alice, une femme ordinaire, célibataire endurcie, professeure d’histoire, qui mène une vie fade, sans excès, sans fioriture. Elle craint la nuit plus que tout. Au coucher du soleil, elle baisse les volets et ferme les rideaux. Elle vit recluse. Tout juste si elle s’offre une petite fantaisie, celle d’essayer de donner corps à une boule d’argile. Ses premières créations sont ramassées dans une boîte. Alice l’avoue, elle n’a pas de talent. Et pourtant... Enfin, il y a Dominique, un homme le jour, une femme la nuit. Dominique joue avec les codes, les apparences. La réussite est venue à lui, il est aujourd’hui propriétaire d’un cabinet de curiosités, il est à la tête de tout un tas de collections aussi hétéroclites qu’extravagantes. Il gère un restaurant d’une douzaine de couverts. Allez, à table !

Charles ROUX nous a cuisiné un festin.

En amuse-bouche, le jeu de l’écriture.  L’écrivain, par un stratagème tout à fait EXTRAordinaire et un peu de poudre de Perlimpinpin, va rebattre l’ensemble des cartes. Je ne vous en dis pas plus sauf que les petits fours sont succulents.

En entrée, Les personnages. J’y reviens. Charles ROUX en fait une approche psychologique ciselée. Si l’écrivain en écrit des pages sur ce qui fait d’eux ce qu’ils sont, tels qu’ils s’affichent aux autres, vous comprendrez qu’il prenne un temps insoupçonné à gratter le vernis d’un tableau trop bien brossé jusqu’à le faire craqueler. Là, plus rien ne peut lui résister. J’ai adoré.

Pour le plat de résistance (qui porte très bien son nom !), le jeu de la narration. Il est, lui aussi, époustouflant. Je ne vous ai pas tout dit. Il y a un personnage supplémentaire, une petite voix qui tutoie David, vouvoie Alice, et prend de la distance vis-à-vis de Dominique. Le travesti, elle regarde son jeu et le relate, pour en faire... un roman ! Loin de me désarçonner, ce plat, je l’ai savouré.

 

Pour le plateau de fromage, Charles ROUX a vu grand avec « Les monstres ». Il y en a pour tous les goûts : le golem, le zombie, le wendigo, la sorcière, le démon... bref, vous aurez le choix !
 
En dessert, le café est gourmand avec une grande diversité de desserts en version mignardises. 


J’ai beaucoup aimé le rapport au temps, nos souvenirs, notre mémoire...


Les atmosphères, hein, pas les moindres détails bien sûr, car ces fils qui te relient à un passé lointain se sont emmêlés. Trop nombreux, trop semblables, trop abimés, ils se sont mués en une boule impossible à détricoter. P. 284

et la longue réflexion autour de l’avenir des cabinets de curiosités, ces témoins de temps révolus. La page 121 (notamment) est remarquable. On pourrait élargir le sujet aux musées, bref, à tout ce qui raconte notre Histoire. À une autre échelle, il y a ce rapport qu'entretient l'individu au matériel. Les objets, les vêtements, les meubles de décoration... Charles ROUX nous offre de quoi méditer sur les reliques de nos petites histoires.

"Les monstres", c'est un roman social pour ce qu’il dit de notre monde moderne, un univers de la banque axé exclusivement sur les objectifs, l’occasion de pressuriser ses salariés sans modération, le monde de l’enseignement dans lequel des hommes et des femmes arrivent par défaut comme la voie royale de celles et ceux qui ont fait des études universitaires sans orientation claire. Il y a aussi la révélation de la solitude dans laquelle vivent beaucoup aujourd’hui, en particulier dans la capitale, là où l’urbanisme confine ses habitants dans quelques mètres carrés seulement, là où les transports circulent dans des galeries souterraines...

Le sujet des transgenres est aussi abordé à travers le portrait de Dominique. Derrière le cliché des paillettes et de la scène, d’autres réalités se cachent, celles de la vie quotidienne, de son identité, mais aussi des sujets éthiques autour de la mutation biologique.

Plus globalement, "Les monstres" est un roman qui interroge notre rapport à la norme. Il nous propose de faire le pas de côté. C’est de la magie, du surnaturel, appelez ça comme vous voulez, mais moi, j’ai succombé.

Et puis, l'écrivain explore le mensonge et là, l'approche est remarquable.

Le repas aurait pu être horrible comme on suppose que « Les monstres » le soient, il est en réalité profondément jubilatoire. C’est un hymne à l’authenticité, sa vraie personnalité, son « moi », c’est une ode à la liberté, une invitation à s’émanciper de nos enveloppes, nos apparences, pour, plus que vivre, EXISTER.

Dans une plume foisonnante, Charles ROUX invite ses personnages à porter leurs plus beaux habits. Il nous offre, à nous, un repas fastueux. 

Pour terminer en beauté, place au bal des 68. Pour la 11ème danse, un petit morceau de rap, ça vous dit ?

Retrouvez les autres romans de cette sélection 2021 :

"Le sanctuaire" de Laurine ROUX"

"Over the rainbow" de Constance JOLY

"Avant le jour" de Madeline ROTH

"Il est juste que les forts soient frappés" de Thibault BERARD

"Les orageuses" de Marcia BURNIER

"Ce qu'il faut de nuit" de Laurent PETITMANGIN

"Nos corps étrangers" de Carine JOAQUIM

"Avant elleJohanna KRAWCZYK

"Tant qu'il reste des îles" de Martin DUMONT

"Les coeurs inquiets" de Lucie PAYE

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2015-02-11T08:00:37+01:00

Amala DIANOR interprète Man Rec au THV

Publié par

Man Rec, ça veut dire "seulement moi" dans la langue du Sénégal dont est originaire Amala DIANOR, normal pour un solo, non ?


En fait, ça va beaucoupo plus loin que ça !


Amala DIANOR interprète ce solo qu'il a lui-même chorégraphié. C'est donc seulement lui qui est à l'origine de ce solo dont il assure une représentation, seul, avec talent.


Dès les premières notes de musique, dès les premiers mouvements, j'ai été sensible à sa sensualité, son rythme, son expression corporelle.


Je me suis délectée.


Et comme j'aime partager mes découvertes, vous pouvez visionner cette vidéo pour vous donner une petite idée...

 

Alors ? Vous aimez ?


Il ne vous reste plus qu'à le trouver près de chez vous...

 

 

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2018-04-06T07:00:01+02:00

Celui qui disait non d'Adeline BALDACCHINO

Publié par Tlivres
Celui qui disait non d'Adeline BALDACCHINO

Quand la littérature assure le devoir de mémoire de l'acte de résistance d'un homme et restaure l'honneur de toute une famille, c'est le message que porte "Celui qui disait non", le premier roman d'Adeline Baldacchino publé chez Fayard.

Bravo aux fées des 68 premières fois pour cette sélection dans la #RL2018 😉 

C'est ma #Vendredilecture 😍

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2017-12-06T07:34:02+01:00

Un paquebot dans les arbres de Valentine GOBY, coup de coeur !

Publié par Tlivres

Pour ce 6ème jour de décembre, j'ai retenu un roman de Valentine GOBY, "Un paquebot dans les arbres", un roman historique qui aborde une page méconnue, celle du sanatorium d'Aincourt. Comme j'ai aimé partager le temps d'une lecture l'itinéraire de la famille Blanc...

 

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2017-12-16T08:00:00+01:00

Désorientale de Négar DJAVADI, coup de coeur !

Publié par Tlivres

Ce 1er roman, je l'ai découvert une nouvelle fois grâce aux 68 Premières fois, coup de coeur !

Désorientale va vous transporter dans le temps et dans l'espace. Il retrace l'histoire d'un pays, l'Iran, depuis la révolution à la fin des années 1970. C'est l'histoire aussi d'une famille exilée.

Il est d'une densité incroyable, ce roman est à lire absolument.

 

 

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