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2019-02-22T07:00:00+01:00

Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Publié par Tlivres
Maîtres et esclaves de Paul GREVEILLAC

Gallimard

Dans la sélection du #GrandPrixdesLectricesElle2019, place à un roman historique foisonnant avec "Maîtres et esclaves".

Xi Yan porte une palanche avec des seaux de grain. Elle est en fin de grossesse et la naissance du bébé est imminente. La violence de la douleur lui coupe la respiration. Elle s'écroule par terre, tétanisée par les pas des soldats qui arrivent. Ils la repèrent et s'approchent. Ils décident d'aller prévenir son mari pour qu'il la soutienne. Tian Yongmin est un paysan, pauvre, il est peintre à ses heures. C'est la risée du village avec son oisiveté de lettrés. Avec sa femme, ils vivent dans le Sichuan, au pied de l'Himalaya. Le bébé est un garçon du signe du Tigre. Ses parents l'appelleront Kewei. Nous sommes en 1950 en pleine collectivisation, le peuple est affamé, c'est la misère. Comme le veut la tradition, un banquet de naissance est pourtant organisé. Le Chef du parti prend place parmi les amis. Tian Yongmin ne cache pas sa position à l'égard du régime en place, plongeant l'assistance dans un silence assourdissant. A un an, et bien que l'ordre ait été donné de cacher tous les pinceaux, Kewei réussit toutefois à prendre un morceau de bois pour en faire un crayon de fortune. La malédiction touche la famille. Kewei grandira tout comme sa passion pour la peinture, c'est avec son entrée aux Beaux Arts de Pékin que sa vie basculera !
Ce roman compose une grande fresque historique des années 1950 jusqu'à aujourd'hui. 

L'écrivain prend appui sur un personnage de fiction, un peintre né dans une famille pauvre, pour aborder la grande Histoire de la Chine. 

Il s'ouvre sur une scène absolument magistrale. Dès les premières lignes, j'ai été captivée par le destin de cette famille. Mon intérêt s'est quelque peu émoussé avec les descriptions de scènes de la vie courante composées de mille et un détails. Au crédit de Paul GREVEILLAC toutefois, le lecteur est baigné dans un univers dont toutes les composantes lui sont contées. L'auteur s'attache à décrire les traditions, la manière qu'a la famille de s'y soumettre. J'ai beaucoup aimé lire les passages sur la place des femmes. 

Et puis, l'auteur aborde l'art dans un régime totalitaire. Il donne à voir la manipulation des oeuvres, leur instrumentalisation par le pouvoir. Kewei travaillera pour le Grand Timonier, de quoi nous faire rêver de liberté artistique, d'émancipation. Nous en sommes à cent mille lieues.

Avec l'âge, Kewei évolue, pas aussi vite que le régime toutefois. Passé d'esclave à maître, de pauvre à riche, l'homme montre ses limites dans sa capacité d'adaptation. Là aussi, les réflexions vont bon train. Les régimes dictatoriaux marquent-ils à jamais l'esprit des hommes de leur empreinte idéologique ? A maintes reprises, j'aurais aimé qu'il prenne une autre voie mais non, Kewei est tout à son parti, enfin, celui d'hier, pour lequel il continue de travailler comme si rien n'avait changé. Le personnage est impressionnant dans ce qu'il a de plus pervers et laisse en bouche une saveur douce amère. 

Ce livre est une épopée éminemment romanesque. Paul GREVEILLAC, dont je découvre la plume, a ce talent de donner à des personnages suffisamment d'étoffe pour qu'on aime à les suivre sur plusieurs générations. Avec une petite centaine de pages en moins, toutefois, je crois qu'il aurait été parfait.

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commentaires

K
Je vais le lire... un jour... il est dans ma liseuse... mais il est un peu gros.
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T
Heureusement, en liseuse, tu ne subiras pas le poids !!!

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