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2018-08-29T06:00:00+02:00

Quand Dieu boxait en amateur de Guy BOLEY

Publié par Tlivres
Quand Dieu boxait en amateur de Guy BOLEY

Grasset

 

L’écriture de Guy BOLEY, je l’ai découverte avec les 68 Premières fois lors de la sortie de son premier roman « Fils du feu », J’avais été très sensible à la beauté de la plume, de celles riches et soutenues qui nous réconcilient avec un français d’antan et nous séduisent pour l’odyssée littéraire qu’elles nous offrent. C’est avec un plaisir non dissimulé que je l’ai retrouvée, « Quand Dieu boxait en amateur » sort aujourd’hui en librairie.

Ce roman rend un vibrant hommage au père de l’écrivain, un homme né dans les années 1920 et qui était forgeron. L’homme n’a pas connu son père, décédé d’un accident alors que sa femme était enceinte. Elevé par sa mère, une femme qui faisait le ménage chez les bourgeois du centre-ville, il n’a connu que le travail. Apprenti forgeron, il était pourtant fasciné par les mots, passionné des livres comme son ami Pierrot, mais il devait se cacher de sa mère pour lire quelques pages. Cette activité était inutile. Un brin perturbée par le physique efféminé de son fils, la mère l’inscrivit aux cours de boxe, le sport du « populo », il deviendra un homme, et pas des moindres, puisqu’il s’y donnera à corps perdu jusqu’au sacre de Champion de France de boxe amateur. Son ami Pierrot, lui, a choisi la voie de Dieu, il prend en main la troupe théâtrale diocésaine. C’est là que leurs destins vont de nouveau se croiser !

Dans « Fils du feu », Guy BOLEY s’était inspiré de quelques éléments de sa vie personnelle pour ensuite laisser libre cours à son imagination. Là, son père devient, sous sa plume, un personnage de roman. Dans un récit biographique, il lui rend un brillant hommage.

On retrouve ainsi le milieu de la forge, du travail manuel, artisanal, l’ambiance chaleureuse et lumineuse au petit matin quand les premiers tisons rougeoient et que les étincelles scintillent. Le forgeron est un ouvrier qui travaille le métal à la force du poignet. Les descriptions de cet univers professionnel rendent compte du travail physique, de la douleur et de la sueur qu’il engendre. Par tous les temps, qu’il neige ou qu’il fasse soleil, l’homme donne de son corps pour créer. L’écrivain assure la mémoire d’un métier qui a aujourd’hui quasiment disparu pour lequel, outre la force, la maîtrise du geste et le savoir-faire sont incontournables.

J’ai été personnellement touchée par le parcours initiatique de l’homme, depuis sa plus tendre enfance, enfin, de tendre il y a peu en réalité.


On ne choisit pas son enfance, on s’acclimate aux pièces du puzzle, on bricole son destin avec les outils qu’on a sous la main [...]. P 43

L’époque et le milieu social voulaient ça. Nous étions entre les deux guerres, plongés dans un monde d’ouvriers, des taiseux. Le père de l’écrivain, passionné de littérature qu’il était, s’isolait avec son ami Pierrot. Il meublait les silences par les mots découverts dans son dictionnaire, le Larousse illustré. Tous deux, ils aimaient se raconter des histoires. Alors, de là à imaginer des opérettes une fois adulte, il n’y a qu’un pas. Guy BOLEY a été, lui, élevé dans une famille sensible à l’art, ses parents aimaient se laisser porter par la création et s’offrir le temps d’une soirée, un spectacle où la musique et le théâtre trouvaient toute leur place.

Ce roman est d’une infinie sensibilité. La plume y est touchante, empreinte de beaucoup d’amour et profondément humaine. J’y ai repéré une phrase qui lui donne tout son sens, je crois :


Toujours on sous-estime les gens qu’on aime trop, ou ceux qu’on aurait dû aimer encore bien davantage. P. 31

Par le jeu de l’écriture, Guy BOLEY rattrape un peu du temps perdu et offre à son père le portrait d’un homme brossé en trois dimensions, je vous le conseille absolument.

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commentaires

S
C’est le seul roman de la rentrée que j’aI lu. Je l’ai terminé hier. L’ecriture est magnifique, l’hommâge au père sublime mais je n’ai pas réussi à vibrer, à rentrer dedans au point d’en faire un coup de cœur. Je ne sais pas pourquoi.
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T
Je crois effectivement que c'est la grande force de Guy BOLEY, une plume absolument sublime. Ce n'est pas pour autant un coup de coeur, nous sommes d'accord, mais un roman *****.

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