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2016-08-12T12:13:07+02:00

Ahlam de Marc TREVIDIC

Publié par Tlivres
Ahlam de Marc TREVIDIC

Ce roman fait partie de la sélection des 68 premières fois

En route pour la Tunisie ! Fahrat et Nora forment un jeune couple tunisien. Lui est pêcheur, elle est professeure de français. De ce mariage d’amour naissent 2 enfants : Issam un garçon et Ahlam une fille. Paul Arezzo, lui, est un peintre français à succès. Il vit un chagrin d’amour et souffre d’un manque d’inspiration. Il avait séjourné en Tunisie à l’âge de 9 ans, il décide d’y revenir pour retrouver la voie de la création. Il s’installe dans un hôtel de Kerkennah. Après quelques semaines, la lente réappropriation de son art est engagée. Il se met à peindre tous les paysages de la région et décide de varier les approches en regardant la ville à partir de la mer. Il s’oriente vers Fahrat à qui il demande de l’embarquer. Fahrat accepte, une relation d’amitié s’instaure rapidement avec toute la famille qui bientôt va sombrer dans le déchirement avec la mort de Nora suite à une leucémie fulgurante. Paul, qui a accompagné Nora en France pour y recevoir les meilleurs traitements possibles et en l’absence de visas pour mari et enfants, se sent investi d’une toute nouvelle responsabilité à l’égard de la famille de Fahrat. Il décide de s’installer définitivement en Tunisie et de prendre en charge l’éducation artistique des 2 enfants chez qui il repère du talent, chez Issam pour la peinture et chez Ahlam pour la musique. Les enfants grandissent et se retrouvent au coeur de la révolution culturelle tunisienne, pour le meilleur et pour le pire.

Ce roman, je l’ai abordé par la voie artistique. Il faut dire que j’avais été conditionnée par ce que j’avais pu entendre lors d’un Café Littéraire et c’est d’ailleurs ce qui transparaît dans les quelques lignes de présentation que je viens de rédiger.

Marc TREVIDIC, connu pour être un juge anti-terroriste, est un fin connaisseur en matière d’art. J’ai pris beaucoup de plaisir à me laisser porter par son écriture pour accompagner le peintre dans sa reconquête de l’art et les 2 enfants dans leur apprentissage. L’auteur aurait pu choisir de se focaliser sur une discipline mais cela aurait été sans doute trop simple. Il explore donc, et il le fait subtilement, le mariage audacieux des 2 disciplines artistiques, la musique et la peinture. Tout au long du roman, ce duo constitue un fil rouge autour duquel les personnages gravitent, par 2 et en alternance, sans jamais perdre son lecteur.

C’est là sans doute le 1er indice d’un parcours de grand écrivain promis à Marc TREVIDIC. Le 2ème concerne son approche des mots et là, j’avoue m’être laissée séduire par plusieurs passages que j’ai trouvés très beaux :


Les mots avaient leur poésie, leur couleur et leur musique. [...] Des mots magiques, des mots en rythme, des mots colorés, des mots sombres, des blancs, des silences, des temps, des reprises, des souffles, des nuances, des chuchotements. P. 71

Mais, et il y a un mais, ce roman c’est aussi la jeunesse chahutée de 2 tunisiens, garçon et fille, et puis une révolution culturelle de tout un pays avec le printemps arabe.

Nous sommes au coeur de l’histoire contemporaine, retracée depuis les années 2000, avec quelque chose qui ressemble cruellement aux attentats qui frappent la France depuis janvier 2015. Marc TREVIDIC aurait pu glisser quelques éléments de connaissance sur le sujet pour construire son roman, mais en réalité, il s’est comporté, je pense, comme un expert qui relate chronologiquement les événements avec une rigueur telle que j’ai cru parcourir un temps un article journalistique. J’ai dû me faire violence, sans jeu de mot aucun, pour passer ce cap et terminer ma lecture. Sur le fond, je pense que je n’étais pas disposée à lire sur le sujet, notre vie aujourd’hui est malheureusement rythmée par les événements terroristes et les actualités en boucle ne cessent de relate des faits toujours plus macabres. Et sur la forme, ce mélange des genres littéraires me perturbe et me déplaît. En réalité, le sujet est vraiment traité dans le 2ème tiers du livre.

Mais, à bien y réfléchir, ce roman est lauréat du Prix 2016 Maison de la Presse. Je ne dois donc pas être la seule à le penser !

Un mot sur le parcours de ces 2 jeunes qui chacun tente de trouver ses repères. A la lecture de ce roman, on se rend vraiment compte du lien entre les fragilités de chacun, ses émotions, et sa prise de position sur des sujets d’ordre politique. La jeune fille suit la voie de sa maman dans l’émancipation des femmes et les revendications au titre des droits des femmes. Le garçon, à l’image de l’actualité, va suivre le chemin de la radicalisation et se rapprocher des jihadistes pour trouver la sienne. Marc TREVIDIC décrit parfaitement le processus du jeune qui progressivement choisit de rompre avec son environnement familial pour devenir ce qu’il appelle une machine :


La machine qui parlait n’avait pas d’émotions ou les cachait soigneusement. P. 170

Heureusement que je suis allée jusqu’à la dernière ligne avec une chute très bien menée qui me permet de garder un avis plutôt bienveillant à l’égard de ce 1er roman axé sur la fascination :


[…] Issam m’a parlé de l’amour de la peinture que tu lui avais transmis. Il m’a dit exactement la même chose. Il m’a parlé du nom des couleurs et de la fascination que ces mots provoquaient en lui, des images éblouissantes qu’elles faisaient naître. Crois-tu que la religion soit parvenue à le fasciner davantage ? P. 277

Je crois que je vais attendre avec impatience le 2ème de Marc TREVIDIC.

En attendant, et puisque l’opportunité de calendrier m’enest donnée, si vous êtes sur Paris et que l’art en Tunisie vous intéresse, rendez-vous à L’Institut des Cultures d’Islam pour voir l’exposition Effervescence qui se termine le 14 août prochain et qui donne à voir "le contexte de mutation et de maturation que traverse actuellement la Tunisie."

Ahlam de Marc TREVIDIC

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